Karim Ait Talb : “Il faut casser l’image d’une Afrique où l’agriculture ne peut pas se développer”

 Karim Ait Talb : “Il faut casser l’image d’une Afrique où l’agriculture ne peut pas se développer”
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« L’Afrique est plurielle et donc on peut tout faire en Afrique, tout produire -des céréales, des fruits, de la pêche, de la viande, etc. Il faut casser l’image d’une Afrique où l’agriculture ne peut pas se développer. C’est faux. Il faut un déverrouillage psychologique sur l’Afrique. Le continent est un pilier de l’agriculture mondiale mais il s’ignore… », a affirmé hier Karim Ait Talb, directeur général de Géocoton, à la troisième édition d’Ambition Africa qui se tient aujourd’hui encore au ministère des Finances à Paris, aux veilles du Sommet Afrique France qui se tiendra vendredi à Montpellier.

Devant un aéropage en grande majorité composée de membres de la diaspora, le responsable cotonnier a précisé que pour faire bouger les choses, « il faut passer par le secteur privé et non les bailleurs ou les gouvernements car la théorie du ruissellement vers le bas (« trickle down effect »), ndlr) ne fonctionne pas. L’agriculture n’obtiendra réellement des financements que par la contractualisation.

« Le temps est au changement », affirme-t-il, confiant, à l’instar de Philippe Leroux, directeur général de la Fondation Avril, qui en appelle à un changement de paradigme : « Il faut arrêter de parler d’agriculture et plutôt parler d’alimentation. Produire pour produire ne créé pas de valeur. Il faut identifier les besoins et créer de la valeur. »

Et cette transformation locale se fera, qu’on le veuille ou non, en raison de l’impact écologique. Les considérations environnementales représentent donc une vraie opportunité pour l’Afrique (lire notre article sur la biomasse en Côte d’Ivoire), estime Mounir Boulkout, patron de Selt Marien Group qui, à partir d’algues, produit de la protéine végétale. Une activité essentielle sur un continent qui affiche un déséquilibre majeur entre glucides et protéines. D’où l’importance de retravailler l’autonomie protéique du continent, indique Philippe Leroux qui, par ailleurs, glisse : « Depuis 30 ans, la Coopération française a dépensé beaucoup d’argent mais qui n’a servi à rien. »

Pour tout ceci, Karim Ait Talb en appelle au protectionnisme des filières, notamment coton. « Il faut protéger la filière coton pour protéger toute une chaîne de valeur. Au-delà du coton, il faut protéger les filières africaines qu’on veut développer. » C’est ce qu’appelle Marc Debets, président Apexagri, « l’intégration et l’intelligence des filières ». Et pour ce faire, il faut des marchés protégés, estime à son tour Philippe Leroux.

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