Cirad : La Covid-19 aura peu d’impact sur la production alimentaire en Afrique de l’Ouest

 Cirad : La Covid-19 aura peu d’impact sur la production alimentaire en Afrique de l’Ouest
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Les pays côtiers d’Afrique de l’Ouest — Côte d’Ivoire, Bénin, Togo, etc., le Sud du Mali et du Burkina Faso, sont plutôt résilientes vis-à-vis des contraintes de l’épidémie de Covid-19, a souligné hier le Cirad dans un article qui fait partie d’une série d’analyse sur l’impact du Covid-19. “La crise sanitaire aura probablement peu d’impact sur leur production alimentaire”, estime l’organisme de recherche agronomique français que nous reprenons dans de larges extraits.  

 

En premier lieu, ces pays produisent beaucoup de manioc, plantain, igname et sorgho qui sont des cultures peu intensifiées et ne mobilisent que très peu d’engrais et de pesticides. “Elles ne sont donc pas touchées par des difficultés d’accès aux intrants. Pour le maraîchage et la culture du maïs, qui requièrent des engrais minéraux et des pesticides, les stocks d’intrants sont en place dans les boutiques et les magasins des organisations de producteurs et productrices. Le cours du pétrole très bas favorisera par ailleurs une baisse du prix des engrais pour la deuxième saison de culture dans le Sud des pays côtiers dans quelques mois, et plus encore probablement pour la campagne agricole 2021/22.”

 

Deuxièmement, “la main d’œuvre agricole est restée disponible dans les zones de production malgré les restrictions des déplacements de quelques semaines – couvre-feu, blocus de certaines villes. En pleine saison, la main d’oeuvre agricole demeure en effet habituellement dans leur région de résidence pour l’installation, l’entretien des cultures ou les récoltes“, à la seule exception de la culture cacaoyère en Côte d’Ivoire et au Ghana qui a recours à une main d’œuvre frontalière.

 

Troisièmement, l’épidémie touche pour le moment davantage les villes et une très faible part de la population.”

 

Et le Cirad de conclure : “Ce contexte de crises sanitaires et du commerce international pourrait par ailleurs offrir à l’agriculture vivrière ouest-africaine des opportunités pour se développer.” En effet, avec la baisse du prix des carburants et des transports, la population urbaine pauvre et moyenne pourrait se tourner davantage vers les produits locaux (céréales, manioc, igname ou banane plantain) au détriment du riz et du blé importés et donc du pain. D’autre part, avec la fermeture des frontières du Maroc, ce pays ne peut plus approvisionner les marchés ouest-africains en oignon et en orange, ce qui conduit ces derniers à vendre davantage de fruits et de légumes également locaux.

 

Autre facteur, “certains États ont décidé d’accroître leur stock alimentaire de sécurité, constitué de céréales principalement. Les organisations de producteurs et productrices, comme celles du Bénin ont ainsi récemment pu vendre à un prix acceptable les récoltes 2019/20 toujours en stock en avril dernier.”

 

Enfin, les prix de vente des produits d’exportation (anacardier, hévéa, coton, sésame…) ont subi une forte baisse ce qui a conduit certains agriculteurs à se tourner davantage vers les cultures vivrières pour le marché local. “Il leur sera néanmoins difficile de modifier rapidement la rotation de ses cultures surtout quand ils et elles ont investi dans les cultures pérennes. Difficile aussi de proposer rapidement des légumes sains et labellisés issus de systèmes agroécologiques à une clientèle exigeante habituée à acheter des produits transformés ou surgelés importés“, souligne encore le Cirad.

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