La Chronique Matières du Jeudi (7 janvier 2016)

Partager vers

Les marchés financiers en Chine dévissent, entrainant à la baisse l'ensemble des marchés financiers et matières premières qui glissent déjà depuis le début de la semaine. La bourse à Shanghai a baissé de 7% aujourd'hui, sa deuxième chute depuis le début 2016, année qui vient de démarrer…  A ceci s'est greffée la décision de la banque centrale de Chine de baisser de 0,5% son taux d'escompte, sa plus forte baisse depuis la dévaluation en août.  Parallèlement, la livre sterling est tombée à son plus bas en 5 ans et demi face au dollar car on s'attend à ce que la Banque d'Angleterre relève ses taux d'intérêts cette année.

 

CACAO

La fève chute en ce début d'année ! Le marché à terme à Londres est aujourd'hui très actif et très volatile, entrainés par la baisse sur quasiment l'ensemble des marchés financiers et matières premières. A ceci se greffe, s'agissant plus précisément du cacao, des incertitudes quant aux perspectives de récoltes en Afrique de l'Ouest. Depuis 3 semaines, les spéculateurs comme les autres opérateurs sur le marché réduisent leurs positions longues. Après avoir touché son plus faible niveau depuis mai dernier ($ 2 898 la tonne), le cacao a terminé à Londres  Ã  $ 2 928 la tonne.

Depuis le début de la semaine, le prix de la tonne de fève a perdu près de 10%, passant en dessous de la barre des $ 3 000 la tonne pour la première fois en 8 mois. Aujourd'hui, le cours du cacao est 15% moins cher que son plus haut atteint courant décembre mais il faut noter qu'il était alors à son niveau le plus élevé depuis 5 ans. Une baisse enregistrée cette semaine lors que les arrivages aux ports de Côte d'Ivoire sont de 2,4% inférieurs aux volumes enregistrés à la même date la campagne dernière, à 804 000 tonnes entre le 1er octobre, démarrage de al campagne 2015/16, et le 3 janvier, contre 824 000 t sur la même période la campagne dernière.

Actuellement, si les vents secs de l'harmattan se sont calmés dans la plupart des régions ivoiriennes de production, un temps très sec et très chaud suscite des inquiétudes quant à la taille et la qualité de la récolte encore à venir.

En Indonésie, les exportations de la province de Lampung, sur l'île de Sumatra, ont chuté de 76% sur l'année 2015, à 1 602,5 tonnes (t). En 2014, ces exportations avaient chuté de 76% à 6 697,79 t. De septembre à Décembre derniers, aucune fève n'a été exportée alors que 700 t l'avaient été sur la même période en 2014. Aucune explication à cette baisse n'a été fournie. Selon l'Association indonésienne du cacao, la récolte devrait être aussi basse qu'en 2015 lorsqu'elle avait touché des planchers historiques, car la pluie peut avoir endommagé la récolte.

 

CAFÉ

A l'instar d'autres matières premières, l'Arabica comme le Robusta ont perdu cette semaine après avoir déjà vu leurs prix chuter de 24% et 21% respectivement en 2015.  Le Robusta semble donc mieux tirer son épingle du jeu que son grand frère, soutenu par l'inquiétude de sécheresse dans l'Etat d'Espirito Santo au Brésil et par la réticence des producteurs vietnamiens à vendre à des prix aussi bas.

Mais pour combien de temps encore ? Difficile à dire car beaucoup dépend de l'évolution de la météo et donc de la récolte au Brésil, mais aussi au Vietnam et en Indonésie où il fait également très sec en raison d'El Niño. Ceci dit, ABN Amro rappelle tout de même que ces 15 dernières années, la demande mondiale en café a fait un bond de 40% alors que la production n'a progressé "que" de 25% sur la même période, obligeant à puiser dans les stocks. Le marché mondial aujourd'hui est, par conséquent, beaucoup plus à la merci de la situation des récoltes en cours bien que, il faut le souligner, le Vietnam comme l'Indonésie recourent beaucoup plus à l'irrigation. Commerzbank souligne que certains s'attendent à ce que la récolte au Vietnam atteigne 28,5 voire 29 millions de sacs de 60 kilos.

Cette semaine, les exportations d'Indonésie ont été faibles en raison d'une demande peu active et des prix décourageants pour les producteurs et exportateurs.  Au Vietnam, où la récolte 2015/16 a pris fin, les Robusta Grade 2 se sont vendus à prime de $ 20 à 35 la tonne par rapport à la cotation sur Londres contre une surcote de $ 30 à 35 la semaine dernière. Pourtant, là encore, l'offre est limitée car les producteurs rechignent à livrer leur café à de tels prix.

