Le Rendez-vous Matières du Jeudi
Cinquième record de l’huile de palme en trois semaines aux côtés de prix soutenus du riz, du caoutchouc, du café, du cacao
(01/11/07)
Cacao – La campagne cacaoyère en Afrique de l’Ouest a bien démarré et le marché est relativement équilibré, souligne un négociant. D’où la relative stabilité des prix du cacao sur le marché de Londres, soutenus d’un côté par des inquiétudes sur la qualité suscitées par la pourriture brune, et limité sde l’autre par les arrivages abondants dans les ports ouest africains.
Café – Le marché du Robusta est en plein émoi. Et ce, pour des raisons purement techniques. Sur le marché à terme, la position novembre se traite à $ 2250 alors que janvier est à $ 1890 la tonne. Pourquoi ce déport alors qu’on ne manque pas de Robusta ? Car des fonds de pension tenteraient de faire un squeeze sur cette position novembre, en demandant la livraison de la marchandise. Les détenteurs des contrats se verraient alors obligés de livrer la marchandise au prix du contrat de novembre, sans rentrer dans leurs frais de filièrisation. Soit une perte financière allant de $ 50 à 300 la tonne selon la qualité du café.
Une situation d’autant plus spéculative que du Robusta, il y en a ! Les entrepôts en regorgent et il y en aura, physiquement, très prochainement. Car la récolte du premier producteur mondial de Robusta, le Vietnam, va bientôt démarrer ; elle s’annonce, en définitive, aussi importante que l’année dernière.
Côté Arabica, c’est l’abondance aussi. C’est confirmé, il n’y a pas de problème de sécheresse au Brésil et la récolte s’annonce record, de l’ordre de 45 à 55 millions de sacs de 60 kilos ! Ce qui met les prix sous pression. A ceci s’ajoute la faiblesse du dollar face au real. « La monnaie très forte dans les pays producteurs pose des problèmes internes de prix », souligne un courtier. Le problème se résume ainsi : à quel niveau de prix le café est-il achetable dans les pays producteurs où la monnaie s’est considérablement appréciée face au dollar ?
Caoutchouc – Le 1er novembre, le caoutchouc sur le marché de Singapour a touché son plus haut en 16 mois et sa limite de hausse sur une seule séance. Les raisons ? Elles sont multiples et deviennent assez classiques : la course vers les $ 100 du baril de pétrole, la poursuite de l’envolée globale des matières premières notamment de l’or qui est à plus de $ 800 l’once, la faiblesse du yen, sans oublier les pluies persistantes en Thaïlande qui réduisent l’offre, et la hausse des prix des pneus. En outre, Chairil Anwar, directeur du Indonesian Rubber
Research Institute, vient de déclarer que la production nationale se maintiendrait à 2,8 million tonnes en 2008, soit en-deçà des objectifs. Ceci essentiellement pour des raisons climatiques liées au phénomène météorologique de La Nina, phénomène qui devrait se poursuivre l’année prochaine. Cerise sur le gâteau, la Chine demeure acheteuse malgré ces niveaux élevés de prix.
En résumé, le Thaï RSS3 est à $ 2,55 le kilo, le Malaysia SMR20 à $ 2,43, SIR20 à $1,09 la livre, tandis que le Thaï 60 % latex (vrac) est à $1 600 la tonne.
Huile de palme – C’est un nouveau record, son cinquième en trois semaines, qui a été touché aujourd’hui sur le marché de l’huile de palme brute de Kuala Lumpur. Les 2 959 ringitts ont été atteints et les 3 000 sont en vue ! « Les fondamentaux sont totalement ignorés dans cette course folle tendant à ce que l’huile de palme suive dans les pas de la hausse des cours du pétrole et de l’huile de soja », souligne un trader.
L’huile de palme a progressé de pas moins de 47% depuis le début de l’année ! Une hausse dictée par une forte demande mondiale, un manque de produit qui conduit l’Indonésie à augmenter ses taxes à l’exportation, mais une baisse des droits à l’importation en Chine. Sans oublier l’envolée globale des prix des matières premières, notamment celle des cours du brut et de l’huile de soja. Les huiles de palme comme de soja suivent de près l’évolution des cours du pétrole puisque ces huiles sont de plus en plus utilisées à fabriquer des biocarburants. Revers de la médaille, à ces prix là, les confiseurs et les fabricants de produits cosmétiques se tournent vers d’autres produits moins chers.
Riz – En octobre, les cours mondiaux sont à nouveau restés fermes en raison des faibles disponibilités exportables et de la demande d’importation toujours soutenue, notamment de l’Asie du Sud Est et de l’Afrique subsaharienne. Aux Etats-Unis, les cours poursuivent aussi leur remontée stimulés par la reprise de la demande de ces principaux partenaires commerciaux. La tendance haussière mondiale devrait se poursuivre jusqu’à la fin de l’année 2007, souligne la dernière lettre d’information d’Osiriz.
En Afrique, malgré la hausse des prix mondiaux, les prix à la consommation restent relativement stables grâce à l’apport de la production locale. Il reste que les importations de riz couvrent près de deux tiers des besoins de consommation de l’Afrique subsaharienne. Des importations qui viennent en grande partie de Thaïlande, du Vietnam ou encore du Pakistan.
Or, selon Osiriz, en Thaïlande, les cours ont progressé une nouvelle fois, avec des hausses comprises entre 3 et 4% pour les riz de basse qualité. Des nouvelles demandes d’achats de riz thaïlandais ne cessent d’arriver suite aux fortes limitations d’exportations du Vietnam et de l’Inde, respectivement deuxième et troisième exportateur mondial. En octobre, le Thaï 100%B a coté $ 339 la tonne Fob contre $ 332 en septembre. Les cours des brisures A1 Super ont aussi progressé à $ 287 contre $ 271 en septembre.
Au Vietnam, les prix indicatifs à l’exportation sont restés inchangés. Malgré l’interdiction de nouvelles exportations, la demande des exportateurs sur le marché local continue ferme cherchant à honorer leurs anciens contrats. En octobre, le Viet 5% a coté $ 320 inchangé par rapport à septembre. De même, le Viet 25% est resté à $ 300.
Au Pakistan, après une pause observée le mois dernier, les cours ont connu une forte reprise profitant de la défaillance de son concurrent indien. En octobre, le Pak 25% a coté $ 309 la tonne contre 296 en septembre.
Sucre – Ce n’est pas la grande forme sur le marché du sucre même si il a terminé en hausse le 31 octobre à Londres, avec une activité centrée sur des reports de positions en prélude à l’expiration du contrat décembre le 15 novembre. Les tentatives haussières des contrats du sucre sont bloquées par une surabondance des offres causée par le Brésil et l’Inde, les principaux producteurs.
A Maurice, exportateur africain majeur de sucre, c’est la morosité. Les négociations des APE avec l’Europe mettent la filière dans une impasse : traditionnellement, l’île exporte 90% de son sucre vers l’Europe à un prix garanti. La mise en place de la réforme entrainerait une baisse de 36% de ses revenus sucriers. Parallèlement, la réforme du secteur piétine. Rappelons qu’entamée l’année dernière, elle s’inscrit dans le cadre d’un programme sur 10 ans et qui tend à moderniser le secteur et à créer de la capacité afin de produire des sucres raffinés, de l’éthanol et de l’électricité.