Côte d’Ivoire – Union européenne – La durabilité du cacao : des intérêts mutuels et une urgence

 Côte d’Ivoire – Union européenne – La durabilité du cacao : des intérêts mutuels et une urgence
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60 ans de coopération agricole entre l’Union européenne et la Côte d’Ivoire

La durabilité du cacao est au cœur de la relation entre la Côte d’Ivoire, premier producteur mondial de fèves avec plus de 41% de la production mondiale, et l’Union européenne, premier marché d’exportation du cacao ivoirien avec 67% des volumes. Une relation exigeante et complexe où les deux parties devraient sortir gagnantes au vu de l’évolution du marché vers une plus grande durabilité. 

La Côte d’Ivoire s’est construite sur le cacao. Au fil des années, la production s’est considérablement

développée mais cette expansion de la culture du cacao s’est faite, bien souvent, au détriment de la forêt. En moins de 50 ans, la Côte d’Ivoire a perdu 90% de son couvert forestier et la cacaoculture en est une des causes majeures. A la déforestation se greffe la douloureuse problématique du travail – souvent dangereux – des enfants dans la culture du cacao, tout ceci étant lié au défi des planteurs d’obtenir un revenu décent.

Ces défis ne sont pas nouveaux et des actions sont entreprises pour les relever. Mais ils se présentent aujourd’hui avec plus d’acuité et d’urgence avec le changement climatique et la pression des consommateurs européens de plus en plus sensibles et exigeants sur la question de la provenance et de la durabilité des produits qu’ils achètent. Une exigence qui se traduit au niveau de l’Union européenne, premier consommateur mondial de chocolat, par l’adoption prochaine de deux nouvelles législations. Un règlement vise à bannir la déforestation importée associée à certains produits de base et produits dérivés, dont le cacao. L’autre porte sur la gouvernance d’entreprise durable qui rendra obligatoire le devoir de vigilance des chaînes d’approvisionnement en matière de droits de l’Homme et de l’environnement pour les entreprises européennes.

Pour répondre aux exigences du marché européen, le cacao devra donc être traçable. Les multinationales ont toutes mis en œuvre des programmes de certification, certaines depuis plusieurs années, facilités par les nouvelles technologies comme la cartographie GPS ou la surveillance par satellite. Les coopératives qui ont opté pour la culture biologique du cacao ou équitable bénéficient aussi de la traçabilité. Mais, les efforts semblent aujourd’hui encore insuffisants notamment au regard des milliers de tonnes de fèves cultivées illégalement, souvent dans les forêts classées, et qui rentrent dans la chaîne d’approvisionnement.

Team Europe une ambition pour le secteur du cacao

Pour l’Union européenne (UE), le cacao durable est une priorité politique majeure et une ambition forte. Elle a engagé avec les parties prenantes, que cela soit les gouvernements mais aussi les industriels et les ONG, un dialogue -« EU Cocoa Talks »- pour mener à bien les réformes nécessaires en partenariat avec la Côte d’Ivoire.

Produire durablement du cacao en Côte d’Ivoire, c’est incontestablement changer radicalement de mode de production et cela nécessite des moyens financiers. En janvier 2021, l’Union européenne lance « Team Europe cacao durable en Côte d’Ivoire », le plus ambitieux programme de l’UE en Côte d’Ivoire sur six ans (2021-2027) accompagné d’une enveloppe de 18,7 millions d’euros. Il aborde toutes les composantes de la durabilité du cacao : économique pour les planteurs, sociale à travers notamment la lutte contre le travail des enfants, environnementale pour la préservation des forêts et des sols, politique pour une meilleure gouvernance.

Si chacun s’accorde sur le fait que la déforestation et le travail des enfants sont des épées de Damoclès pour l’avenir du cacao ivoirien, et sont pris à bras le corps par le gouvernement mais aussi les industriels et les bailleurs de fonds, les conditions de vie des cacaoculteurs et la juste répartition de la valeur ajoutée dans la chaîne de valeur sont tout aussi importantes et sûrement plus difficiles à dénouer.  

Les planteurs de cacao ne perçoivent qu’environ 6% des plus de $ 100 milliards des revenus générés par le marché mondial du cacao chaque année. Près de la moitié vit sous le seuil de pauvreté. Mais il est difficile d’intervenir sur l’offre et la demande du cacao sur le marché international où les multinationales sont puissantes.

L’accord historique de juin 2019 entre la Côte d’Ivoire et le Ghana pour la mise en place dès la campagne 2020/21 d’un Différentiel de revenu décent (DRD) de $400 la tonne s’ajoutant au cours mondial du cacao n’a pas eu les effets escomptés sur les revenus des planteurs. Un bras de fer s’est instauré entre les multinationales et les deux pays qui s’est soldé par une chute des différentiels d’origine annulant en partie le DRD.

Réduire la pauvreté des producteurs de cacao est indispensable pour relever les défis du cacao et rendre sa filière durable.

 

 

Le cacao dans l’économie ivoirienne
  • production  2 millions de tonnes (Mt) par an, soit plus de 40% de l’offre mondiale
  • 40% des recettes d’exportation
  • 15% de contribution au PIB
  • 600 000 chefs d’exploitation
  • 6 millions de personnes dépendent pour leurs revenus du cacao
  • un tiers environ du cacao produit dans la première transformation
  • Selon certaines estimations environ 25% des enfants âgés entre 5 et 14 ans travailleraient dans la cacaoculture
  • Selon certaines estimations entre 15 et 36% de la superficie cacaoyère cultivée se situe en zone forestière, dont une partie dans les forêts classées.

 

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