La Chronique Matières premières agricoles au 1er juillet 2021

 La Chronique Matières premières agricoles au 1er juillet 2021
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L’activité du secteur manufacturier de la zone euro a atteint un niveau record en juin, dopant les marchés financiers qui ont également noté avec satisfaction le rebond de 4,2% des ventes au détail en Allemagne après la chute de 6,8% en avril. Aux Etats-Unis, Wall Street a clôturé hier soir en hausse record pour la sixième séance consécutive. Apparemment, les financiers ne laissent pas le nouveau variant Delta de Covid assombrir leur bonne humeur ! Le dollar est ferme, l’euro s’affichant à $ 1,1855.

Les marchés pétroliers poursuivent leur hausse, soutenus par la perspective d’un renforcement de la demande, de la baisse des stocks américains et par une information de Reuters selon laquelle les pays de l’Opep+ pourraient augmenter leur production de 2 millions de barils par jour (bpj) entre les mois d’août et de décembre. Ceci représenterait une augmentation mensuelle inférieure à 500 000 bpj, note l’agence. Le baril de Brent a terminé à $ 75,73 et le brut léger américain (WTI) à $ 74,95.

Côté production agricole sur la carte mondiale, les gelées au Brésil cette semaine ont impacté un certain nombre de marchés mondiaux de matières premières, comme le café ou encore le sucre.

CACAO  CAFE  CAOUTCHOUC  COTON  HUILE DE PALME  RIZ  SUCRE

CACAO

Le cacao a très légèrement glissé sur la période sous revue, passant de £ 1 618 la tonne à Londres vendredi dernier à £ 1 617 hier soir, tandis que New York perdait davantage, partei de $ 2 380 en fin de semaine dernière à $ 2 354 à la clôture hier.

Rien de bien surprenant lorsqu’on voit que l’abondance des fèves se confirme de jour en jour. En Côte d’Ivoire, les exportateurs estiment les arrivages aux ports à 2,079 millions de tonnes (Mt) au 27 juin, en hausse de 6% sur la même période la campagne dernière, les campagnes démarrant le 1er octobre.

La Côte d’Ivoire a déjà vendu des contrats pour 1,18 million de tonnes (Mt) de fèves sur 2021/22, confiante que son objectif de 1,6 Mt à fin septembre sera atteint. En revanche, le Cocobod au Ghana n’en aurait vendu que 350 000 tonnes (t) contre son objectif de 600 000 t, a indiqué un responsable à Reuters. En outre, sa prime d’origine serait négative de -£ 100 à -£ 130 la tonne. Face à cela, les arrivages de sacs de cacao gradés et scellés au port ghanéen ont totalisé 960 982 t du 1er octobre au 10 juin, soit en très forte hausse par rapport aux 752 639 t sur la même période la campagne dernière, toujours selon le Cocobod. La production ghanéenne devrait friser le million de tonnes, certains analystes évoquant 1,1 Mt (lire nos informations : Campagne cacao 2021/22 : la Côte d’Ivoire tient ses objectifs de préventes contrairement au Ghana).

Toujours en Côte d’Ivoire, un tribunal a condamné hier 10 personnes à 10 ans de prison pour trafic d’enfants. La lutte contre le travail des enfants devient de plus en plus un enjeu majeur sur le marché mondial du cacao.

Côté demande, les statistiques de broyages en Amérique du Nord devraient être publiées le 15 juillet.

Enfin, le marché à terme ICE à New York a changé mardi sa réglementation de livraison, réduisant d’une semaine la période.

CAFE

Il gèle au Brésil et les marchés frémissent…Le Robusta a touché mercredi un pic de deux ans, à $ 1 705 la tonne pour, en définitive, clôturer hier soir à $ 1 701 contre $ 1 679 la tonne en fin de semaine dernière. L’Arabica, quant à lui, termine la période sous revue sur un léger glissement par rapport à la fin de semaine dernière, passant de $1,578 la livre à $ 1,564 à New York.

Les courtiers et analystes estiment que les zones de production au Brésil ne subiront pas de dégâts des gelées qui sont intervenues dans les zones de culture caféière, la masse d’air frais ayant eu le temps de se réchauffer avant d’atteindre la région principale de production qui est l’Etat de Minas Gerais. L’analyste StoneX a révisé à la hausse de 4,5% ses prévisions de janvier pour la récolte 2021/22 au Brésil qu’il estime maintenant à 53,7 millions de sacs de 60 kg (Ms).

