La Chronique Matières Premières Agricoles au 1er mars 2018

 La Chronique Matières Premières Agricoles au 1er mars 2018
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Le dollar, qui avait bien commencé la semaine grâce aux déclarations de Jerome Powell, le président de la Réserve fédérale, sur le dynamisme de l’économie américaine, la termine en territoire négatif, cédant 0,36% face à un panier de devises de référence et 0,4% face à l’euro, qui remonte à $ 1,2320. En effet, la volonté du président Donald Trump  d’appliquer dès la semaine prochaine des droits de douane de 25% sur les importations d’acier et de 10% sur celles d’aluminium a réveillé les craintes de tensions commerciales à l’échelle planétaire et de montée du protectionnisme. Quant à la livre sterling, elle est en baisse après le discours sur le Brexit de la Première ministre britannique, Theresa May.

Le marché pétrolier enregistre une performance hebdomadaire négative après deux semaines de hausse, face à l’offensive commerciale de Donald Trump et à à l’augmentation continue des stocks de brut aux Etats-Unis.

 

CACAO CAFE CAOUTCHOUC COTON HUILE DE PALME RIZ SUCRE

CACAO

Le cours du cacao continue de grimper. Jeudi, le niveau symbolique des € 1 600 a été franchi et le marché a clôturé au-dessus“, explique un trader. “Côté produit, la hausse du marché ne s’est pas accompagné d’une baisse des ratios. Au contraire, la demande est toujours très présente sur le rapproché. Ceci explique le prix du beurre toujours plus haut.”

Le cacao sur le marché à terme de Londres aura finalement gagné  £ 63  sur la période sous revue, du vendredi 23 février à hier soir, clôturant à £ 1 610 la tonne. Il a touché £ 1 614 en cours de séance, au plus haut depuis le 17 novembre. A New York, la tonne a terminé à $ 2 250, partie de $ 2 194 en fin de semaine dernière. Il a touché en cours de journée hier $ 2 279, renouant avec ses niveaux de prix enregistrés le 21 décembre.

Une hausse liée à la perspective d’une récolte ivoirienne moins abondante que la campagne dernière, selon des traders, bien que le ministre ivoirien de l’Agriculture, Mamadou Sangafowa Coulibaly, interrogé par CommodAfrica au Salon international de l’agriculture (SIA) de Paris, ait confirmé une récolte de 2 millions de tonnes (Mt), au moins. Un chiffre dont a fait état l’Organisation internationale du cacao (ICCO) dans sa première estimation de campagne 2017/18 publiée mercredi (lire nos informations). Elle estime l’excédent à 105 000 t contre 300 000 t la campagne dernière, la récolte en Côte d’Ivoire étant estimée atteindre les 2 Mt cette année encore (lire nos informations). 2 Mt, ce serait très légèrement inférieur au record absolu de la campagne ivoirienne 2016/17, qui avait atteint 2,02 Mt.

La hausse du cacao est également liée à la faiblesse de la livre sterling, ce qui rend toujours très attractifs les achats.

Côté Côte d’Ivoire, le Conseil du café-cacao (CCC) aurait vendu par anticipation 170 000 t de contrats d’export de plus que ce que la Côte d’Ivoire devrait effectivement produire, ont indiqué à Reuters deux responsables du CCC. Cette erreur de calcul laisserait certains exportateurs dans l’incapacité de remplir leurs obligations contractuelles et le CCC devait entamer des discussions avec ces opérateurs pour évoquer des solutions (lire nos informations).

En outre, toujours en Côte d’Ivoire, la qualité des fèves serait impactée par le manque de pluies ces derniers mois. Ainsi, le taux de rejet atteindrait jusqu’à 70% des livraisons ces dernières semaines, le nombre de fèves aux 100 gr atteignant 130 alors que la limite de qualité fixée par le CCC est de 105. En outre, le niveau d’acide gras (FFA) oscille entre 5 et 7%  alors que 1,75% est considéré comme le taux maximum accepté. Les exportateurs ont donc encore plus de difficultés à honorer leurs contrats.

Ceci dit, la Côte d’Ivoire aurait enregistré une hausse de près de 25% de ses exportations de fèves entre le début de la campagne début octobre à fin janvier, à 624 283 t, selon les données provisoires portuaires publiées mercredi. Les exportations de produits semi-finis ont, quant à eux, grimpé de 7% à 150 045 t.

