03 mars 2014 - 00:00 |

Le Règlement bois de l'Union européenne (RBUE) souffle sa première bougie aujourd'hui

Bilan mitigé et interrogations pour l’ATIBT

(03/03/2014)

C’est aujourd’hui l’anniversaire de l’entrée en vigueur du Règlement bois de l’Union européenne (RBUE). Ainsi, il y a un an, une nouvelle politique de contrôle des bois importés dans l’UE devenait droit positif (voir nos précédentes informations), responsabilisant tous les acteurs jusqu’au bout de la chaîne de commercialisation des produits bois. Ce Règlement, adopté dès 2010 par l’UE, s’inscrit dans le cadre du Plan d’action FLEGT (Forest Law Enforcement gouvernance & Trade).

Toutefois, dans le Lettre d’information de l’Association technique internationale des bois tropicaux (ATIBT), son directeur général Ralph Ridder souligne que la partie n’est pas gagnée pour autant. Tout d’abord, d’un point de vue interne. L’Association, acteur majeur de la filière bois en Afrique (voir nos précédentes informations et nos vidéos), a fait obligation à ses membres d’être, a minima, engagés dans ”un processus audité de vérification de la légalité de leurs pratiques.” Un débat interne concernant la déontologie et le respect d’un minimum de critères de maintien, ou d’admission des membres, est en cours_”, souligne le patron de l’ATIBT. ”Quelques questions s’imposent : l’ATIBT doit-elle demander aux commerçants et aux transformateurs de se limiter aux bois ayant une vérification de la légalité, une chaîne de contrôle (CoC) ou doit-elle exiger qu’ils choisissent du bois certifié ? Avons-nous assez d’approvisionnement en bois certifié pour pouvoir exiger un tel comportement de nos membres ?

Mais l’interrogation se veut plus générale, allant au-delà de la seule ATIBT, et se porte sur la situation globale du marché des bois tropicaux. ”Un grand problème reste à résoudre,” poursuit Ralph Ridder. ”_Aujourd’hui, après 20 ans de certification forestière et après plus de 10 ans de mise en œuvre du plan d’action FLEGT de l’Union européenne, environ 70% des sols sous concessions forestières en Afrique centrale sont encore et toujours gérés sans aucun respect de la réglementation en vigueur. Une compétition déloyale s’est ainsi installée sur des marchés bois qui, malgré l’entrée en vigueur d’exigences de légalité (Lacey Act aux USA, RBUE en Europe, etc.), semblent toujours démunis face à l’entrée de bois illégaux. Ceci met en péril le maintien des pratiques de gestion responsable, les entreprises certifiées risquant de disparaître, et remet en cause les aspects bénéfiques pour les populations locales ainsi que l’avancement de la gestion responsable des forêts tropicales africaines de bois illégaux. Ceci met en péril le maintien des pratiques de gestion”, poursuit-il dans son éditorial.

Quelle est la situation au Royaume Uni, par exemple, un an après l’entrée en vigeur du RBUE? Arnand Punja, directeur de l’unité de durabilité de la Fédération du Commerce du bois au Royaume Uni (UK Timber Trade Federation), souligne dans la Lettre d’information de l’ATIBT, que, globalement, ses membres ”ont été plus attentifs dans l’achat en choisissant d’acheter des produits bois ayant des preuves vérifiées de légalité / durabilité. Dans le même temps, les bureaux des fournisseurs de vente ont été accablés par un grand nombre de demandes d’informations et de transparence concernant l’origine et les sources d’achats du bois. Ces demandes se sont atténuées lorsque les «commerçants» ont compris que la certification n’est pas une exigence juridique du RBUE, mais un outil commercial que les clients et les fournisseurs doivent négocier.

Quid de l’impact sur le commerce britannique du bois? La ”tendance semble indiquer que les importations de feuillus, surtout en provenance des pays tropicaux, sont en forte baisse. Selon les dernières données douanières, la majorité des importations tropicales au Royaume-Uni viennent d’Afrique et le Cameroun est le pays le plus important. En même temps, les importations de feuillus en provenance de pays européens qui ont de forts liens commerciaux avec les tropiques, comme l’Italie et la France, sont en hausse. Ce qui suggère qu’il faudra faire attention lorsqu’on achète des bois tropicaux qui ont déjà été placés sur le marché ailleurs en Europe, pour éviter la possibilité d’introduire du bois illégal “par la porte arrière », en particulier quand il s’agit de bois provenant des pays où le RBUE n’est pas encore appliqué de manière significative.

Et Arnand Punja de conclure que la plupart de ses membres se plaignent d ela difficulté de s’approvisionner en bois tropicaux et que les Britanniques de la construction se tournent davantage maintenant vers les bois nationaux.

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