La Chronique Matières du Jeudi (04/03/2016)

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Après la hausse du dollar mardi, hier c'était au tour du real, la monnaie brésilienne, de grimper, alors que le ringitt demeurait toujours fort, impactant les uns comme les autres les prix des matières premières agricoles. Mais, globalement, ces dernières terminent la semaine en hausse.

 

CACAO

La fève s'est offert cette semaine une partie de montagne russe. Elle a été, tout d'abord, tirée à la hausse en début de semaine face à des perspectives de faibles récoltes intermédiaires en Afrique de l'Ouest, puis tirée à la baisse par une demande mondiale qui se dessine plutôt terne. A Londres, le cacao a terminé à £ 2 181 la tonne sur l'échéance mai et à New York, à $ 2 952 la tonne.

Lundi, le géant agroalimentaire Olam a estimé la récolte intermédiaire ivoirienne à 450 000  t et celle au Ghana à 200 000 t, ce qui serait en nette baisse par rapport à l'année dernière en raison de l'impact du phénomène météorologique El Niño sur la culture tant dans ces deux pays qu'au Nigeria. A noter, à cet égard, qu'il a plu cette semaine dans les zones de production en Côte d'Ivoire, faisant le bonheur des cacaoculteurs. Au 28 février et depuis le 1er octobre, les arrivages de fèves aux deux ports ivoiriens s'élevaient à 1 197 000 t contre 1 204 000 t sur la même période en 2014/15, selon les calculs des exportateurs.

Puis, au fil de la semaine, la déprime a pris le dessus à la lueur des perspectives de demande sur le marché du cacao. La société d'étude Nielsen a estimé que sur la période septembre-novembre, la consommation de chocolat avait baissé de 3,7% par rapport à la même période en 2014. Une baisse résultant essentiellement de la réduction de la taille des barres chocolatées, de la moindre consommation en Asie où l'essor économique n'est plus autant au rendez-vous, et d'achats européens plus sélectifs en qualité et donc moins quantitatifs.

En Côte d'Ivoire, les exportations de cacao auront progressé de 6% en 2015 par rapport à 2014 (année calendaire), à 1 258 196 t contre 1 190 626 t, selon les statistiques douanières publiées mercredi. De ce total, 617 017 t ont été expédiées du port d'Abidjan (610 226 t en 2014) et 641 179 t du port de San Pedro (580 400 t).

En Indonésie, les exportations de fèves de Sulawesi, sa principale zone de production, a atteint 6 910, t en février contre 495,5 t en février 2015, de source industrielle.

Aux Philippines, le député Anthony Bravo, qui représente la Fédération nationale des coopératives (Natcco), a demandé aux producteurs de coprah d'accroître les superfices de cultures intercallées avec des cacaoyers afin d'être au rendez-vous lorsque le monde manquera de cacao d'ici 2025, a-t-il précisé.

CAFE

La perspective d'exportations en baisse au Brésil a fait grimper hier le prix de l'Arabica sur le marché à terme de New York, clôturant à $ 1,1785 la livre, après avoir touché mardi un plus bas en 6 semaines face à un dollar plus ferme et la livraison de 600 000 t lorsque l'échéance mars a expiré sur le marché à terme de New York.

La hausse hier est liée au raffermissement de la monnaie nationale brésilienne rendant peu attractives les opérations d'exportation car le retour en monnaie locale est plus faible. En effet, des chiffres du commerce extérieur meilleurs qu'attendu au Brésil a fait grimper le real à son niveau le plus haut en 3 mois face au dollar.

Le Robusta a suivi l'Arabica et a terminé hier soir à Londres à $ 1 394 la tonne.

Ceci dit, le prix du café demeure globalement faible ce qui n'a pas incité le Vietnam à exporter ces jours derniers d'autant plus qu'un temps sec pourrait faire grimper les cours ces prochaines semaines. En outre, la récolte de poivre bat son plein et les agriculteurs sont affairés à la récolte de l'épice plutôt que du café qui peut rester plus longtemps sur l'arbre.

Aux ventes aux enchères au Kenya cette semaine, les prix pour un Grade AA ont oscillé entre $ 74 et 466 le sac de 50 kg, soit une fourchette beaucoup plus large que celle de $ 120-366 enregistrée la semaine précédente.

