La Coface alerte sur les risques politiques et les tensions sociales en Afrique

 La Coface alerte sur les risques politiques et les tensions sociales en Afrique
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L’assureur français la Coface s’alarme sur la montée des risques politiques en Afrique avec une multiplication par près de deux en dix ans du nombre des conflits en 2018. Une tendance qui n’est pas propre au continent -les conflits ont niveau mondial ont progressé de 70% depuis 2008 – mais l’Afrique compte le plus grand nombre de conflits non-étatiques. « La prolifération des affrontements entre milices armées en Libye, en République centrafricaine (RCA) ou encore en République démocratique du Congo (RDC) participent à cette tendance, au même titre que les affrontements entre Oromo et Somali en Ethiopie et ceux entre les agriculteurs birom (chrétiens) et les éleveurs peuls (musulmans) dans l’Etat du plateau du Nigeria » observe la Coface. Toutefois, les conflits impliquant un Etat ne sont pas laissés pour compte avec en son centre les groupes islamistes armés. Sont particulièrement concernés, le Sahel et le Lac Tchad avec des scores de conflits supérieurs. Ainsi, retrouve-t-on le Nigeria avec l’indice de terrorisme le plus élevé suivis par la Libye, l’Egypte et le Mali.

« La montée en flèche du nombre de conflits depuis le début de la décennie s’accompagne d’une hausse des victimes qui y sont associés » souligne l’assureur avec un peu moins de 15 000 victimes en moyenne par an de 2014 à 18, soit près de trois fois plus qu’entre 2004 et 2008 mais deux fois moins élevé que dans les années 90. Les victimes se concentrent toutefois autour de huit pays, soit la Libye, l’Egypte et les pays du G5 Sahel (Burkina Faso, Mali, Mauritanie Niger, Tchad) et le Nigeria.

Au risque politique s’ajoute le risque social

La Coface s’interroge sur l’émergence de mouvements populaires. « Le récent cas soudanais a, par exemple, illustré comment ce type de pressions socio-économiques, dans certaines conditions, pouvait se muer en changement politique. La décision du gouvernement de tripler les prix du pain en 2018 pour faire face à la crise économique (effondrement de la valeur de la devise, déplétion continue des réserves de change et inflation supérieure à 70 %) a été l’élément déclencheur des manifestations qui ont eu raison des 30 ans du régime d’Omar al-Béchir. L’indicateur de risque social Coface avait, préalablement au déclenchement de cette crise, signalé la vulnérabilité du Soudan à ce type de mouvements populaires » affrime-t-elle. Ainsi, l’indice de risque social est, en moyenne, à son niveau le plus haut depuis le pic de 2010 où se sont déroulés les printemps arabes. Le risque social est amplifié par la montée des instruments de la mobilisation (accès Internet, réseaux sociaux) mais aussi l’urbanisation et la part croissante de la population ayant accès à l’éducation tertiaire.

En conclusion, la Coface indique que son indice de fragilité politique et sociale montre que dix pays – l’Angola, le Cameroun, Djibouti, l’Egypte, l’Ethiopie, la Mauritanie, le Mozambique, l’Ouganda, la RDC et le Tchad – pourraient être ou continuer à être secoués par des troubles politiques. Elle ajoute que « L’augmentation observée en matière d’instruments de la mobilisation est l’un des facteurs derrière l’intensification du risque et pourrait être une source potentielle de déstabilisation dans d’autres pays à plus long-terme ».

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