L’Afrique monte au créneau à la COP26 : l’argent se traduira-t-il en actions ?

 L’Afrique monte au créneau à la COP26 : l’argent se traduira-t-il en actions ?
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L’Afrique n’a pas tardé à s’inviter sur la scène de Glasgow.  Dès le deuxième jour de la 26ème Conférence des Nations unies sur le climat qui a démarré ce lundi en Ecosse (lire nos informations : L’enjeu de la COP26 pour l’Afrique est essentiellement financier pour pouvoir s’adapter), des dirigeants du continent et d’autres du monde entier se sont réunis, mardi en marge de la COP26, pour un sommet sur le programme d’Accélération de l’adaptation en Afrique (PAAA).

L’Afrique mettra $ 6 milliards et en cherche $ 27 pour s’adapter

On a beaucoup discuté argent, avant tout, l’Afrique polluant relativement peu. Le président Félix Tshisekedi de la RD Congo, président en exercice de l’Union africaine et qui présidait cette rencontre, a souligné que les pays africains se sont engagés à apporter un financement de $ 6 milliards pour s’adapter au changement climatique dans le cadre de leurs contributions déterminées au niveau national (CDN). Il a appelé le reste du monde à réunir les $ 27 milliards supplémentaires dont l’Afrique a besoin chaque année.

« Le financement de l’adaptation qui est alloué à l’Afrique est nettement insuffisant par rapport aux énormes ressources dont le continent a besoin pour s’adapter au changement climatique », a déclaré le président Tshisekedi. « C’est pourquoi les pays africains, en collaboration avec le Centre mondial pour l’adaptation, la Banque africaine de développement et d’autres partenaires, ont lancé le Programme d’accélération de l’adaptation en Afrique (PAAA). Ce programme est au cœur des besoins de l’Afrique en matière de changement climatique. Il appartient à l’Afrique et est piloté par l’Afrique. Les nations africaines l’ont approuvé comme étant le mécanisme privilégié pour déployer le financement en faveur de projets d’adaptation en Afrique. »

« Le Programme d’accélération de l’adaptation en Afrique […] permettra à 30 millions d’agriculteurs de bénéficier de conseils en matière de climat à travers des services numériques. Le programme “Technologies pour la transformation de l’agriculture africaine”, soutenu par la Banque africaine de développement et la Fondation Bill et Melinda Gates, a déjà fourni des technologies résilientes au climat à 11,2 millions d’agriculteurs en deux ans seulement », a précisé à son tour le président de la BAD, Akinwumi A. Adesina

« Avec le Programme d’accélération de l’adaptation en Afrique, nous prévoyons toucher 40 millions d’agriculteurs. Nous comptons aider les agriculteurs à produire 100 millions de tonnes métriques de nourriture, ce qui sera suffisant pour nourrir 200 millions de personnes et réduire la faim de 80 % », a-t-il ajouté.

Et les déclarations d’engagements, plus ou moins élevés, ont suivi. Les Etats-Unis examinent la possibilité de mettre sur la table $ 3 milliards par an au financement de l’adaptation d’ici à 2024. Ce serait l’engagement le plus élevé jamais accordé Outre-Atlantique pour réduire l’impact du changement climatique dans les régions du monde les plus menacées.

Un engagement de $ 19 milliards sur les forêts

Quant aux forêts, un sujet au cœur de la problématique environnementale et au cœur des problématiques africaines (du cacao en Côte d’Ivoire, à la Grande Muraille verte au Sahel, en passant par la conservation du deuxième plus grand massif de forêts tropicales après le massif amazonien qu’est le Bassin du Congo, entre autres), il est aussi au coeur de l’agenda de la COP26.

D’ailleurs, dès l’ouverture officielle lundi, l’hôte de la conférence, le Premier ministre britannique Boris Johnson, est monté sur le podium pour annoncer qu’au moins 110 pays -dont le Brésil, très critiqué pour sa politique environnementale, mais aussi la RD Congo ou encore l’Indonésie- représentant 85% des forêts de la planète avaient signé une déclaration s’engageant à stopper et à inverser la déforestation d’ici 2030.

A la clef, $ 19 milliards en financements public et privé sur plusieurs années. De cela, 12 pays alloueront $ 12 milliards entre 2021 et 2025 pour aider les pays en développement à réduire la déforestation, restaurer des terres dégradées et contenir les incendies ; l’Union européenne s’est engagée sur un milliard d’euros sur cinq ans dont 250 millions pour les pays du bassin du Congo. Le reste, soit $ 7 milliards, proviendra de plus de 30 investisseurs privés. Ceci dit, Danny Marks, professeur de politiques environnementales à Dublin City University, fait remarquer que de grandes banques non signataires sont parmi les gros investisseurs d’entreprises impliquées dans la déforestation.

Ces “trente institutions financières, dont Aviva ou Axa, jurent de ne plus investir dans les activités liées à la déforestation”, rapporte le quotidien régional français par Ouest-France. “Il était temps”, poursuit le journal : “entre 2013 et 2019, rien qu’en Europe, les banques ont déversé € 7 milliards dans six groupes alimentaires que le ‘ratiboisage’ d’arbres ne gênait guère”.

Paroles, paroles…

Des annonces accueillies avec un grand scepticisme : déjà en 2014, à New York, plusieurs pays et entreprises s’étaient engagés à diviser par deux la déforestation avant… 2020, rappelle notre confrère.

Si la Déclaration de Glagow rassemble un nombre impressionnant de signataires des pays richement boisés, des grands marchés consommateurs et des centres financiers, il n’en demeure pas moins qu’on risque de réitérer les engagements non tenus précédemment si on manque de moyens”, déclare à Reuters  Jo Blackman qui dirige les politiques forestières chez Global Witness.

Et l’ONG de rappeler que sur la seule année dernière, on a encore perdu des forêts représentant la superficie des Pays bas. Certes, le taux de déforestation a baissé ces deux dernières décennies mais encore environ 10 millions d’hectares sont encore perdus chaque année.

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