Témoin de la hausse des cours mondiaux, l’Indonésie a porté à 5% sa taxe à l’exportation sur la fève  sur le mois de mars après deux mois de taux zéro. Rappelons que le pays révise chaque mois son taux en fonction du niveau anticipé du cours mondial : la taxe est appliquée si le cours dépasse les $ 2 000 la tonne.

CAFÉ

L’Arabica a terminé hier soir en hausse à $ 1,2395 la livre (lb) sur le marché à  terme de New York contre $ 1,21 à la clôture vendredi dernier. Le Robusta, quant à lui, a enregistré sa première remontée en sept séances de marché à Londres, clôturant à $ 1 768 la tonne contre $ 1 751 il y a une semaine . C’est essentiellement le changement d’échéance qui a soutenu les cours hier.

En janvier, les exportations mondiales de café ont fait un bond de 20,7% par rapport à janvier 2017, selon l’Organisation internationale du café (OIC). Sur les quatre premiers mois de la campagne 2017/18, les exportations ont progressé de 3,1% à 40,74 Ms. Les exportations d’Arabica se sont élevées à 6,53 Ms en janvier, en hausse de 7% par rapport à il y a un an, et les Robusta ont bondi de 48,2% à 4,48 Ms. Les exportations cumulées depuis le début de la campagne, en octobre dernier, ont augmenté de 1,3% pour les Arabica, à 25,87 Ms, et es Robusta de 6,4%, à 14,87 Ms.

De leur côté, les marchés asiatiques étaient léthargiques, les producteurs vietnamiens n’étant guère incités à vendre au regard des cours à Londres. Le Robusta Grade 2, 5% grains noirs et brisures, s’est vendu cette semaine à $ 70-$ 100 en dessous de Londres, contre une décote de $ 50 à $ 100 la semaine dernière. En janvier-février, les exportations ont augmenté de 17,6% par rapport à la même période un an auparavant.

En Indonésie,  le Robusta Grade 4 80 défauts, a maintenu sa prime de $ 140 sur Londres déjà enregistré la semaine précédente. En février, les exportations de la province de Lampung ont chuté de 72% par rapport à février 2017, à 4 042 t, soit le sixième mois consécutif de déclin en volume dans la plus importante province caféière du pays.

Le Salvador, seul pays d’Amérique centrale à ne pas s’être relevé de la propagation en 2012, de la maladie de la rouille, a obtenu un prêt de £ 80 millions de la Banque d’Amérique centrale pour l’intégration économique pour rénover des milliers de plantations de cafés détruites. Le pays ne devrait produire 740 000 sacs de 60 kg en 2017/18 alors qu’il atteignait 1,87 Ms en 2010/11. A titre de comparaison, au Honduras et au Nicaragua, où la maladie a également sévèrement sévi, la production caféière a déjà dépassé ses niveaux d’avant, tandis que le Guatemala et le Costa Rica devraient être cette  campagne seulement 3 ou 4% en-deçà.

Au Kenya, le prix le plus élevé atteint aux ventes aux enchères mercredi est demeuré sensiblement équivalent à la semaine dernière, le Grade AA oscillant entre $ 60 et $ 500 le sac de 50 kg contre $ 80-500, et le Grade AB à $ 61-385 contre $ 60-441.

La production en Colombie au premier semestre 2017/18 ne serait en baisse que de 3% contre la chute de 20% annoncé en début de campagne, selon un nouveau comptage réalisé en janvier, a souligné à Reuters Roberto Velez, le patron de la Fédération des producteurs. Si la production  est bonne au second semestre, la récolte pourrait être de 13,5 à 14 Ms cette campagne.

CAOUTCHOUC

Sur le marché à terme de Tokyo, le caoutchouc poursuit sa reprise, terminant hier soir à 192,5 yens ou encore $ 1,80 le kilo, parti vendredi dernier de 188,6 yens. Certes, les prix demeurent faibles, en baisse de 9% depuis le début de l’année, mais se sont tout de même ressaisis après être tombés en dessous des 180 yens mi-février. Globalement, la force du yen et la faiblesse de la demande mondiale en caoutchouc pèsent sur le marché.

Mais cette semaine, les prix du caoutchouc ont été soutenus par un marché globalement ferme à Shanghai ainsi que par la hausse des prix du pétrole duquel est dérivé le caoutchouc synthétique, grand concurrent du naturel.

En janvier, les importations chinoises de caoutchouc naturel ont totalisé 238 130 t, en hausse de 0,51% par rapport à janvier 2017, selon les statistiques douanières. La Thaïlande a été le principal fournisseur, avec 164 085 t (+8,87%), alors que, d’Afrique, les approvisionnements de Côte d’Ivoire ont baissé de près de 32% à 2 398 t, de -53,85% du Cameroun à 120 t et de 50% du Nigeria à 40 t, tandis que 17 t ont été importées du Liberia durant ce premier mois de l’année.

