L’Accord international du café fragilisé ?

 L’Accord international du café fragilisé ?
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On s’agite dans les couloirs de l’Organisation internationale du café (OIC). L’actuel accord international sur le café, signé en 2007, est entré en vigueur le 2 février 2011 pour une période de dix ans, puis prorogé d’un an jusqu’au 1er février 2022. Il ne reste donc plus que quelques mois. Certes, « Si nécessaire, l’accord peut être prorogé pour une durée maximale de huit ans », rappelait une note de la Commission européenne en date du mois de juillet.

« Nous sommes en train de renégocier l’accord. Dans la négociation, il existe deux possibilités : soit on révise l’accord, soit on en négocie un nouveau.  Si on renégocie l’accord, cela prend du temps, donc on est obligé de faire une extension de deux ans dans le cadre de l’accord actuel afin qu’il ne soit pas caduc avant qu’on ait fini de négocier », souligne un proche du dossier.

L’annonce par voie de presse, la semaine dernière, d’un retrait de l’Ouganda a fait l’objet d’une bombe sur la scène diplomatique caféière. Mais à y regarder de plus près, il s’agirait d’une lettre du patron du Uganda Coffee Development Authority (UCDA), Emmanuel Lyamuleme Niyibigira, qui, de sa seule initiative, aurait écrit à l’OIC sans passer par le canal habituel de son ministère des Affaires étrangères ni de l’ambassadeur de l’Ouganda au Royaume Uni, là où siège l’OIC. A y regarder de plus près encore, Emmanuel Lyamuleme Niyibigira achèverait actuellement son mandat à la tête de l’UCDA. Un nouveau comité directeur de l’Autorité nationale devrait être nommé sous peu et c’est alors seulement qu’il sera décidé ou non du renouvellement du mandat du patron de l’UCDA.

Ceci dit, la petite bombe diplomatique de l’UCDA a mis en lumière un mal être de certains pays producteurs au sein de l’OIC, dotn le leader mondial du Robusta, le Vietnam. Il ne s’agit pas d’un coup d’éclat politique à l’instar de l’administration Trump qui avait claqué la porte de l’Organisation le 3 juin 2018, soulignant qu’ils ne voyaient pas l’intérêt d’être membre d’organisations multilatérales, quelqu’elles soient.

De source bien informée, le Vietnam aujourd’hui s’interrogerait sur le maintien de son adhésion, estimant que la charge financière de celle-ci est élevée au vu de la répartition des voix. S’agissant de l’Ouganda, l’OIC a demandé aux autorités nationales de clarifier leur position. Ceci dit, Kampala mais aussi le Vietnam s’interrogeraient véritablement et sembleraient appeler de leurs vœux un nouvel accord. Ils estimeraient que l’ancien ne prend pas suffisamment en compte les préoccupations des producteurs, ne travaillerait pass assez à la transparence du marché, les statistiques, le système de prix, etc.

Aussi -surtout, ils considèrent que le montant des cotisations de chaque pays devrait être calculé en fonction de la valeur créée dans le pays donné dans la chaîne de valeur. Et la valeur créée dans les pays consommateurs est à des années lumières de la valeur des exportations des pays producteurs…

La lettre du patron de l’UCDA à l’OIC est-elle une manœuvre stratégique de l’Ouganda ou une simple maladresse diplomatique de la part du patron de l’UCDA ? A la limite, peu importe. Il apporte sans doute sa pierre à un mouvement tendant à faire évoluer profondément les mécanismes de fonctionnement des organisations internationales de produits de base. Car, il est certain que si l’OIC devait perdre l’Ouganda -n°1 africain, le Vietnam -n°2 mondial et n°1 mondial du Robusta, après avoir perdu les Etats-Unis, l’accord ne pèserait plus très lourd…

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