Au Brésil, la récolte 2016/17 est attendue à 56,25 millions de sacs de 60 kg en 2016/17, en hausse de 13%, selon le négociant Comexim, dont 44,35 Ms d'Arabica et 11,9 Ms de Robusta. En fin de campagne, soit au 30 juin, le trader estime que les stocks tomberont à 159 774 sacs, son niveau le plus faible de son histoire récente. Notons qu'en juin 2015, ses stocks étaient de 10,6 Ms et au 1er janvier dernier, de 25,56 Ms. En effet, le pays a maintenu ses volumes d'exportation alors que sa production était en baisse ces deux dernières années en raison de fortes sécheresses.

En Côte d'Ivoire, les exportations de café ont fait un bond de 474% en janvier par rapport à janvier 2015, à 4 225 tonnes (t), selon les statistiques provisoires portuaires publiées mercredi, mais en baisse par rapport aux 5 888 t de décembre. Les exportations cumulées sur les 12 mois de l'année 2015 se sont élevées à 63 106 t, en baisse d'environ 10% sur 2014.

L'Ouganda se fixe comme objectif d'exporter 3,8 millions de sacs de 60 kg (Ms) de café cette année contre 3,3 Ms l'année dernière, a souligné Norman Mutekanga du Uganda Coffee Development Authority.

CAOUTCHOUC

Le prix du caoutchouc a bondi aujourd'hui à son plus haut niveau en 3 mois sur le marché à terme de Tokyo, après 4 séances consécutives  de hausse. Plusieurs raisons à cela. Tout d'abord, l'hivernage actuellement en Asie du Sud-Est  (de février à avril en Thaïlande et  Malaisie) réduit les volumes de production.

Deuxièmement, les pays exportateurs ont décidé de réduire de 615 000 t leurs exportations à compter de ce début de mois de mars afin de soutenir les cours.  Chacun des 3 grands pays producteurs-exportateurs –l'Indonésie, la Malaisie et la Thaïlande– devrait réduire de 17 à 20% leurs exportations. L'objectif est de faire remonter le prix à $ 2 le kilo contre $ 1,2 environ actuellement. Le principe est acquis mais reste à savoir comment ses engagements seront respectés et comment els faire respecter.

Troisièmement, le marché estime que les prix du pétrole ont, grosso modo, touché un plancher et ne devraient plus guère baisser, ce qui impacte le prix du caoutchouc synthétique, grand rival du naturel. Enfin, cette semaine, on a assisté à la hausse des prix de nombreuses matières premières, entrainant le caoutchouc naturel.

Résultat, depuis le début de la semaine, l'échéance août a gagné 12,2%, sa plus forte hausse hebdomadaire depuis mai 2013, touchant un plus haut à 174,7 yens le kilo.

En Indonésie, l'industrie estime la production à 3,1 millions de tonnes (Mt), en légère baisse par rapport à l'année dernière en raison de la sécheresse, estime le président de l'association du caoutchouc Gapkindo, Moenarji Soedargo. En octobre, il avait estimé la production à 3,2 Mt pour 2015.

COTON

Une hausse inattendue des exportations américaines de coton et un dollar plus faible ont fait chuter les cours de la fibre blanche sur le marché à terme de New York durant 4 sessiosn consécutives. La livre de coton a touché un plus bas de 54,53 cents, niveau qu'elle n'avait plus enregistré depuis 6 ans et demi. La raison immédiate de cette chute est la publication d'un rapport gouvernemental américain faisant état d'un bond de 57% des exportations nationales durant la semaine qui s'est achevée le 25 février.

Ceci se greffe à une toile de fond baissière en raison, d'une part, des importantes ventes de coton chinois puisé dans les stocks nationaux, d'autre part, de la baisse des prix du pétrole qui rend très compétitif les fibres synthétiques, grandes concurrentes du coton. En deux ans, le prix du polyester a baissé d'un tiers.

Autre élement, les stocks mondiaux de fin de campagne 2015/16 sont attendus en baisse, une baisse de 7% en Chine à 12 Mt, et de 9% dans le reste du monde, à 8,4 Mt, selon le Comité consultatif international du coton (CCIC). Ils devraient être encore plus bas fin 2016/17, à 19,5 Mt, la production étant estimée à 23 Mt, la consommation à 23,95 Mt et les échanges mondiaux à 7,59 Mt.