COTON

Dommage… La hausse des cours du coton durant quatre sessions consécutives sur le marché à terme de New York a été interrompue aujourd’hui sur des prises de bénéfices. Rien d’étonnant étant donné que les prix avaient touché un plus haut en un mois. En outre, les volumes de ventes à l’export du coton américain sur la semaine s’achevant le 22 févier ont été décevants, à 294 100 balles, en baisse de 26% sur la semaine précédente et de 20% sur la moyenne des quatre dernières semaines.

Ainsi, parti de 81,34 cents la livre (lb) vendredi dernier, le  coton sur le marché à terme de New York a clôturé jeudi soir à 81,81 cents, affichant sa plus forte baisse en une séance depuis le 30 janvier ; la veille, mercredi soir, il terminait au plus haut en un mois, à 82,93 cents.

Ceci dit, les dernières estimations publiées hier par le Comité international consultatif sur le coton (CICC) sont plutôt haussières. La production serait moins élevée sur la campagne 2018/19 par rapport aux prévisions précédentes, à 25,37 Mt contre 25,51 Mt estimées en février, mais aussi par rapport à 2017/18 (25,79 Mt). En revanche, la consommation serait nettement plus forte, à 26,47 Ms contre 25,37 Mt estimée en février et 25,35 Mt  en 2017/18. De ce fait, les exportations atteindraient 9,16 Mt contre 8,25 Mt estimées en février et 8,38 Mt en 2017/18. Ainsi, les stocks en fin de campagne baisseraient à 18,18 Mt contre 18,88 Mt estimées en février et 19,25 Mt en 2017/18.

Autre facteur haussier à court terme, la sécheresse qui sévit au Texas, un des plus importants Etats producteurs de coton aux Etats-Unis.

Au Burkina Faso, les négociations avec Bayer pour réintroduire du coton OGM demeureront gelées tant que le dossier de la reprise ($ 63,5 millions) par l’allemand de l’américain Monsanto n’est pas clôturé, a expliqué Wilfried Yameogo, directeur de la Sofitex à Reuters. Rappelons que le Burkina a introduit dès 2008 le coton OGM avec le Bollgard II de Monsanto. Cependant, en 2016, il a abandonné les variétés de Monsanto après que la longueur de la fibre ait baissé, faisant perdre environ $ 85 millions aux entreprises cotonnières du pays. De son côté, Bayer produit un coton OGM sous les marques TwinLink et Twinlink Plus.

Le dossier de reprise de Monsanto par Bayer est ralenti suite aux préoccupations anti-trust émises par l’Union européenne. Pour calmer le jeu, Bayer a proposé de vendre ses activités semences et herbicides à l’allemand BASF pour € 5,6 milliards. De ce fait, BASF reprendrait l’intégralité de l’activité semences de coton de Bayer, à l’exception des marchés indiens et sud-américains.

En Chine, les importations de coton en janvier ont totalisé 133 908 t, en hausse de 16,05% sur janvier 2017. Plus de la moitié (69 467 t) est venue des Etats-Unis, avec une belle progression de 36,38% par rapport à un an auparavant, tandis que d’Afrique, les ventes du Soudan ont bondi de 164,61% à 1 062 t, l’Egypte avec son coton à longue fibre progressant aussi de 82,63% à 405 t, le Cameroun de 28,11% à 214 t, tandis que le Burkina Faso lui a vendu 200 t.

HUILE DE PALME

L‘Inde, premier importateur mondial d’huile végétale, a fortement relevé hier ses droits d’importation sur l’huile de palme, à 44% contre 30% précédemment sur l’huile brute et à 54% contre 40% sur la raffinée. Ces taxes sont les plus élevés en une décennie. Une décision, cumulée à l’appréciation du ringgit jeudi, qui a fait chuter de 2,9% les cours de l’oléagineux à Kuala Lumpur -sa plus forte baisse en une séance depuis 3 mois et demi- et, par ricochet, sur le marché européen à Rotterdam. Ainsi, jeudi soir, le marché à terme en Malaisie a terminé à $ 634,03 la tonne contre $ 644, 12 vendredi dernier.

