Le ministre ivoirien Sangafowa répond à l’émission télé ‘Envoyé Spécial’ sur les enfants dans le cacao

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Jeudi, lors de la conférence sur la coopération agricole entre la France et la Côte d’Ivoire (lire nos informations Le ministre ivoirien Sangafowa invite Emmanuel Macron au SARA 2019 à Abidjan) au Salon international de l’agriculture (SIA) à Paris, le ministre ivoirien Mamadou  Sangafowa Coulibaly a profité d’une question de la salle pour réagir, en France, publiquement, à l’émission d’Envoyé Spécial diffusé le 10 janvier dernier sur France2 et qui avait pour thème Cacao : les enfants pris au piège ( lire nos informations Lorsque ‘Envoyé Spécial’ se penche sur le cacao).

Les “vrais objectifs” d’Envoyé Spécial

Sur la forme, “Le documentaire, nous l’avons découvert comme tout le monde” lors de sa diffusion, relève le ministre. Sans porter de jugement sur la qualité du travail journalistique et d’enquête, a-t-il poursuivi, on peut s’étonner que “nulle part, la parole n’ait été donnée aux autorités ivoiriennes pour qu’elles puissent livrer leur appréciation de la réalité.” “Si l’information a été traitée“, convient-il, il y a manifestement “un déséquilibre“. D’où son interrogation quant aux “vrais objectifs d’un tel documentaire“. Car “l’essentiel est d’être constructif. Il ne s’agit pas de nuire pour nuire. Je ne dis pas qu’ils voulaient nuire, mais sans doute attirer l’attention“.

Quant au fond, il y a un “véritable sujet“, déclare Mamadou Sangafowa Coulibaly. “Il y a longtemps que le pays est sorti du déni du travail des enfants : nous savons que la pratique existe. Et puisque nous le reconnaissons, le gouvernement a pris des positions.” Tout d’abord, rappelle-t-il, en légiférant -le Code du Travail sanctionne la pratique, ensuite en créant un Comité de surveillance du travail des enfants, le ministre saluant, à cette occasion, le travail de la Première dame de Côte d’Ivoire, Dominique Ouattara, qui a aussi “organiser une sensibilisation au niveau de la sous-région. Son travail a permis de faire “la part des choses” entre le travail ‘socialisant’ [d’enfants travaillant aux côtés de leurs parents] et les enfants esclaves”.

Le vrai problème est le revenu du planteur

Pour le ministre, “Tout ceci pose le problème de base des revenus des producteurs“. Lorsque le président Alassane Ouattara est arrivé au pouvoir, a-t-il rappelé, il a demandé à ce que les producteurs aient un revenu et une part équitable du prix CAF (cout-assurance-fret) : une loi a été votée pour que les producteurs aient “au moins” 60% du prix CAF.  Car, a-t-il affirmé au SIA, “On ne peut pas parler de durabilité si le producteur ne trouve pas son compte”. D’ailleurs, “Après cette réforme, on a vu que le planteur donnait une meilleure qualité.

Ceci dit, s’il s’agit de 60% du prix CAF, la détermination de ce prix CAF échappe à la Côte d’Ivoire puisque fixé sur les marchés mondiaux du cacao (sur cette question, lire la récente prise de position de la Colombie sur le café). Alors, “Comment améliorer ce prix CAF ?“, s’est interrogé le ministre. Cela relève d'”une opération collective et c’est pourquoi nous nous sommes rapprochés du Ghana“. Et le responsable gouvernemental de reprendre des chiffres qui font réfléchir (lire nos informations Le cacao à Berlin : financer la durabilité par la TVA des pays consommateurs, ainsi que Mamadou Sangafowa : Vous voulez un cacao zéro déforestation ? Payez mieux le producteur…) : le marché mondial du chocolat représente $ 120 milliards par an, selon les chiffres de la Banque mondiale. Or, seulement 5% de cela revient aux pays producteurs. Et ces 5% se répartissent entre tous les acteurs au sein de la filière du pays producteur. Aussi, sur ces 5%, seulement 2% revenaient au producteur ivoirien et aujourd’hui 3%. C’est mieux mais le problème reste entier : comment le pays producteur peut-il percevoir plus que 5% ? Ca passe par la transformation locale“, Mamadou Sangafowa Coulibaly citant en exemple le groupe chocolatier français Cemoi qui “va jusqu’au produit fini“. Mais cela passe aussi par le “consommateur qui doit acheter une tablette sur laquelle est précisée combien va au planteur.” Une option qui rappelle, entre autres, l’inititaive sur le lait en France (cf. photo ci-jointe). “Si le paysans gagne plus, il pourra employer des gens, envoyer ses enfants à l’école et ne pas abattre d’arbres” car il pourra investir dans la productivité.

Car l’environnement était l’autre facette du propos du ministre ivoirien, son homologue français, Didier Guillaume, ayant entamé son propre discours, jeudi à la conférence Côte d’Ivoire au SIA, par des considérations environnementales, rappelant que Paris s’était engagé d’ici 2030 à ne pas importer de produits qui impactent la déforestation (lire nos informations Le ministre ivoirien Sangafowa invite Emmanuel Macron au SARA 2019 à Abidjan). Et Mamadou Sangafowa Coulibaly de rappeler l’engagement du président Ouattara à développer une agriculture zéro déforestation, avec un nouveau Code forestier qui est passé en Conseil des ministres fin janvier et qui passera “dans un mois” à l’Assemblée nationale (lire nos informations Nouveau code forestier en Côte d’Ivoire). sans oublier, entre autres, la Déclaration de politique forestière qui promeut l’agroforesterie afin “de recouvrer 20% de notre couvert forestier perdu. Ce qui requiert des moyens et des financements“.

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