La Chronique Matières du Jeudi (2 juillet 2015)

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Les marchés n'ont eu d'yeux cette semaine que pour la situation grecque et l'impact sur les devises et les marchés, l'euro étant chahuté. 

CACAO

Le marché du cacao continue d'afficher une santé robuste, la tonne cotant à Londres, marché directeur,  à £ 2 172 tandis qu'elle s'est établie à $ 3 276 la à New York.

En juin, les exportations de fèves de la province de Sulawesi, principale région de production en Indonésie, ont progressé de 7% par rapport à juin 2014, à 4 980 t, tandis que celles de la province de Lampung ont baissé de 58,2% à 254 t, selon les sources gouvernementales. Rappelons que le pays se bat contre les maladies et des conditions météorologiques défavorables, ce qui a fait chuter sa production à des niveaux d'avant 2001.

En Côte d'Ivoire, les pluies se sont atténuées la semaine dernière, ce qui augure bien pour la floraison des cacaoyers pour la prochaine campagne qui démarrera début octobre. La campagne intermédiaire actuellement en cours s'estompe tout doucement, les arrivages aux deux ports d'Abidjan et de San Pedro ayant totalisé 29 000 t entre les 22 et 28 juin, en hausse tout de même par rapport à la même semaine l'année dernière (26 000 t). Depuis le début de la campagne, le er octobre, les arrivages totalisent 1 546 000 t, selon les estimations des exportateurs, en légère baisse par rapport aux 1 587 000 t sur la même période durant la campagne 2013/14. En Côte d'Ivoire où, en fin de semaine dernière, les multinationales Kellogg, Cargill et ASDA ont lancé un certain nombre de projets en faveur des femmes dans la cacaoculture.

Quant au Ghana, le patron du Cocobod, Stephen Opuni, a réexpliqué mardi, lors d'une réunion sur les partenariats de la Fondation mondiale du cacao, que la baisse inattendue de production au Ghana était due à ce que plus de 30% des exploitations cacaoyères avaient plus de 60 ans. Rappelons que le pays, qui représente 20% de la production mondiale, ne devrait produire cette campagne que 700 000 t de fèves contre le million initialement attendu. Certes, a-t-il souligné, le gouvernement fournit gratuitement des engrais aux producteurs, mais cela n'a guère d'impact sur des arbres si vieux. L'année prochaine, a-t-il redit, 60 millions jeunes plants de cacao devraient être distribués, ce qui devrait être planté sur 50 000 ha. Stephen Opuni en a appelé aux multinationales du chocolat pour développer des hybrides résistants à la sécheresse et aux maladies.

CAFE

La chute de la monnaie brésilienne, le real, a provoqué une baisse de tension de l'Arabica sur le marché à terme de Londres, les cours chutant de 4% sur la seule séance d'hier qui a enregistré un nombre très important de transactions. La livre  de café a terminé à $ 1,27. Une baisse qui aurait pu être plus forte encore si les torréfacteurs et négociants ne s'étaient pas autant portés à l'achat, voulant profiter de la baisse des prix.

De son côté, le Robusta a également glissé, les traders portant leur attention sur le "spread", l'écart entre les échéances juillet et septembre qui est passé à $ 35; l'échéance septembre a clôturé en baisse de $ 13 la tonne, à $ 1 771. On a pu noter des offres de vente du Vietnam, ce qui signalerait un infléchissement de sa politique de rétention pratiquée jusqu'alors. Ceci dit, la plupart des soumissions pour du Robusta sur l'échéance juillet  l'était pour des origines Brésil et non Vietnam. En outre, cette politique de rétention menée par le Vietnam a incité certains opérateurs à plutôt se tourner vers l'Indonésie pour s'approvisionner. Les exportations en juin de la principale province caféière, Sumatra, ont fait un bond de 22% par rapport à juin 2014, à 21 890 t, selon les chiffres gouvernementaux. Ainsi, sur le premier trimestre de la campagne, soit d'avril à juin, les exportations ont progressé de 52% à 59 590 t. Notons qu'en terme de prix, le café indonésien est, grosso modo, aux mêmes niveaux  que celui du Vietnam.