Côté Arabica, la Fédération des planteurs de café en Colombie a annoncé hier que la récolte 2015 avait été la plus importante en 23 ans, à 14,2 millions de sacs de 60 kg. Il s'agit d'une récolte en hausse de pas moins de 82% par rapport à 2012. Le pays a exporté 12,7 Ms en 2015, soit 16% de plus qu'en 2014.

Au Honduras, les exportations d'Arabica ont augmenté de 12% en décembre par rapport à décembre 2014. Le pays s'attend à exporter 5,52 Ms en 2015/16, soit 10% de plus qu'en 2014/15, signe du redressement de la filière après avoir été gravement éprouvée ces dernières années par la maladie de la rouille.

CAOUTCHOUC

Les cours du caoutchouc ont rebondi jeudi, mettant fin à trois séances de baisse, les investisseurs couvrant leur position courte après la  forte chute des prix. Mais la reprise pourrait être de courte durée. « Je ne pense pas que les prix de TOCOM ont encore  touché le fond tant le sentiment baissier est propagée partout », estime Hiroyuki Kikukawa, directeur général de Nihon Unicom Inc.

Le ralentissement en Chine et aux Etats-Unis dans un contexte d’une offre excédentaire a poussé les prix du caoutchouc a un plus bas depuis 2009 à 148,2 yens le kilo pour le contrat de juin. Le marché du caoutchouc a enregistré en 2015 sa plus forte baisse annuelle depuis 2011 avec un recul de 25% des prix.

La croissance de la demande mondiale de caoutchouc naturel devrait ralentir à 1,3% pour s’établir à  12,6 millions de tonnes (Mt) cette année, tandis que la production augmenterait  de 3,8 % à 13 Mt. Le surplus devrait s’établir à 411 000 tonnes, selon le Rubber Economist Ltd.  En outre, les stocks sur le Shanghai Futures Exchange, à la fin de 2015 s’élevaient à  249 307 tonnes, soit leur plus haut niveau depuis janvier 2003.

En Inde, le prix du caoutchouc naturel  a également chuté à un plus bas de 6 ans et demi mercredi en raison de la baisse des prix sur les marchés internationaux et une demande atome. Le prix au comptant de plus échangé RSS-4  sur le marché de Kottayam dans l’État du Kerala a chuté de 65 roupies à 10 000 roupies les 100 kilos. «Les fabricants de pneumatiques reportent leurs achats dans l’attente d’une baisse supplémentaire des cours », a déclaré un courtier basé à Kochi.

COTON

Les cours du coton ont touché un plus bas un bas de six semaines dans un volume élevé mercredi avec en toile de fonds la santé de l ‘économie chinoise.

Au Mali le président de la Compagnie malienne de développement des  textiles (CMDT) a été limogé. Modibo Kone, ingénieurs des sciences appliquées, a été nommé administrateur de la CMDT lors du conseil des ministres du 23 décembre.

Le Turkménistan a produit 1,1 million de tonnes de coton en 2015  contre 1,113 Mt en 2014 selon la compagnie d’État Turkmenpagta. Le pays  exporte moins de la moitié de sa production de coton.

Les arrivées de coton au Pakistan pour la campagne en cours s’élèvent à 9,279 millions de balles au 1er janvier 2016, en recul de 33,52% par rapport à la même période en 2015, selon la Pakistan Cotton Ginners Association.

HUILE DE PALME

Depuis qu’ils ont atteint un sommet de 18 mois dans le dernier jour de cotation en 2015, les prix de l’huile de palme sont sur une tendance baissière. Depuis le début de l’année ils ont perdu près de 2% en raison principalement de la faiblesse de la demande à l’exportation, et en particulier de la Chine.

Les stocks d’huile de palme en Malaisie seraient susceptibles de chuter en décembre, une première baisse mensuelle depuis juin 2015, en raison d’une production plus faible provoquée par le phénomène El Nino et qui compenserait la faiblesse des exportations, selon  un sondage  réalisé auprès de producteurs, négociants et analystes par Reuters. La diminution des stocks en Malaisie, deuxième producteur et exportateur mondiale après l'Indonésie, pourrait faire grimper les prix de l'huile de palme qui sont déjà près des sommets de 18 mois.

«Nous pensons que l'impact d'El Nino sur les palmiers vient de commencer et nous maintenons que  la production est susceptible de diminuer plus que la baisse habituelle sur la période de  novembre à mars » a déclaré Alan Lim , analyste chez MIDF Research.