La production cotonnière du Pakistan a chuté de 34% cette campagne suite aux mauvaises conditions météorologiques dans la principale zone de production, le Punjab, a annoncé ce matin l'association pakistanaise des filateurs de coton (PCGA). C'est la plus forte chute en 40 ans. Le 4ème producteur mondial derrière la Chine, l'Inde et les Etats-Unis a récolté 9,727 millions de balles contre 14,705 millions la saison dernière. Seules 41 filatures opèrent actuelleemnt dans la province contre 135 en 2015.

En Côte d'Ivoire, les exportations de coton ont totalisé 35 920 t en janvier, en baisse de 9% par rapport à janvier 2015 (39 640 t). De ceci, 28 522 t ont été acheminées du port d'Abidjan et 7 398 t de San Pedro, selon les données portuaires provisoires. Les exportations sur l'ensemble de l'année calendaire 2015 ont été de 413 516 t.

 HUILE DE PALME

L'ensemble du compartiment des huiles alimentaires termine la semaine en hausse, l'huile de palme enregistrant deux jours consécutifs de tendance positive des prix. Une hausse cependant muselée par un ringitt plus fort, ce qui renchérit le prix de l'huile et donc réduit sa compétitivité face aux autres oléagineux  sur le marché international.

Pourtant, les prix de l'huile de palme étaient plutôt baissiers en début de semaine, touchant mardi un plus bas en un mois à 2 470 ringgit la tonne. Mais jeudi, la tendance s'est renversée suivant en cela un mouvement général sur les oléagineux, et ce malgré un ringitt toujours fort.

RIZ

Le temps très sec dans le Delta du Mékong, grande région de production au Vietnam, une demande soutenue à l'export notamment d'Indonésie et des Philippines, sans oublier les manifestations d'intérêt de la Chine, tout ceci a entrainé à la hausse les prix du riz vietnamien tandis que ceux de Thaïlande plongeaient par manque de demande. Cela fait deux mois que la situation sur le marché thaïlandais du riz est morose : ses brisures 5% ne trouvent preneurs cette semaine qu'à $ 360-365 la tonne FOB contre $ 373-375 la semaine dernière.

Les exportations vietnamiennes sur les deux premiers mois de l'année ont fait un bond de 109,8% par rapport à la même période en 2015, à 1,01 Mt, a souligné vendredi dernier le ministre de l'Agriculture.

Quant à la récolte en cours, elle devrait atteindre son pic ce mois ci mais le facteur climatique El Niño a considérablement accru la salinisation ce qui dégrade  la qualité. Selon le gouvernement, le delta du Mékong n'aurait pas connu de tels problèmes de sécheresse et de salinisation depuis 90 ans… Ainsi, le 5% brisures a oscillé dans une fourchette plus large que la semaine dernière, entre $ 355 et 367 la tonne FOB contre $ 355-365.

En Indonésie, la production de riz non décortiqué a été de 75,36 Mt en 2015, en hausse par rapport aux estimations initiales de 74,99 Mt, a souligné mardi le chef du Bureau des statistiques.

SUCRE

C'est l'envolée ! Le sucre roux a touché hier, sur le marché à terme de New York, son niveau de prix le plus élevé en deux mois. Le sucre roux a terminé hier soir à 14,84 cents la livre après avoir touché les 14,90 en cours de séance, son plus haut depuis le 4 janvier. Le sucre blanc, quant à lui, a emboîté le pas clôturant à Londres à $ 420,90 la tonne.

Les raisons? Essentiellement la fermeté du real face au dollar, la monnaie brésilienne terminant la semaine au plus haut depuis 3 mois face au billet vert. En conséquence, estime Commerzbank, les opérateurs brésiliens sont moins incités à exporter, ce qui réduit l'offre sur le marché mondial. Et ce n'est pas pour autant que les stocks de sucre au Brésil augmenteraient, car la banque parie sur un accroissement des volumes de canne à sucre allant à la production d'éthanol consommé sur le marché local.

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