En mai, les exportations mondiales de café ont baissé de 12% par rapport à mai 2014, à 9,28 millions de sacs de 60 kg (Ms), selon l'Organisation internationale du café (OIC). Les exportations de Robusta ont chuté de 23,4% en mai, à 3,23 Ms, et celles d'Arabica de 4,4%, à 6,05 Ms. Sur les 8 premiers mois de la campagne 2014/15, les exportations globales sont en baise de 4,6%, à 72,31 Ms.

Enfin, dans l'actualité caféière, notons qu'un train chargé de 2 050 t de café est parti hier, mercredi, de la province chinoise du Yunnan à destination de Rotterdam où il devrait arriver dans 15 jours. Auparavant, tout le café du Yunnan était expédié vers l'Europe par bateau, ce qui prenait 30 jours. Au total, 24 000 t de café devrait ainsi être expédié cette année, un volume qui devrait atteindre 140 000 t en 2016 et 300 000 t en 2017. Notons que 99% de la production chinoise de café est dans le Yunnan, qui aurait exporté 67 200 t en 2014.

CAOUTCHOUC

Les cours du caoutchouc ont rebondi mercredi mettant un terme à une série de baisses de quatre jours, les investisseurs couvrant leurs positions courtes tandis que le marché de Shanghai a fortement rebondi.

Le contrat de caoutchouc de septembre sur le marché à terme de Shanghai a en effet augmenté de 335 yuans pour clôturer à 13 225 yuans par tonne après avoir perdu plus de 4% la veille. "Les investisseurs se concentrent sur les marchés boursiers chinois, qui ont été volatiles en raison plus de l'économie chinoise que de la crise de défaut de paiement de la Grèce", a déclaré Toshitaka Tazawa, analyste à  Fujitomi Co.

La Chine a importé 280 000 tonnes de caoutchouc naturel et synthétique en mai pour une valeur de 3 milliards de yuans (environ $483 millions), selon les statistiques douanières. Les importations de caoutchouc naturel et synthétique de la  Chine se sont élevées de janvier à mai à 1,61 million de tonnes, en baisse de 15% par rapport à la même période en 2014. En valeur, elles reculent de 35,6% à 17,5 milliards de yuans (environ $2,8 milliards). 

COTON

Le marché du coton a joué au yoyo cette semaine, baissant avec l’annonce de la vente des stocks chinois pour mieux remonter avec les prévisions d’ensemencement  aux Etats-Unis.

Mardi, les cours du coton ont bondi à un plus haut depuis la mi-septembre, à 67,91 cents la livre pour le contrat de décembre, à la suite de la publication des estimations de semis du département américain de l’Agriculture (USDA). En effet, les superficies ensemencées aux Etats-Unis sont les plus  basses depuis 30 ans avec moins de 9 millions d’acres de coton, soit 20% de moins que l’année dernière. C’est bien en dessous des prévisions réalisées en mars par l’USDA (9,55 millions acres) et des estimations des analystes (9,43 millions d’acres).  Sans compter que l’USDA a indiqué qu’elle devrait à nouveau sonder les agriculteurs du Texas, Kansas, Arkansas et Missouri, les pluies ayant retardées les semis.

Plus tôt dans la matinée, la National Development and Reform Commission avait annoncé que la Chine allait mettre aux enchères un million de tonnes de coton issues de sa réserve d’État en juillet et août. Beijing va offrir 330 000 tonnes de coton chinois de la récolte 2011 avec un prix plancher de 13 200 yuans par tonne, 470 000 tonnes de coton domestique à partir de 2012 à 14 200 yuans par tonne, et 200 000 tonnes de coton importé de la récolte 2012 à 15 500 yuans par tonne.

HUILE DE PALME

L'huile de palme, comme la plupart des autres oléagineux, a terminé la période sous revue en baisse sur les marchés asiatiques, le négoce prenant leurs bénéfices après la légère remontée des prix mercredi. Toutefois, la faiblesse du ringitt et l'inquiétude que suscite El Niño parviennent à soutenir, plus ou moins, les cours. L'huile est à son plus faible prix en un mois, à 2 2178 ringgit. A Rotterdam, elle termine à $ 652,50 la tonne sur le marché du physique.

