L’ICAC à Abidjan : Signal de détresse sur le marché du coton

 L’ICAC à Abidjan : Signal de détresse sur le marché du coton
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Il aura fallu qu’un drone vienne se fracasser sur le mur de la salle de conférence durant une présentation sur les nouvelles techniques agricoles pour que les quatre cents délégués venus du monde entier esquissent un sourire.

Pourtant la semaine avait bien commencé. Rassurés par un moratoire de trois mois signé par les présidents Trump et Jin Ping (voir L’ICAC à Abidjan : “Remontada ou feu de paille sur le marché du coton ? ) les participants ont vu leur enthousiasme douché. Malgré une salve de tweets euphoriques de Donald Trump, s’auto congratulant de l’accord trouvé avec son nouveau partenaire, rien n’y fait le marché ne réagit pas.

Après avoir salué l’accord, tous les acteurs du monde cotonnier ont affiché leur perplexité face aux données fondamentales qui les incitent à la plus grande prudence. Dès l’allocution phare de toute réunion de l’ICAC, le rapport sur l’état du monde cotonnier, les bases étaient posées ; le marché est trop incertain pour s’aventurer à dire s’il va monter ou descendre.

Les observateurs ont interprété cette absence de prise position comme une appréhension de voir le marché ployer sous le poids de données fondamentales inquiétantes ou de voir un retour massif des fonds spéculatifs à l’achat ce qui pourrait propulser les marchés financiers très haut très rapidement. L’effet de l’un ou de l’autre scénario est dévastateur pour l’industrie.

Spéculer sur l’attitude que pourrait tenir les fonds est plus difficile pour les experts présents que de se concentrer sur les éléments tangibles en leur possession. Un consensus se dessine pour dire que les estimations de consommation sont largement surévaluées. La demande reste atone et la Chine étrangement peu présente à ce jour. Enfin, la qualité des récoltes questionne toujours sur l’adéquation de l’offre à la demande dans les mois qui viennent.

Les cours sur la bourse de New York ont suivi la même trajectoire avec une forte hausse une fois l’annonce de l’accord faite pour finalement retomber comme un soufflet.

Comme me l’ont confié plusieurs participants, l’année va être dure, coincée entre des cotonculteurs aux coûts de production toujours plus élevés et des filateurs qui voient les stocks de filés qui ne cessent de grossir. Les négociants, pour leur part, n’ont d’autre solution que de stocker les cotons dans les ports en Asie en attendant de trouver un filateur intéressé.

Espérons que d’ici ce soir, une embellie se profile pour clôturer les travaux de cette 77éme réunion de l’ICAC à Abidjan pour que naisse un nouvel espoir et non, comme beaucoup le craigne, un appel de détresse pour secteur en danger.

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