Filière cacao : la guerre contre la déforestation est ouverte

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Les plans d’action contre la déforestation et pour restaurer les zones forestières dans les chaines d’approvisionnement du cacao ont été publiés en Côte d’Ivoire et au Ghana. “Cette divulgation publique fait partie des engagements de mise en œuvre de l’Initiative cacao & forêts, lancée en novembre 2017 à Bonn, en Allemagne, lors de la Conférence des Nations unies sur les changements climatiques“, souligne la Fondation mondiale du cacao dans un communiqué publié lundi (lire nos information hier sur Nestlé présente son plan d’action cacao & déforestation en Côte d’Ivoire et Ghana).

Les gouvernements et les entreprises se sont engagés à ne plus convertir de zone forestière pour produire du cacao. Ils se sont engagés à éliminer la production illégale de cacao dans les zones protégées, conformément à une application plus stricte des politiques forestières nationales et le développement de moyens de subsistance alternatifs pour les agriculteurs touchés. Ces actions combinées joueront un rôle crucial dans la séquestration des stocks de carbone et dans la lutte contre les changements climatiques mondiaux et locaux, en conformité avec l’Accord de Paris sur le climat“, est-il précisé.

Le Plan national pour la Côte d’Ivoire s’appuie sur la nouvelle Politique nationale de préservation, de réhabilitation et d’extension des forêts adoptée par le gouvernement en mai 2018. Un nouveau Code forestier a été adopté par le gouvernement le 30 janvier (qui reste à être approuvé par l’Assemblée nationale en avril), un Fonds national de préservation et de réhabilitation des forêts a été créé, et un système national de traçabilité du cacao a été mis en oeuvre avec la mise en œuvre de projets pilotes dans cinq régions prioritaires.

Le Plan national pour le Ghana s’appuie sur la stratégie du programme REDD+ Forêt Cacao au Ghana pour réduire de manière significative les émissions de gaz à effet de serre dues à la déforestation et améliorer les stocks de carbone par le biais d’une gestion durable des forêts. Il s’agit d’intensifier les approches paysagères dans six zones d’intervention, d’améliorer les rendements en cacao grâce à l’adoption de pratiques écologiquement rationnelles et adaptées au climat, et renforcer la cartographie de la chaîne d’approvisionnement.

Trente-trois sociétés*, représentant environ 85% de la consommation mondiale de cacao, ont rejoint l’Initiative cacao & forêts. Chaque entreprise a maintenant achevé son plan d’action initial précisant les mesures qu’elles prendront sur la période 2018-2022. Ces plans initiaux seront mis à jour dans le courant de cette année  lorsque les gouvernements auront achevé plusieurs étapes en cours, notamment la révision des politiques et réglementations relatives à l’utilisation des terres, la cartographie des zones protégées et la collecte de données clés sur l’utilisation des forêts et des terres. Chaque entreprise dévoilera publiquement son propre plan d’action initial au cours des trois prochaines semaines ; Nestlé l’a fait hier (lire nos informations).

Les actions clés sur le terrain sont par exemple : la réalisation par les gouvernements d’enquêtes sur l’utilisation des terres et les données socio-économiques dans les zones prioritaires afin de collecter les informations de base nécessaires à la conception de nouveaux programmes d’agroforesterie et de conservation; la mise au point d’une cartographie des plantations et de traçabilité ; le développement de nouveaux couloirs de conservation pour relier des réserves forestières fragmentées et la gestion des paysages par la communauté ; l’investissement afin de «produire plus de cacao sur moins de terres», en mettant l’accent sur les techniques adaptées au climat, la formation, l’accès aux financements, des investissements dans des systèmes agroforestiers; la promotion de pratiques agricoles respectueuses de l’environnement, comme le lancement de contrats de paiements directement des producteurs pour services environnementaux ; des réformes du régime foncier pour que les agriculteurs obtiennent la propriété officielle d’arbres non cacaoyers de valeur et investissent dans des systèmes agroforestiers ; le recours à la surveillance par satellite pour suivre la déforestation illégale.

Rappelons que la Côte d’Ivoire et le Ghana, qui produisent environ 65% de la production mondiale de cacao, ont perdu respectivement 17% et 13% de leur couverture forestière entre 2001 et 2017, principalement en raison d’empiètements agricoles. On estime qu’au moins 2,3 millions d’hectares de forêts tropicales humides de Haute-Guinée en Côte d’Ivoire et au Ghana ont été défrichés pour des plantations cacaoyères entre 1988 et 2007.

*Arysta Callivoire, Barry Callebaut, Blommer Chocolate Company, Cargill Cocoa and Chocolate, Cémoi, Chocolats Halba, Cocoanect, Cococo Chocolatiers, ECOM Group, Fazer, Ferrero, General Mills Inc., Godiva Chocolatier Inc., Guittard Chocolate Company, The Hershey Company, Indcresa, Lindt & Sprüngli Group, Marks & Spencer Food, Mars Wrigley Confectionery, Meiji Co. Ltd., Mondelēz International, Nestlé, Olam Cocoa, PBC Limited, Sainsbury’s, SIAT, Tesco, Toms Group, Touton, Tree Global, Unilever, Valrhona et J.H. Whittaker & Sons.

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