La campagne cacao 2020/21 s’ouvre, belle, avec de bons prix, mais quid du politique ?

 La campagne cacao 2020/21 s’ouvre, belle, avec de bons prix,  mais quid du politique ?
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C’est la Journée mondiale du café et du cacao. Et en Côte d’Ivoire et au Ghana, c’est le démarrage de la campagne cacaoyère 2020/21. Les deux pays voisins représentent, rappelons-le, environ  65% de l’offre mondiale de fèves.

Fruit d’une politique commune, les deux pays ont considérablement augmenté le prix minimum garanti au planteur pour cette saison : en Côte d’Ivoire la hausse est de plus de 21% par rapport à la campagne précédente, à FCFA 1 000 le kilo, et le Ghana de quelque 28% à 8,24 cedis le kilo (FCFA 797 au taux d’aujourd’hui). En outre, les cours internationaux ont bien remonté. Ceci dit, la campagne s’ouvre surtout dans une grande incertitude politique à l’approche des élections présidentielles ivoiriennes  le 31 octobre, ce qui a récemment fait grimper le cours du cacao à Londres à son plus haut en six mois.

La campagne s’annonce belle en volume

Une campagne qui, en termes de volumes, serait relativement proche de celle de l’année dernière, même si les estimations diffèrent d’une source à l’autre, sans oublier que les prévisions font le marché….. Selon quatre principaux traders et experts interrogés par Reuters, les volumes seraient en légère baisse en Côte d’Ivoire, de quelque 60 000 t sur la campagne principale qui court d’octobre à mars, à 1,63 million de tonnes (Mt) contre 1,69 Mt en 2019/20. Ce serait dû à une météorologie peu favorable d’avril dernier à mi-juillet avec une floraison précoce. “La campagne n’a pas bien démarré mais s’améliore actuellement”, est-il souligné. Rappelons qu’en août, un sondage réalisé également par Reuters avait donné une estimation de campagne totale -principale et intermédiaire- qui totaliserait 2,24 Mt en 2020/21 contre 2,15 Mt en 2019/20. Un sondage réalisé par Bloomberg conforte cette estimation de 2,2 Mt sans toutefois pousser à deux chiffres après la virgule…

Quant aux exportations, les chiffres provisoires portuaires publiés hier font état de 1 533 967 t de fèves brutes expédiées entre le 1er octobre 2019 et fin août, en baisse de 0,8% par rapport à la même période la campagne précédente. Les exportations de produits semi-transformés du cacao (poudre et beurre essentiellement) ont baissé de 3% sur la même période à 404 646 t.

Quant au Ghana, les traders interrogés toujours par Reuters estiment que les volumes cette campagne seront très similaires à ceux de la précédente, à environ 680 000 t. En revanche, les sondés par Bloomberg avancent plutôt le chiffre de 850 000 t. Les autorités nationales, quant à elles, visent les 900 000 t. Ceci ferait grimper l’excédent mondial de cacao à 200 000 t, son niveau le plus élevé en quatre ans.

Les prix dépassent le minimum vers lequel tend la Côte d’Ivoire et le Ghana

Rappelons que chaque tonne de cacao vendue par la Côte d’Ivoire et le Ghana pour être exportée à compter d’aujourd’hui s’est vue appliquer un différentiel de revenu décent (DRD) de $ 400 la tonne qui s’ajoute au cours mondial du cacao et au différentiel payé pour telle ou telle autre origine.

Rappelons aussi qu’après un lent démarrage, les grands acteurs mondiaux n’ont pu faire autrement que de verser ces $ 400, la Côte d’Ivoire et le Ghana faisant front commun. Cette décision d’instaurer ce DRD a été prise alors que les cours du cacao étaient faibles et qu’Abidjan et Accra voulaient s’assurer que leurs producteurs obtiendraient 70% d’un prix minimum FOB qu’ils ont fixé à $ 2 600 la tonne, quelque soit la situation sur le marché mondial. On est revenu à un système de stabilisation des prix.

Notre calcul ci-après ne se veut pas d’une précision rigoureuse car la volatilité des devises ne permet pas un calcul exact à un moment t. Toutefois, il tend à expliquer  le mécanisme. Ainsi, hier, à la clôture du marché à Londres, la tonne de cacao était à £ 1 810 soit $ 2 331 au taux du dollar d’aujourd’hui. Si on ajoute le DRD de $ 400 la tonne, on atteint $ 2 731. Si on ajoute un différentiel d’environ $ 130 pour la Côte d’Ivoire par rapport à la cotation de Londres, on parvient à $ 2 861, ce qui est supérieur au prix minimum FOB de $ 2 600 recherché par  la Côte d’Ivoire et le Ghana mais inférieur aux $ 2 900 FOB qui est le seuil au-delà duquel les recettes du DRD vont alimenter un fond de stabilisation pour les années où le cours mondial chuterait.

Il ne semble pas que les autorités ivoiriennes ni ghanéennes n’aient donné récemment de précisions supplémentaires quant au devenir des sommes excédant les seuils respectifs de $ 2 600 et $ 2 900 la tonne FOB.

 

 

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