Pourtant, les importations d’huiles alimentaires devraient croître et atteindre des sommets cette année  en Asie du sud-est, face à la baisse attendue de production alors que la consommation croît. Selon une étude réalisée à l’occasion de la conférence annuelle du Price Outlook à Kuala Lumpur, qui se tiendra la semaine prochaine, les achats indiens progresseraient de 2,9% à 15,5 Mt car sa production de soja et colza a baissé cette année, conséquence d’une météorologie défavorable. A noter que l’étude a été réalisée avant la hausse précitée des droits de douane à l’importation.

En février, les exportations d’huile de palme brute de Malaisie ont fortement progressé, atteignant 360 699 t contre 282 163 t en janvier, l’huile de palme RBD baissant à 92 242 t contre 118 226 t, selon les chiffres de la Société générale de surveillance (SGS).

Sur le marché européen, les importations d’huile de palme ont augmenté de 4% en février, à 4,15 Mt.

Pour le 11ème mois consécutif, l’Indonésie a décidé de maintenir à zéro sa taxe à l’exportation en mars, anticipant que le cours mondial demeurera inférieur à $ 750 la tonne.

En Malaisie, dans l’Ouest Java, 6 287 ha devraient être replantés en palmiers à huile cette année. Le recensement des producteurs éligibles au programme d’aide du gouvernement est en cours, les fonds devant être disponibles en octobre(Rp 25 millions/ha).

Côté entreprises, le malais Sime Darby a annoncé son projet d’acheter l’indien Ruchi Soya Industries.

RIZ

Face à une baisse de l’offre dans le centre et l’est du pays, et à un léger redressement de la demande notamment du Bangladesh, les prix du riz indiens sont repartis à la hausse, mettant fin à trois semaines consécutives de baisse. Ainsi, les 5% brisures de riz parboiled ont gagné 5% à $ 419-423 la tonne.

Le Bangladesh qui est devenu un important importateur de riz cette année, avec 3 Mt entre juillet et février,  après que les inondations aient endommagé ses rizières. Et le pays pourrait encore se porter à l’achat sur les marchés internationaux étant donné le prix élevé de la céréale sur le marché national.

Sur le marché thaïlandais, les prix des 5% brisures ont glissé à $ 395-400 la tonne FOB contre $ 404-410 la semaine dernière. Une baisse due à une demande léthargique et un manque de grands contrats à l’horizon. Notons que le deuxième exportateur mondial devrait commencer à récolter en avril mais ce sera plus tard dans certaines régions en raison des fortes pluies et inondations.

Au Vietnam, le 5% brisures a également perdu du terrain, à $ 410-415 la tonne contre $ 415-420 la semaine dernière. En effet, la demande n’est pas très forte surtout face à la concurrence du riz thaïlandais moins cher ; le prix du riz vietnamien aurait pu baisser davantage si ce n’était pour les contrats de vente de gouvernement à gouvernement qui représentent d’importants volumes. La récolte est en cours et devrait atteindre son zénith ces deux prochaines semaines. Le pays et ses opérateurs ont à l’œil les Philippines qui avaient annoncé en janvier vouloir importer rapidement 250 000 t de riz.

Sur les mois de janvier et février, les exportations de riz du Vietnam ont progressé de 14,6% par rapport au début de l’année 2017, à 842 000 t, selon les données statistiques gouvernementales.

SUCRE

Le sucre roux a terminé la période sous revue à 13,71 cents la livre (lb) parti de 13,46 cents vendredi dernier, poursuivant sa hausse liée à des opérations de couverture à court terme : l’échéance mars a expiré mercredi, Alvean (entreprise conjointe entre Cargill et la coopérative brésilienne Copersucar) et Wilmar prenant 14 618 lots sur  le contrat soit 742 600 t. Le blanc, coté à Londres, a coté $ 368,50 la tonne hier soir contre $ 361,90 il y a une semaine.

L’abondance de l’offre continue de peser sur les cours, l’Organisation internationale du sucre (OIS) ayant relevé ses estimations d’excédent  à 5,15 Mt sur la campagne 2017/18 (octobre/septembre) contre 5,03 Mt estimé précédemment. En réalité, c’est la révision à la baisse de la consommation, attendue maintenant à 173,35 Mt contre 174,41 Mt précédemment, qui est la principale cause de cet excédent alourdi. La production, quant à elle, a été légèrement révisée à la baisse, à 178,7 Mt contre 179,45 Mt estimée précédemment, mais on reste sur un niveau absolument record, en hausse de 6% ou encore de 10 470 t sur la campagne précédente. En outre, cette situation excédentaire devrait durer encore une campagne au moins.  En 2016/17, le déficit était de 2,54 Mt.  Et l’OIS de conclure que “une hausse durable des prix mondiaux était fort peu probable”.

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