La crise grecque s'est également infiltrée sur le marché des oléagineux, via l'impact des marchés de devises. La baisse de l'huile de palme est "A l'origine, à cause du marché boursier chinois qui a chuté fortement", souligne un trader d'huile de palme en Malaisie. "La bourse en Chine impacte indirectement les prix des matières premières", confie-t-il à Reuters.

En juin, les exportations d'huile de palme de Malaisie ont augmenté de 6,2%, à 1,65 millions de tonnes (Mt) contre 1,55 Mt expédiées en mai, selon Intertek Testing Services (ITS).

RIZ

Les prix du riz au Vietnam ont légèrement augmenté cette semaine alors que les exportateurs s’apprêtaient  à expédier une partie du grain avant le pic de la récolte plus tard ce mois-ci. De leur côté,  les acheteurs étrangers ont le regard tourné vers l’appel d'offres de la  Thaïlande.

La Thaïlande, deuxième plus grand exportateur de riz du monde après l'Inde, va lancer le 6 juillet un appel d'offres pour la vente de 1,4 million de tonnes de riz selon le ministère du Commerce. Le pays a annoncé son intention de vendre 2 Mt de riz de ses stocks au cours des deux prochains mois.  "Les gens ont les yeux rivés vers l'appel d'offres et si les prix sont faibles, cela pourrait tirer vers le bas le riz de la nouvelle récolte à environ $350 la tonne, ce qui le rendra plus compétitive face riz vietnamien," estime un trader basé à Ho Chi Minh-Ville.

En Thaïlande, les prix du Thaï 5% de la nouvelle récolte sont restées stables  la semaine dernière à 370 $ la tonne. Cependant, le prix du riz de l’ancienne récolte se situait à  $340  la tonne cette semaine, soit en dessous de la qualité comparable au Vietnam ($ 350- $ 355) la tonne. "Je pense que les prix vont continuer à s’abaisser à court terme", a déclaré Kiattisak Kanlayasirivat d’ Ascend Commodities  à Bangkok. Ajoutant : "La demande des pays africains est stable, mais ils achètent notre vieux riz". "

La demande de la  Chine devrait augmenter de 17,5 % à 4,7 millions de tonnes pour  la campagne de commercialisation 2015/16 (juillet-juin) selon un rapport du département américain de l’Agriculture (USDA). La Thaïlande a retrouvé, au dépend du Vietnam, sa  position de premier exportateur de riz à la Chine lors de la campagne 2014/15 clos le mois dernier, a ajouté le rapport.

Au Nigeria,  le président de Dangote, Alhaji Aliko Dangote, investirait $250 millions  dans la production de riz et de canne à sucre autour du bassin de la rivière Hadejia de Jigawa au Nigeria, selon une déclaration du gouverneur de Jigawa Muhammad Badaru.

SUCRE

La hausse de prix du sucre roux enregistrée mardi, atteignant un plus haut en 3 semaines,  n'est pas parvenue à se maintenir hier et les cours ont terminé en baisse, légèrement au-dessus de leur plus bas prix en six ans et demi sur le marché à terme de New York, à 12,44 cents la livre. En effet, les opérateurs ont bien noté les faibles volumes livrés contre l'échéance juillet arrivé à expiration hier. Quant au sucre blanc, côté à Londres, il a glissé de 20 cents à la clôture, à $ 370,10 la tonne.

La hausse mardi, dernier jour du mois de juin, a permis aux prix du sucre de s'inscrire en hausse sur le trimestre pour la première fois en un an. Une hausse  qui est due à un certain nombre de facteurs techniques de marché, notamment la couverture par les fonds d'investissements d'un certain nombre de leurs positions courtes, mais aussi par des facteurs liés aux fondamentaux comme la faible teneur en sucre de la canne au Brésil ou encore des prévisions de pluies au dessus de la moyenne dans certaines régions de production.

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