06 mai 2010 - 00:00 |

La Chronique Matières du Jeudi

La Grèce pèse sur la plupart des marchés

(06/05/10)

La situation grecque et surtout son effet contagion sur d’autres pays européens pèsent sur l’euro. Ce qui inquiète les marchés en général et de matières premières en particulier.

Bois. C’est toujours l’expectative sur le marché du bois tropical africain car le Gabon n’a pas encore détaillé sa mesure interdisant l’exportation des grumes. Les embarquements des grumes récoltées avant le mois de janvier, donc avant que ne soit émise l’interdiction, devraient être achevés à la fin de ce mois, rapporte la lettre d’information de l’OIBT. Mais c’est encore le flou le plus complet quant aux arbitrages qui seront faits sur les questions des quotas et des volumes récoltés.
De façon générale, le marché se caractérise par une bonne demande pour les essences secondaires étant donné qu’on manque d’essences primaires. Ces essences secondaires venant notamment du Cameroun et du Congo sont particulièrement convoitées et, selon l’OIBT, les disponibilités en grumes de ces deux pays seront insuffisantes pour honorer la demande, notamment de Chine.
En revanche, la demande européenne pour les bois tropicaux d’Afrique demeure faible, même si on a pu noter une certaine activité de la part d’acheteurs français. Les importateurs italiens, quant à eux, sont toujours très présents. Quant au Royaume Uni, les opérateurs retiennent leur souffle jusqu’au dénouement des élections qui se tiennent aujourd’hui.
Globalement, ces deux dernières semaines, on a enregistré des prix à la hausse pour l’azobé, l’iroko, l’okan, le padouk, le tali, tandis que le bibolo, le bubinga, l’okoumé, le sapeli, le sipo perdaient.
Enfin, l’activité demeure faible sur le marché des sciages avec des prix inchangés.

Cacao. Le cacao demeure imperturbable. Le marché mondial (toujours en déport) est au plus haut car les fonds d’investissements et spéculatifs continuent d’acheter malgré la grande fermeté du dollar mais aussi de la livre sterling face à l’euro. Il a atteint à Londres en début de semaine son plus haut en 32 ans !
Une situation qui devrait prochainement basculer et ce pour plusieurs raisons. Tout d’abord, les fonds ne pourront pas maintenir très longtemps leur position à l’achat car elle est très coûteuse vu la fermeté du dollar et de la livre. « Pour l’instant, ils s’accrochent mais il y a déjà eu un premier coup de semonce mardi », explique un trader. Si le marché a baissé pour de suite se ressaisir, il devrait prochainement décrocher de £ 150 à 200 la tonne, estime-t-on. En effet, si les observateurs ont enfin pris conscience que la consommation avait rebondi (mais les prix élevés pourraient atténuer cet essor, selon Kona Haque de Macquarie Bank), les récoltes intermédiaires dans les pays producteurs (notamment en Côte d’Ivoire) s’annoncent meilleures que prévues.
A noter, s’agissant de l’évolution de la prochaine campagne qui s’ouvrira en septembre-octobre, que les pluies en Côte d’Ivoire sont revenues. Au Ghana, les achats effectués par les opérateurs privés et déclarés auprès du Cocobod seraient en baisse de 10% sur la période allant du début de la campagne en octobre au 22 avril dernier par rapport à pareille époque l’année dernière, soit 527 885 t contre 587 258 t.
En Asie, depuis que le gouvernement a imposé une taxe à l’exportation en avril, les exportations de fèves de la province du Lampung en Indonésie, la principale région productrice de l’île de Sumatra, ont chuté de 63,6%.

Café. Le café semble se consolider dans la partie haute de sa fourchette. On a ainsi pu constater une forte hausse du marché à New York en Arabica hier soir, après avoir testé plusieurs fois le niveau de 130 cts, les cours sont rapidement remontés à 138.50 essentiellement sur des couvertures de short. Londres a suivi pour tester de nouveau $ 1 420 la tonne sur septembre sans pouvoir maintenir la hausse, alors qu’entre temps New York a rebaissé à 134 cts.
En réalité, tous ces mouvements n’ont guère attirer d’intérêt sur le physique, les différentiels étant trop élevés pour les négociants et la chute de l’euro paralyse les acheteurs. « Wait and see » demeure l’attitude et la position générale des acteurs de la filière.
Parmi les pays producteurs africains, on peut noter la baisse de 26% des exportations ougandaises en avril, à 152 640 sacs de 60 kgs, par rapport au mois d’avril 2009, selon le Uganda Coffee Development Authority (UCDA), conséquence de la sécheresse en 2009. En mars 2010, ces exportations ont atteint 217 809 sacs.
Au Kenya, le groupe Sasini, spécialisé dans le café et le thé, a doublé ses bénéfices sur le premier semestre de son exercice qui s’est achevé en mars. Les prix de ces deux produits se sont en effet inscrits en forte hausse et le secteur s’est redressé suite à la sécheresse l’année dernière.

