03 juin 2011 - 00:00 |

La Chronique Matières du Jeudi

Le bois chauffe !

(03/06/2011)

Bois. Le prix de certains sciages d’Afrique est en très forte hausse, selon la dernière mercuriale bimensuelle de l’Organisation internationale des bois tropicaux (OIBT) publiée mercredi 31 mai. Les sciages de padouk ont fait un bond de 615 à 780, ceux d’okoumé ont progressé de 390 à 440 euros le m3, le sipo de 410 à 500 euros, l’iroko de 360 à 640 euros, le moabi de 505 à 530 et le movingui de 365 à 410 euros.

Jusqu’à maintenant, cette hausse des cours des sciages ne semble pas s’être répercutée sur ceux des grumes mais cela ne devrait tarder, estiment certains experts. Toutefois, cela devrait affecter davantage les premières qualités que celles secondaires. Une chose semble certaine, note l’OIBT, les interdictions et restrictions d’exportation de grumes intervenues dernièrement au Gabon, Cameroun et Congo Brazzaville ont impacté très positivement l’activité des bois transformés dans la région. Notamment, les exportateurs ont noté une bonne demande chinoise pour ces produits transformés, demande qui devrait se maintenir jusqu’à la fin de l’année. Ceci compense la morosité persistante du marché européen mais les opérateurs en Afrique ne sont pas inquiets car leurs carnets de commande est bien rempli pour au moins deux mois de production.

A noter qu’au premier trimestre, les recettes d’exportation de bois du Ghana ont chuté de 24%, à 30,18 millions d’euros par rapport à la même période en 2010. Toutefois, en volume et en valeur, ses exportations vers d’autres pays africains ont augmenté de 42% au premier trimestre.

Cacao. Les cours du cacao à Londres évoluent actuellement dans une fourchette basse, la structure du marché s’étant « dégonflée » souligne un trader. Non seulement les exportations en Côte d’Ivoire continuent d’affluer même si on est bien dans la récolte intermédiaire avec 110 fèves aux 100 grammes, mais le Ghana publie des chiffres absolument record de production : fin mai, le Cocobod a annoncé des achats de l’ordre de 904 000 t pour la campagne principale.
Pour sa part, la récolte ivoirienne 2010/11 s’achemine vers les 1,3 Mt. A noter qu’un volume important de cacao ivoirien devrait être acheminé aux Etats-Unis étant donné, l’étroitesse de l’offre indonésienne, source traditionnelle de fèves pour les Etats-Unis, et le faible différentiel entre les deux places boursières de Londres, où est coté le cacao ouest africain, et de New York où le prix de la fève indonésienne est fixé.

Au Cameroun, la production a déjà atteint un nouveau record, à 219 295 t à fin avril (+5%), alors que trois mois restent à courir jusqu’à la fin de la campagne 2010/11. Ceci est dû à l’introduction de variétés à fort rendement ces dernières années et à un regain de dynamisme parmi les cacaoculteurs en raison des cours élevés de la fève ces cinq dernières années.

D’ailleurs, le 2 juin, l’Organisation internationale du cacao (ICCO) a annoncé avoir révisé à la hausse ses estimations d’excédent pour cette campagne, à 187 000 t contre 119 000 t anticipés précédemment. Elle a en effet porté à 4,025 Mt ses prévisions de production mondiale contre 3,938 Mt précédemment, avec des broyages estimés à fin 2010/11 s’élever à 3,798 Mt contre 3,780 précédemment. Le déficit en 2009/10 avait été estimé par l’ICCO à 89 000 t.

Globalement, le prix du cacao étant retombé ces dernières semaines, les différentiels étant plus faibles tout comme le ratio beurre, les chocolatiers ont rallongé leur couverture. Rappelons que les marchés émergents sont très friands de poudre pour toutes les confiseries ; les industriels, depuis quelques années maintenant, broient les fèves de cacao davantage pour obtenir la poudre que du beurre, matière grasse végétale remplaçable par d’autres, moins onéreuses, et peu demandée par les marchés émergents. La poudre est actuellement très chère, de l’ordre de 4 500 euros la tonne, sans possibilité de substitution contrairement au beurre.

Café. Si aujourd’hui vendredi, les marchés du café se sont stabilisés, ces deux derniers jours ont été agités. Mercredi, les cours du café ont bien baissé tant à New York qu’à Londres, avec un Arabica qui est tombé à 253 cents la livre après avoir atteint 269 il y a quelques jours, et le Robusta à Londres qui perdait $ 130 la tonne. « En Arabica, ce sont clairement les fonds qui continuent à sortir du marché : la baisse régulière de la position ouverte en est une démonstration », souligne un trader. « Il y a 47 000 lots ouverts sur le mois spot quand en fin d’année 2010 cette position atteignait 75 000 à 80 000 lots. En Robusta, malgré les problèmes aux origines, il doit également s’agir de fonds et de stops car il n’y a pas d’offre agressive des origines. »

L’activité physique continue à reprendre mais tranquillement. On constate des hausses de prix du paquet de café dans les magasins, ce qui devrait donner une bouffée d’oxygène aux opérateurs (rappelons que le cours mondial du Robusta a augmenté de 80% ces 12 derniers mois, à $ 2 672 la tonne en mars, son plus haut en 3 ans, dont 20% de hausse depuis début janvier), mais on mesure encore mal son incidence sur la consommation au détail, poursuit-il. Quant au Vietnam et à l’Indonésie, ils boudent le marché avec des prix en différentiels prohibitifs pour leur Robusta. Ce qui suscite un regain d’intérêt pour le café spot en Europe ; les stocks de café certifiés (du Liffe) sont actuellement de 400 000 t.