En matière de prix, les sondés estiment que la baisse des stocks soutiendra l’huile de palme brute (CPO). CIMB Investment Bank prévoit que les prix de CPO seront en moyenne à 2 450 ringgits ($558,60) la  tonne en 2016, alors que MIDF table sur  2 300 ringgits. Toutefois, la faiblesse des exportations demeure un frein. La demande est faible principalement en Chine et en Europe tandis que la concurrence de l’huile de soja est croissante. Le différentiel de prix entre les deux huiles s’est réduit depuis le mois d’août.

En Thaïlande, les grandes entreprises d'huile de palme perdront leur accès aux zones forestières après que le Département royal des forêts a annoncé qu'il ne renouvellerait pas les concessions de plantation. Le directeur général adjoint Somchai Masathian a déclaré que les terrains doivent être attribués à des agriculteurs locaux plutôt qu’à des investisseurs fortunés. Les pauvres sont notre priorité dans l'attribution des terres pour les plantations de palmiers a déclaré Somchai Masathian. Les gouverneurs des provinces sont chargés de mettre en Å“uvre cette nouvelle politique.

RIZ

Les prix du riz au Vietnam reculent cette semaine face à une demande faible tandis que les achats domestiques ont soutenu les prix en Thaïlande.

Le Thaï 5% a grimpé à $352-$355 la tonne contre $350 la semaine dernière. « Bien que la demande extérieure ne sait pas beaucoup améliorée, la demande intérieure est à nouveau en hausse » indique un négociant thaïlandais soulignant que les prix bas ont déclenché la reprise des achats.

En revanche au Vietnam, le Viet 5% est tombé à $ 360- $ 370 la tonne cette semaine contre  $ 367- $ 370 à la fin décembre. La  nouvelle récolte d'hiver-printemps a été offerte entre $  365  et $ 370 la tonne en raison d’une l'offre pour l’instant limitée mais qui devrait croître dans les semaines à venir. Le marché surveille la demande régionale, en particulier des Philippines et de la Chine, les principaux acheteurs de riz vietnamien en 2015. Manille a prévu de finaliser son premier achat de 2016 au mois de janvier, tandis que le volume pourrait être inférieur aux 300 000-400 000 tonnes initialement estimées.  En outre, les commerçants privés philippins sont autorisés à importer jusqu'à 805 200 tonnes, sous réserve d'un droit de douane de 35%.

La Chine a acheté 1,72 million de tonnes en provenance du Vietnam sur la période janvier-novembre 2015, en progression de près de 39% par rapport à 2014. Sur la même période les importations chinoises de riz en provenance de Thaïlande ont augmenté de 28,5% à 805 000 tonnes, sur la base des données douanières chinoises.

Les exportations de riz de la Thaïlande devraient augmenter de 9,5% en 2016 à 10,4 millions de tonnes, tandis que celles  du Vietnam augmenteraient de 4,8% à 8,7 Mt selon la FAO.

Les exportations de riz thaïlandais à la fin de novembre étaient en baisse de 9,6% à 8,6 Mt et de  10,2% en valeur  à $ 4,1 milliards, selon la Thai Rice Exporters Association.

L'indice FAO des prix du riz des différentes variétés ont tous atteint une valeur de 211 points en 2015 en recul de 10,5% par rapport à 2014. La baisse  a été particulièrement marquée pour le riz aromatique, en chute de  31%. Selon l'indice, les prix internationaux du riz en 2015 ont atteint leur niveau le plus bas depuis 2007.

SUCRE

Cette semaine, le sucre blanc est l'une des rares matières premières à n'avoir guère été affectée à la baisse, soutenu par ses fondamentaux : l'offre est étroite en ce début 2016 alors que la demande chinoise est forte et que la récolte de betterave sucrière dans l'Union européenne pourrait être la plus basse en quatre décennies. En outre, les perspectives d'exportations de l'Inde se réduisent et les récoltes en Amérique centrale démarrent très lentement suite aux pluies ; les rendements sucriers en Thaïlande sont en baisse. En revanche, le sucre roux est sous pression, face à la fermeté du dollar. Ainsi, le différentiel entre le blanc et le roux s'accroît et s'établissait hier à plus d e$ 90 la tonne.

Ceci dit, l'analyste sucre/éthanol Datagro estime que la région centre-sud du Brésil, la principale région de production du n°1 mondial du sucre, devrait produire 610 à 630 millions de tonnes (Mt) en 2016/17, en hausse par rapport aux 605 Mt en 2015/16. L'analyste estime le déficit mondial à 3,87 Mt en 2015/16 après un excédent de 3,64 Mt en 2014/15

Autres Articles

Leave a Reply

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *