L’excédent mondial de cacao revu à la hausse par l’ICCO
Les nouvelles estimations de l'Organisation internationale du cacao (ICCO), publiées hier, ne sont pas de nature à redynamiser les cours mondiaux du cacao ! Par rapport à ses prévisions de début d'année, les volumes de production sont revus en hausse de 140 000 tonnes (t), à 4 692 000 t pour la campagne 2016/17. Si cela se confirme dans les faits, ce serait un record ! La hausse de production par rapport à la campagne 2015/16 serait de 720 000 t ou encore de 18%.
Une révision à la hausse liée étroitement aux arrivages très abondants aux ports ivoiriens et ghanéens. Finalement, rappelle Agrimoney, l'invasion de chenilles, impactant la production de fèves au Ghana ne serait plus guère d'actualité, selon les autorités ghanéennes, ce qui a conduit à revoir à la hausse de 100 000 t les estimations de production du n°2 mondial qui pourrait atteindre les 950 000 t. Le rêve d'être au million de tonnes semble plus que jamais à portée de main, pesant d'autant sur le marché mondial du cacao.
La mainmise de l'Afrique inquiète
Les estimations de l'ICCO pour la Côte d'Ivoire n'ont été relevées que de 80 000 t par rapport aux prévisions publiées en janvier, mais le n°1 mondial atteindrait 1,9 million de tonnes (Mt), un record absolu ! Ceci dit, la récolte intermédiaire, qui a démarré le 1er avril, serait décevante.
Une campagne 2016/17 qui confirmerait la prépondérance absolue de l'Afrique sur l'approvisionnement mondial en fèves, sa part devant grimper de 2%, à 75%. En outre, les broyages en Côte d'Ivoire augmentent nettement cette campagne, à 301 000 t entre le 1er octobre et fin avril contre 272 000 t sur la même période a campagne dernière. Sur le seul mois d'avril, ces broyages ont été de 42 000 t contre 32 000 t en avril 2016. Une mainmise africaine qui inquiète…. et les récentes tensions militaro-politiques en Côte d'Ivoire ne sont pas de nature à apaiser.
A noter qu'au 28 mai, la Côte d'Ivoire avait déjà vendu par anticipation 940 000 t de la campagne à venir 2017/18, voulant atteindre les 1,2 Mt d'ici fin septembre, soit juste avant le démarrage de la nouvelle campagne et la fixation du nouveau prix garanti pour la campagne principale 2017/18, selon des sources interrogées par Reuters. Des volumes, visiblement, supérieurs à ce à quoi s'attendait le marché.
Ces 940 000 t comprendraient des volumes que le CCC aurait vendu directement à des clients plutôt qu'à des exportateurs agissant comme intermédiaires. Ces volumes vendus directement par le CCC passeraient de 220 000 à 300 000 t la campagne prochaine, le CCC ayant réduit l'accès aux enchères à nombre d'exportateurs nationaux qui ont fait défaut ces derniers mois (lire nos informations).
Jusqu'à maintenant, le Conseil du café-cacao (CCC) aurait obtenu un prix moyen de FCFA 1 330 ($ 2,27) le kilo, la prime pour le cacao ivoirien étant d'environ £ 30 à 50 sur la cotation du marché à terme de Londres.
Une consommation léthargique qui gonfle les stocks
Face à cela, les chiffres de consommation ne sont relevés que de 21 000 t par rapport aux estimations de janvier, à 4 263 000 t. L'excédent se creuse donc, à 382 000 t alors qu'il était prévu de l'ordre de 264 000 t en janvier. Rappelons qu'en 2015/16, on était en déficit de 197 000 t.
Par rapport à 2015/16, la campagne actuelle, qui s'achève fin septembre, devrait enregistrer une hausse de 18% de sa production alors que sa consommation ne progresserait que de 3,2%.
Les stocks de fin de campagne sont maintenant estimés atteindre 1 782 000 t, en hausse de 17 000 t par rapport aux prévisions émises en janvier, et de 382 000 t supérieurs aux stocks de fin de campagne 2015/16. Le ratio stocks/broyages grimperait ainsi à 41,8% contre 33,9% la campagne dernière.
La surabondance de fèves, mais aussi la faiblesse de la dynamique de la demande devraient peser lourdement sur les prix et donc le planteur.