En Arabica, on ne note pas de changement notable pour l’instant dans les différentiels, mais les prix des Colombie reprennent. Des producteurs voudraient vendre leur prochaine récolte, mais les négociants ne sont pas pressés de rentrer dans ce marché très risqué.

Globalement, les grains de qualité en Arabica manquent sur le marché. En outre, Tous les évènements météorologiques dernièrement, La Nina comme El Nino, entre autres, font ressurgir les traditionnelles craintes de gelées brésiliennes à cette période de l’année et certains observateurs ne manquent pas de dire que le risque est plus important que ces précédentes années. Toutefois, le spectre des gelées ait souvent agité à des fins spéculatives et ce d’autant plus que les zones de production au Brésil ont changé au fil des années et se trouvent maintenant beaucoup dans des régions qui sont moins vulnérables au gel.

Mais le marché est nerveux, sans conteste, car les stocks sont historiquement bas et, selon l’Organisation internationale du café (OIC), la production cette campagne sera bien inférieure d’un million de tonnes à la consommation.

Céréales. Le marché des céréales s’est ressaisi après avoir accusé le choc de l’annonce ruse, samedi dernier, de reprendre les exportations de blé à compter du 1er juillet. Cette perspective a fait chuter les cours internationaux. Toutefois, le gouvernement a souligné que de mesures protectionnistes pourraient être prises si nécessaire, ce qui a permis aux marchés de se stabiliser, voire même de reprendre des couleurs jeudi.

Riz. En mai, les cours mondiaux ont eu tendance à décliner mais seulement à partir du milieu du mois, rapporte Patricio Mendez del Villar dans sa note mensuelle de marché Osiriz. Outre les disponibilités d’exportation de la Thaïlande et du Vietnam, les principaux exportateurs mondiaux, l’annonce du retour de la Birmanie sur le marché d’exportation et l’offre abondante des pays du Mercosur, tirent les prix vers le bas. Ces disponibilités d’exportation, largement excédentaires, devraient continuer à peser lourd sur les marchés mondiaux durant la deuxième moitié de l’année, en particulier pour les riz de basse qualité et les riz étuvés.

Rappelons que selon la FAO, la production mondiale en 2010/2011 devrait atteindre un volume record de 700 millions de tonnes (466 Mt en équivalent blanchi) contre 683 Mt de riz paddy en 2009, soit une progression de 2,5%. Les récoltes se sont améliorées dans la plupart des régions du monde, grâce notamment à une extension des surfaces rizicoles qui avoisineraient les 162millions d’hectares. La demande mondiale pourrait, pour sa part, rester stable en raison des perspectives d’un accroissement de la production mondiale y compris dans les pays importateurs du Sud-est asiatique et d’Afrique subsaharienne, qui demeure le principal pôle d’importation avec près d’un tiers des achats mondiaux. Les Philippines et le Nigeria ont d’ailleurs annoncé qu’ils comptaient réduire significativement leurs importations dans les mois et années à venir.

En mai, l’indice OSIRIZ/InfoArroz a légèrement progressé de 1,6 points à 227,4 points (base 100=janvier 2000) contre 225,7 en avril. Début juin, il s’orientait à la baisse à 224 points.

Sucre. Le sucre blanc coté à Londres comme le roux à New York ont fait un bond aujourd’hui à un plus haut en six semaines et un mois respectivement, à 23,88 cents la livre et $ 700 la tonne, réagissant à des achats d’investisseurs et spéculateurs et des couvertures à court terme. La lenteur du démarrage de la récolte brésilienne et le chargement aux ports brésiliens inquiètent le marché, d’autant plus que nous entrons bientôt dans la période d’achats très actifs de la part des pays fêtant le Ramadan qui se déroule en août.

Thé. Cela fait deux semaines consécutives maintenant que les prix des thés aux marchés de Mombassa au Kenya augmentent. Aux dernières ventes, mardi, seulement 16,61% des 139 529 cartons offerts à l’achat n’ont pas trouvé preneurs contre 22,46% invendus sur les 140 025 cartons offerts la semaine précédente. A noter qu’au cours des quatre premiers mois de l’année, la production a chuté de 20,9% qu’en 2010 sur la même période, à 116 600 t.
Au Burundi, la production devrait atteindre 9 000 t cette année contre 8 016 t en 2010, notamment grâce à une utilisation accrue d’engrais.

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