Coton. A l’instar de la plupart des autres matières premières, sur fond de considérations monétaires, le coton a terminé hier en baisse sur le marché à terme de New York. Mais, globalement, les cours demeurent à des niveaux élevés : ainsi, en Côte d’Ivoire, où le prix au planteur devrait être fixé vers la mi-mai, on s’attend à ce qu’il soit porté à FCFA 200 le kilo contre 175 la campagne dernière.
Le bon niveau des cours mondiaux a déjà stimulé toute la filière du pays : la production ivoirienne 2010/11 est attendue en hausse de pas moins de 25%, estime Kouadio N’Guetta, secrétaire exécutif de l’association cotonnière. Des 200 000 t enregistrées pour la campagne 2009/10, celle à venir pourrait atteindre 220 000 voire 250 000 t. On demeure tout de même loin des 400 000 t que le pays produisait avant la guerre civile de 2002/03. Du moins, selon les chiffres officiels car, en réalité, on ignore combien sort du pays en fraude.
Du fait de ces prix incitatifs, le nombre de cotonculteurs ivoiriens devrait atteindre 100 000, soit 30 000 de plus que la campagne dernière et plus du double par rapport à 2008/09. Ceci sera confirmé dans quelques semaines lorsqu’auront lieu les premiers ensemencements.
Selon M. N’Guetta, 139 000 t de coton de la campagne 2009/10 ont déjà été collectées par les égreneurs et 60 000 à 70 000 t resteraient à l’être.

Huile de palme. La baisse du dollar et donc la baisse du prix du pétrole ont une incidence directe sur le secteur des oléagineux, leur fonction de biocarburant étant, comme chacun le sait, croissant. Aussi, le soja a baissé et l’huile de palme a suivi mardi en touchant un plus bas en deux semaines, avant de se ressaisir mercredi

Riz. En avril, les cours mondiaux du riz ont poursuivi leur baisse cédant près de 9% en moyenne, soit une chute cumulée entre 20 et 30%, selon les origines, depuis le début de l’année. Les importateurs, contrairement aux prévisions, semblent miser sur de nouvelles baisses avant de revenir sur le marché, souligne Patricio Mendez del Villar dans sa lettre mensuelle Osiriz. Aussi, les exportateurs subissent actuellement une forte pression car l’absence de nouveaux contrats et les risques de nouvelles baisses des prix pourraient signifier des pertes sèches pour ceux qui se sont approvisionnés en début d’année. Début mai, on observait cependant des signes de stabilité des cours et les prémices d’une reprise du marché. En avril, l’indice OSIRIZ/InfoArroz (IPO) a reculé de 17,3 points à 206,5 points (base 100=janvier 2000) contre 223,8 points en mars. Depuis début 2010, l’indice des prix mondiaux a chuté de 54 points.
A noter que le riz pakistanais serait devenu plus compétitif par rapport à la Thaïlande et au Vietnam grâce à des coûts de transports plus bas, notamment à destination de l’Afrique. Les cours au Pakistan ont cédé 7% en moyenne sur le mois d’avril.
En Afrique, les importations ont été peu actives dans l’ensemble en raison des stocks suffisants. Les importateurs seraient aussi dans l’attente de nouvelles baisses des prix avant de passer commande. La production 2009/10 aurait progressé de 5% par rapport à la compagne précédente, notamment dans le pays ouest-africains. Dans les mois à venir, il pourrait avoir un intérêt accru pour du riz pakistanais et birman grâce à des prix plus compétitifs par rapport aux riz thaïlandais et vietnamiens.

Sucre. Remontée du dollar, récolte record au Brésil, belles perspectives de production en Inde, les fondamentaux sont plutôt baissiers sur le marché du sucre du moins sur le court et moyen terme. Le roux sur la position juillet à New York s’établit à 14,41 cents la livre ; rappelons que le 1er février dernier, il était à son plus haut en 29 ans à 30,40 cents ! Quant au sucre blanc, coté à Londres, il a lui aussi baissé, cotant $ 540, 80 la tonne après avoir touché $ 440, son plus bas depuis neuf mois et demi. Mais certains analystes demeurent confiants dans un rebondissement du marché à terme qui serait, certes, aider en cas de turbulences météorologiques au Brésil où la récolte se poursuit.

Publicité

Votre publicité sur notre site

En savoir +