Sur les marchés du Robusta en Asie cette semaine, les rares lots de café en vente dans les Central Highlands au Vietnam se sont vendus plus chers que la semaine dernière, reflet de la rareté du produit et de la hausse des cours à Londres. Le kilo était à 34 800-36 200 dongs le kilo ($1,51-1,57) contre 35 600 dongs la semaine dernière. A l’export, le Grade 2, 5% grains noirs et brisures, s’est négocié avec une décote de $ 50 la tonne par rapport au prix de Londres, soit peu changé par rapport à la décote de $ 50 à $ 60 la semaine dernière. Notons que les volumes exportés au premier semestre par le leader mondial du Robusta ont baissé de 12,3% à 825 000 t, selon les données officielles (lire nos informations : Chute de 12% des exportations de café Robusta du Vietnam).

Quant à l’Indonésie, le Robusta de la province de Lampung s’est vendu avec une prime de $ 30 à $ 50 sur l’échéance août, contre $ 80-90 la semaine dernière ; un autre trader a eu seulement +$ 10 contre +$ 60 la semaine dernière, rapporte Reuters. Quant aux volumes, les exportations de la province de Lampung au mois de juin ont chuté de 56,5% par rapport à juin 2020. Actuellement, un trader a estimé qu’environ 6 000 t de café arrivaient chaque jour à Lampung des zones de production.

En Ouganda, leader africain du Robusta, la production et les exportations en 2020/21 ont été bel et bien record, passant de 5,5 Ms à 6 Ms pour la récolte et de 5,4 à 5,9 Ms pour les exportations. Le département américain de l’Agriculture (USDA) estime que les volumes de production comme d’exportations seront semblables sur 2021/22.

Côté Arabica, les exportateurs en Colombie auront sans doute besoin de deux mois pour rattraper leur retard dans leurs expéditions, suite au long mouvement de grèves au mois de mai. Roberto Velez, patron de la Fédération nationale des producteurs, laissent inchangées ses prévisions d’exportation en 2021, à 11,5-12 Ms et ce, malgré la pénurie de conteneurs qui se fait toujours ressentir.

Les exportations du Honduras ont grimpé de 28,4% % au mois de juin par rapport à il y a un an, à 827 994 sacs, portant à 4,6 Ms les expéditions depuis le démarrage de la campagne en octobre. Au Costa Rica, la hausse a été de 13,9% en juin, avec un total de 862 068 sacs depuis le 1er octobre.

Côté entreprises, Coca-Cola a annoncé lundi avoir signé l’achat de 30% de l’italien Casa Del Caffè Vergnano et deviendra, par ailleurs, son distributeur exclusif hors Italie.

CAOUTCHOUC

C’est le plongeon sur le marché du caoutchouc. Après cinq séances consécutives de pertes, les cours se situent à un creux de près de huit mois à 220 yens ($2) le kilo hier sur l’Osaka Exchange contre 239,9 yens vendredi dernier et à 12 705 yuans ($1 966) la tonne sur le marché de Shanghai contre 13 230 yuans. Les cours sont en bonne voie pour enregistrer une perte hebdomadaire de plus de 9%.

Un marché sous la pression de la résurgence des cas de coronavirus en Asie – en particulier en Indonésie, au Japon, en Corée du Sud et en Thaïlande – mais aussi en sur d’autres continents comme en Israël ou au Portugal et Australie, et pour certains pays des mesures de confinement. S’ajoute également les faibles données de l’industrie manufacturière en Asie, en particulier en Chine où l’activité est tombée à un creux de quatre mois en juin. La hausse des coûts des matières premières et une pénurie de puces semi-conductrices ont également nui aux puissances exportatrices, dont le Japon, qui a vu l’activité des usines augmenter au rythme le plus lent en quatre mois en juin. L’indice PMI du Vietnam a plongé à 44,1, marquant la plus forte détérioration des conditions commerciales, tandis que l’indice PMI de la Malaisie est tombé à 39,9 alors que de nouvelles restrictions liées à la Covid-19 ont pesé sur la demande extérieure et intérieure.

En Inde,  le Rubber Research Institute of India (RRII) sous la direction du Rubber Board a décodé l’intégralité du génome du clone de caoutchouc hybride indien le plus populaire, le RRII 105. Lors d’une conférence de presse au RRII, le directeur exécutif du caoutchouc, le Dr K N Raghavan et le directeur du RRII, le Dr James Jacob, ont déclaré que cela aurait un impact profond sur la recherche visant à améliorer le potentiel génétique des hévéas pour produire plus de caoutchouc et de bois. “Cela aidera également à faire évoluer les clones qui peuvent mieux tolérer les parasites et les maladies et les conditions climatiques défavorables“, ont-ils déclaré. Les autres pays qui ont effectué le séquençage du génome du caoutchouc sont la Chine, la Malaisie, la Thaïlande et le Japon.

