Le franc CFA permet de mieux résister aux chocs des prix des matières premières

 Le franc CFA permet de mieux résister aux chocs des prix des matières premières
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Le franc CFA est à sa juste valeur et, loin d'être un frein à la croissance, permet aux pays qui l'ont pour monnaie de mieux résister au choc créé par la faiblesse des cours des matières premières, ont estimé vendredi les responsables financiers de la zone Franc lors de leur réunion semestrielle à la Banque de France à Paris. Une réunion organisée en prélude aux Assemblées annuelles du Fonds monétaire international (FMI) et de la Banque mondiale prévues du 7 au 9 octobre prochain à Washington. A noter que la prochaine réunion semestrielle, en avril prochain, se tiendra à Abidjan.

"Nous menons régulièrement des études économiques pour voir si le franc CFA est surévalué ou sous-évalué par rapport à son niveau économique de très long terme. Aujourd'hui notre réponse est très claire, le franc CFA n'est ni sous-évalué, ni surévalué", a déclaré le gouverneur de la Banque de France, François Villeroy de Galhau, rapporte Reuters.

Il a ajouté que le franc CFA, devise partagée par 14 pays d'Afrique subsaharienne plus les Comores, agissait comme un "mécanisme de protection contra-cyclique", qui évite que son taux de change s'apprécie trop quand les cours des matières premières flambent ou qu'il périclite quand ils sont faibles, comme c'est le cas aujourd'hui, avec pour conséquence des poussées inflationnistes.

Les responsables de la zone Franc se sont ainsi prononcés, faisant suite à des critiques à l'égard de la zone, dont celles du responsable démissionnaire de la Commission économique de l'Onu pour l'Afrique, l'économiste Carlos Lopès, qui a parlé d'un mécanisme "désuet" dans un entretien accordé à nos confrères de RFI.

Une bonne performance économique de l'UEMOA

Une question qui ne serait pas d'actualité, ont souligné les ministres et gouverneurs. "La préoccupation c'est de maintenir la croissance (…) et personne ne peut nous dire que d'autres pays qui ont les mêmes 'challenges' que nous sont mieux lotis", a déclaré le gouverneur de la Banque centrale des Etats de l'Afrique de l'Ouest (BCEAO), Tiémoko Meyliet Koné.

En effet,  dans son ensemble, la zone Franc a enregistré en 2015 de meilleurs résultats en matière de stabilité des prix que le reste de l’Afrique subsaharienne, précise le rapport 2015 de la zone qui est paru à l'occasion de la réunion. S'agissant de l'Union économique et monétaire de l'Afrique de l'Ouest (UEMOA), la croissance économique a accéléré de 6,5% en 2014 à 7% en 2015, grâce en particulier à la poursuite des grands programmes d’investissements publics, et serait de l'ordre de 7,1% en 2016 contre 1,7% dans la Cemac. L’inflation s’est établie à 1%. Le défi majeur maintenant serait de créer les conditions d'une croissance endogène.

Les performances des matières premières en 2015

Le rapport 2015 de la zone Franc évoque la tenue des marchés des principales matières premières, dont voici des extraits.

Cacao. A l’inverse de la plupart des autres matières premières, les cours du cacao se sont appréciés en 2015 (+ 2,4 %), pour atteindre $ 3 346 la tonne (t) en décembre 2015. Le risque d’un déficit de l’offre mondiale de cacao, combiné aux inquiétudes nées de l’épidémie d’Ebola et au vieillissement des plantations des deux principaux pays producteurs –Côte d’Ivoire et Ghana assurant globalement 60 % à 70 % de la production mondiale, a alimenté cette hausse. Les statistiques de l’Organisation internationale du cacao (ICCO) indiquent une production mondiale  2015/16 s’établissant à 4,15 millions de tonnes (Mt) en recul de 5 % par rapport à la campagne 2014-2015.

Café. Les  cours du café Robusta, principale variété cultivée en Zone franc, ont reculé de 12,4  % en moyenne en 2015. La consommation progresse toujours régulièrement dans les pays exportateurs et dans les pays émergents, notamment en Asie (+ 4 % par an depuis dix ans). La concurrence des nouveaux producteurs comme le Vietnam a réduit la part des producteurs africains, qui s’établissait en 2005 à 20 % du marché mondial, contre 11 % en 2015. La production mondiale s’établirait selon l’Organisation internationale du café (ICO) à 144,8 millions de sacs de 60 kilo (Ms) en hausse de 1,6 % par rapport à la campagne précédente pour une consommation estimée à 152,1 Ms.

Huiles d’arachide et de palme.  Les cours des huiles d’arachide et de palme ont évolué de façon contraire en 2015, le prix de la première s’appréciant de 1,8 % quand celui de la seconde se dépréciait de 24,1 %, les productions des dernières campagnes demeurant globalement excédentaires par rapport à la demande mondiale. L’huile de palme subit le contrecoup de la baisse des cours du pétrole, qui a rendu moins attractif les biocarburants.

Coton. Le recul des cours du coton amorcé au deuxième trimestre 2014 s’est poursuivi en  2015 (–  15,3  %). Cette baisse tient principalement à la réduction de la demande internationale, en particulier en provenance de Chine, ce pays ayant mis en place une stratégie de réduction de ses importations de coton et de déstockage de ses importantes réserves. Lors de la campagne 2015/16 la production mondiale a baissé de 17 % pour se situer à 21,7 Mt atteignant, selon le Comité consultatif international du coton (CCIC), le plus bas niveau depuis 2003/04.

Caoutchouc. En  2015, dans un marché excédentaire et face à la forte concurrence du caoutchouc synthétique (dont le cours est lié à celui du pétrole), les cours du caoutchouc naturel se sont considérablement repliés, avec un recul de 20,0 %. Une nette reprise des cours a lieu depuis le début 2016, le caoutchouc naturel bénéficiant de la hausse des prix du pétrole.

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