Recherche agricole, l’Afrique francophone à la traîne

 Recherche agricole, l’Afrique francophone à la traîne
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En matière de recherche agricole, les chercheurs francophones de l’Afrique de l’Ouest et centrale sont très en retard par rapport à leurs homologues anglophones du continent. C’est un sévère constat qui a été fait lors d’une session Centre de recherches pour le développement international (CRDI) et du gouvernement canadien, sur le thème « Pour une recherche pleinement impliquée dans les systèmes d’innovation alimentant les multiples voies d’intensification durable de l’agriculture et ayant un impact visible et rapide sur les conditions de vie des populations » lors du Forum pour la révolution verte en Afrique (AGRF), qui s’est ouvert lundi à Abidjan.

Kymseyinga Savadogo, directeur de programme à l’Institut international de recherche sur les politiques alimentaires (IFPRI) dresse un constat alarmant du niveau de la recherche sur plusieurs niveaux. Ainsi, aucun pays francophone ne se situe dans les sept pays qui ont le niveau de financement le plus élevé dans la recherche. A la faiblesse du nombre de chercheurs francophones s’ajoute son vieillissement, sur les dix pays du continent ayant le plus de chercheurs de plus de 50 ans, six sont francophones. Autre point souligné par le chercheur burkinabè, les résultats de la recherche sont insuffisants. Sur les quelque 5 000 publications annuelles dans le domaine, seule une trentaine émane de chercheurs africains francophones, souligne la BAD dans un communiqué.

Enfin, « Plus inquiétant, la recherche francophone fait face à l’inadaptation des curriculums qui ne sont pas en adéquation avec les besoins des étudiants. La formation dans les sciences de l’agriculture a tendance à se faire en vase clos et la richesse de la recherche est aussi limitée par le fait que la littérature est souvent en anglais et l’essentiel n’est pas compris pour en faciliter une exploitation optimale » déplore Kymseyinga Savadogo.

En avril dernier, Agricultural Science and Technology Indicators (ASTI), a publié un rapport sur l’état de la recherche agricole dans 40 pays d’Afrique sub-saharienne sur une période de 15 ans (de 2000 à 2014). Une étude, qui souligne les progrès réalisés dans la recherche agricole avec une hausse globale des dépenses de près de 50% entre  000 et 2014, mais très inégalement répartie, et une augmentation de 70% de l’effectif total des chercheurs agricoles. Toutefois, l’étude confirme aussi la suprématie des pays anglophones en la matière. Sur la seule année 2014, trois pays – l’Afrique du Sud, le Kenya et le Nigeria – ont réalisé près de la moitié des investissements dans la recherche agricole (au total plus de $ 1,1 milliard) tandis que l’Éthiopie, le Ghana, la Tanzanie et l’Ouganda ont chacun dépensé́ plus de $100 millions . En revanche, la plupart des pays d’Afrique de l’Ouest francophone ont dépensé moins de $10 millions. En outre, les trois-quarts du surcroit de dépenses – environ $ 800 millions- sur la période provient de l’Afrique du Sud, de  l’Ethiopie, du Ghana, du Nigeria et de l’Ouganda. Un constat similaire quant au nombre de chercheurs. Sur environ 15 000 chercheurs, 46% se situent en Ethiopie, au Nigeria et au Kenya.

Le rapport souligne également la forte dépendance financière de la recherche agricole à l’égard des bailleurs de fonds, particulièrement pour les pays francophone de l’Afrique de l’Ouest.

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