Le Cambodge a exporté 132 174 tonnes de caoutchouc au 1er semestre 2021, en hausse de 5,7% par rapport à la même période en 2020. Selon le ministère de l’Agriculture, des forêts et des pêches, le prix moyen durant la période a été de $1 677 la tonne, soit une progression de 28,7%. Les exportations en valeur sur le 1er semestre se sont élevées à $222 millions.

COTON

Relative stabilité sur le marché du coton avec une clôture hier à 85,9 cents la livre sur l’ICE contre 87,18 cents vendredi dernier. Toutefois,  les cours ont accusé mercredi une forte chute, en recul de plus de 3%, consécutive à la publication du rapport du département américain de l’Agriculture  (USDA) sur les superficies ensemencées en coton où la baisse a été moins forte qu’anticipée par le marché. Les superficies sont évaluées à 11,7 millions d’acres en 2021, en baisse de 3% par rapport à 2020. En outre, les récentes pluies favorables dans les principales régions de croissance aux Etats-Unis, y compris l’ouest du Texas, sont susceptibles de conduire à une récolte plus importante cette saison.

Mais, l’ensemble des analystes s’accordent sur une demande en coton soutenue, bien plus forte qu’anticipée il y a quelques mois. « La demande de coton continue d’être bonne, notamment au Pakistan, actif la semaine dernière malgré la tendance à la hausse du ICE. L’année dernière, à la même époque, la question était de savoir à qui le coton pouvait être vendu, car de nombreuses usines étaient fermées. Aujourd’hui, la question n’est pas de savoir à qui vendre, mais comment livrer le coton. La disponibilité des conteneurs et l’augmentation des frais de transport deviennent un problème majeur, et il ne fait aucun doute que cette situation perdurera jusqu’en 2022 » soulignait Mambo Commodities dans sa dernière lettre de marché.

De même, le Comité consultatif international du coton (ICAC) anticipe après une hausse de 12,5% en 2020/21, un nouveau gain de la consommation mondiale de coton en 2021/22 qui devrait atteindre 25,8 millions de tonnes (Mt). Sur 2020/21 avec une production en recul de 7% et une forte hausse de la consommation, les stocks de clôture devraient chuter pour la première fois en quatre ans pour s’établir à 20,96 Mt. L’ICAC estime qu’ils devraient encore s’abaisser en 2021/22 pour atteindre 20,77 Mt, avec une  demande supérieure à l’offre. L’ICAC observe aussi que le commerce du coton se redresse avec une hausse des exportations de 11,75% en 2020/21.

En France, pour la première fois une enquête pour « recel de crimes contre l’humanité » a été lancée fin juin par la justice français contre quatre entreprises – le japonais Uniqlo, l’espagnol Inditex (Zara), le français SMCP (Sandro, Maje, De Fursac) et l’américain Sketchers. Confiées au pôle spécialisé du tribunal de Paris dans la lutte contre les crimes contre l’humanité, les investigations ont été déclenchées après le dépôt d’une plainte deux mois auparavant par l’association anticorruption Sherpa, le collectif Ethique sur l’étiquette, l’Institut ouïghour d’Europe (IODE) et par une réfugiée ouïghoure ayant été internée dans l’un des camps de province du Xinjiang, dans le nord-ouest de la Chine, selon une révélation de Médiapart.

HUILE DE PALME

Envolée de l’huile de palme cette semaine avec une clôture hier à 3 714 ringgits ($893,4) la tonne sur la Bursa Malaysia Derivatives Exchange contre 3 520 ringgits vendredi dernier.  Les contrats sur l’huile de palme ont toutefois cédé 8,2% au mois de juin.

Une reprise impulsée par la bonne tenue des exportations d’huile de palme qui ont progressé de 10,8% en juin, selon SGS. Mais surtout, par la décision du plus grand acheteur mondial d’huile comestible, l’Inde, d’autoriser les importations d’huile de palme pendant six mois et de réduire la taxe à l’importation sur l’huile raffinée à 41,25% contre 49,5% sur une durée de trois mois afin de contenir la hausse des prix locaux de l’huile comestible. La taxe sur l’huile de palme brute a aussi été réduite à 10% contre 15% pour une durée de trois mois également. C’est un signal fort pour un pays qui importe près des deux-tiers de ses besoins en huile alimentaire et où l’huile de palme compte pour plus de 60%.

Le pays avait restreint les importations d’huile de palme raffinée en janvier 2020 pour soutenir les raffineurs locaux ainsi que les producteurs d’oléagineux. Mais contenir la hausse des prix a pris le dessus. En effet, les prix intérieurs de l’huile de soja et de l’huile de palme ont plus que doublé au cours de la dernière année, frappant les consommateurs déjà affectés par les prix record du carburant et la baisse des revenus suite à la pandémie de la Covid-19.

L’Indonésie va imposer de nouvelles taxes à l’exportation d’huile de palme à partir du 2 juillet, a annoncé mardi la Estate Crop Fund Agency (BPDP) dans un communiqué. Le premier exportateur mondial d’huile de palme a annoncé la semaine dernière qu’il modifierait sa structure de prélèvement pour les exportations d’huile de palme, réduisant le taux plafond des prélèvements sur l’huile de palme brute de $255 à $175  la tonne. Pour le mois de juillet, le prix de référence serait en retrait à $1 094,15 la tonne selon un document officiel consulté par Reuters.

En Malaisie, la Bursa Malaysia Derivatives Exchange a annoncé qu’elle devrait lancer une séance de négociation nocturne pour le contrat d’huile de palme brute et d’autres produits d’ici le quatrième trimestre 2021.

Côté entreprise, l’allemand BASF  élargit son portefeuille de tensioactifs à base d’huile de palme certifiés durables (RSPO) aujourd’hui à plus de 150. Depuis 2020, BASF s’approvisionne en huiles de palme exclusivement auprès de sources durables certifiées RSPO.

RIZ

Nouvelle contraction des prix à l’exportation du riz des principaux pays asiatique cette semaine.  

En Inde, les prix du riz é étuvée 5% sont tombés à $367-$371 la tonne, leur plus bas depuis novembre 2020, contre $369-$373 la semaine dernière. Une baisse consécutive à la roupie, qui permet aux exportateurs de baisser les prix, mais aussi en raison de la décision du gouvernement de libérer les stocks.

La compétitivité du riz indien booste les exportations du riz non basmati qui pourraient en 2021 dépasser le niveau de 2020 (Lire : L’Afrique au cœur de l’explosion des exportations de riz non-basmati d’Inde).

Au Vietnam, les prix du Viet 5% ont chuté  à $470 $475  la tonne, contre $478- $482  la semaine précédente. “Les exportateurs locaux doivent réduire leurs prix offerts pour concurrencer les exportateurs thaïlandais et indiens“, a déclaré un commerçant basé à Ho Chi Minh-Ville. La propagation rapide des infections à la Covid-19 dans le sud du Vietnam entrave le transport du riz.

Les exportations de riz du Vietnam au premier semestre ont chuté de 14,8 % par rapport à l’année précédente pour atteindre près de 3 millions de tonnes, selon les données du gouvernement. En valeur, elles ont diminué de 4,6% à $1,6 milliard.  

En Thaïlande, les prix du Thaï 5%  ont diminué pour s’établir à  $420-$422 la tonne contre $420-$430 il y a une semaine. C’est un plus bas depuis fin 2019. La demande est stable mais les exportateurs sont toujours confrontés au manque de navire et à des taux de fret élevés.

Au Togo, la filière riz est l’une des quatre filières  sélectionnées par le gouvernement pour  être développée à l’horizon 2030 (Lire : Maïs, riz, tomate et volaille, quatre nouvelles filières prioritaires pour le Togo).

SUCRE

On n’arrête plus le sucre ! Le roux a franchi la barre des 17 cents la livre (lb) pour clôturer hier soir à New York à 17,94 cents contre 16,90 cents vendredi dernier. Il a même touché 18,49 cents en cours de séance hier, son niveau de prix le plus élevé depuis le mois de février. Quant au sucre blanc côté à Londres, il est passé de $ 427,80 en fin de semaine dernière à $ 450,70 la tonne hier soir.

En cause ? Les gelées au Brésil, notamment dans l’ouest et le nord de l’Etat de Saõ Paulo qui représente 60% de la production nationale sucrière, dans le sud du Mato Grosso do Sul et le nord du Parana. Et son prix devrait encore augmenter, estime notamment le français Tereos qui souligne que les prix ne reflètent pas encore totalement l’impact des gelées brésiliennes.  

Le spécialiste Czarnikow a révisé à la baisse ses prévisions de production dans le centre-sud pour 2021/22 à 34,1 Mt contre les 35,6 Mt qu’il avait annoncé en avril, en raison de la sécheresse. Mais dans ses prévisions, il n’y avait pas encore l’impact des gelées.

Côté entreprises, PepsiCo a annoncé hier réduire de 25% la teneur en sucre dans les sodas et les thés glacés en Europe d’ici 2025 et de 50% d’ici 2030, ainsi que lancer des snacks plus sains. Notons que l’année dernière, l’Europe a représenté près d’un cinquième des ventes du groupe, son deuxième marché le plus important après les Etats-Unis. En adoptant cette stratégie, la multinationale prévoit de multiplier par 10 ses ventes d’ici 2025 et les porter à $ 1 milliard d’ici 2030.

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