La Chronique Matières du Jeudi (06/04/2017)

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Les marchés de Chine, de Hong Kong, d'Inde et de Taïwan étaient fermés en début de semaine, et ceux de Thaïlande jeudi, ralentissant de ce fait les transactions  mais sur fond d'inquiétudes internationales avec l'attentat lundi dans le métro de Saint-Pétersbourg et le lancement de missile par la Corée du Nord. Cette fin de semaine est également sous le sceau de l'expectative  avec la rencontre  entre le président américain Donald Trump et son homologue chinois Xi Jinping. Mais les bons chiffres économiques américains ont permis au dollar de terminer la semaine en hausse face aux autres devises.

CACAO

Sans grande surprise, les prix du cacao, tant sur le marché à terme de Londres que de New York, ont terminé jeudi soir à la baisse, à  respectivement £ 1 671 et $ 2 090 la tonne, contre £ 1 679 et $ 2 095 vendredi dernier. Le temps est favorable en Côte d'Ivoire et les arrivages aux ports, tant d'Abidjan que de San Pedro, demeurent bien supérieurs en volume qu'à pareille époque la campagne dernière : ils ont atteint 1 403 000 t au 31 mars, depuis le 1er octobre, contre 1 216 000 t sur la même période la campagne dernière, estiment les exportateurs.

Des prix faibles, en baisse de 30% par rapport à la mi-2016, mais Moody's estime que la Côte d'Ivoire comme le Ghana peuvent supporter des cours du cacao au plus bas depuis 10 ans. D'une part, car les producteurs sont protégés par un prix minimum garanti, d'autre part parce que le secteur pétrolier florissant au Ghana devrait lui permettre de compenser le manque à gagner du cacao.

Côté Asie, les exportations de Sulawesi, en Indonésie, ont chuté de 28% au mois de mars, à 3 886 t contre 5 379 t, par rapport à mars 2016, selon les industriels.

CAFE

Si l'Arabica a terminé la période sous revue, jeudi soir, en légère hausse sur l'échéance mai, à $ 1,3775 la livre, ils ont fortement perdu sur l'ensemble de la semaine puisque l'Arabica citait $ 1,393 à la clôture vendredi dernier. Et aucune nouvelle fraîche ne permet de penser que les prix devraient partir à la hausse, notamment parce que l'offre est abondante.

Pourtant, avec la vente aux enchères mercredi de 3 733 sacs de 60 kg d'Arabica, le Brésil vient de vider ses stocks publics et ce, pour la première fois en 10 ans. D'autre part, le spectre d'un retour de la roya, la rouille du café, plane sur le Honduras, ce pays d'Amérique centrale qui avait tellement bien redressé la barre depuis sa dernière manifestation. D'ailleurs, ses exportations de café ont fait un bond de 62% en mars par rapport à mars 2016, à 1 Ms. Ainsi, les exportations cumulées, d'octobre à mars, atteignent 3,22 Ms, en hausse de 38% par rapport à la même période la campagne dernière.

Pour sa part, la Colombie a annoncé une hausse de 8,1% de sa production d'Arabica lavé au mois de mars par rapport à mars 2016, à 1,02 million de sacs (Ms), selon la Fédération nationale des producteurs de café. Les exportations, quant à elles, ont grimpé de 5%, à 1,15 Ms. Rappelons que même si la Colombie a connu une grève des transporteurs de 45 jours l'année dernière et qu'El Niño a endommagé de nombreux caféiers, sa production a tout de même atteint le record de 14,23 Ms.

Au Kenya, les prix maximum ont baissé aux ventes aux enchères cette semaine, le Grade AA trouvant acheteur entre $ 41 et $ 342 contre $ 121 et $ 369 la semaine dernière. Le Grade B a mieux performé, oscillant dans une fourchette allant de $ 51 à $ 328 contre $ 20 et $ 355 la semaine dernière.

En Ethiopie, l'Italie et l'Organisation des Nations Unies pour le développement industriel (Onudi), en partenariat avec Illycaffè et la Fondation  Ernesto Illy, ont signé lundi un accord de € 2,5 millions pour un projet sur 3 ans tendant à améliorer la durabilité dans la chaîne de valeur éthiopienne du café au travers d'un partenariat public-privé; Il englobe notamment des institutions éthiopiennes dont la récente Ethiopian Coffee and Tea Development and Marketing Authority. 

Le Robusta, quant à lui, a glissé jeudi soir, à $ 2 143 la tonne ($ 2 149 vendredi dernier), tandis que l'Indonésie annonçait une hausse de 28% de ses exportations en mars à partir de sa province de Lampung, par rapport à mars 2016, et de 17%, de Sumatra. L'Indonésie, qui est en pleine récolte et dont les prix sont, par conséquent, en baisse. Le Robusta Grade 4, 80 défauts, s'est traité cette semaine avec une décote allant de $ 30 à $ 40 la tonne alors qu'elle n'était que de $ 25 la semaine dernière.

A noter que les volumes échangés ont été en baisse au Vietnam -où lundi et mardi étaient fériés- avec des prix en retrait par rapport à la semaine dernière. Le Grade 2, 5% grains noirs et brisures, s'est vendu avec une décote sur Londres de $ 25 à $ 40 contre $ 20-$30 la semaine dernière. Selon le négoce, les producteurs hésiteraient à vendre car leurs stocks s'amenuisent, n'étant plus qu'à 20 à 30% de leur récolte. D'autre part, les acheteurs rejetteraient de nombreux grains de mauvaise qualité en raison d'une période de pluies anormalement longue en décembre.

Côté entreprise, JAB, basé au Luxembourg, devenu en 2015 le numéro un mondial du café lorsqu'il a regroupé sa division D.E. Master Blenders 1753 avec les marques de café de Mondelez International au sein de la coentreprise Jacob Douwe Egberts, a annoncé mercredi l'acquisition de Panera Bread dans le cadre d'une offre valorisant la chaîne de boulangeries et de cafés à € 7 milliards, dette comprise, rapporte Reuters.

JAB avait racheté, fin 2015, pour $ 13,9 milliards, Keurig Green Mountain, et en 2016 la chaîne de donuts Krispy Kreme Doughnuts, pour $ 1,35 milliard. JAB contrôle par ailleurs la firme de cosmétiques Coty et le fabricant d'articles de luxe Jimmy Choo.

 Le rachat de la chaîne de boulangeries et de cafés permet à JAB, propriétaire également du fabricant de machines à café Keurig Green Mountain, de renforcer son poids sur le segment des petits déjeuners, qui serait le seul vecteur de croissance actuellement dans le secteur de la restauration rapide. Panera, basé à St Louis dans le Missouri, aux Etats-Unis, compte 2 000 cafés dont les produits frais et sans additifs ni conservateurs collent bien à la l'évolution de la demande des consommateurs.

CAOUTCHOUC

C'est le yo-yo sur le marché du caoutchouc naturel. La fermeté du yen mardi et des chiffres de ventes d'automobiles aux Etats-Unis plus faibles que prévu ont  entrainé les prix à leur plus bas en 4 mois, perdant 6% de sa valeur sur le marché à terme de Tokyo. Des opérations de couverture, dès le lendemain, ont fait remonter les cours mais qui ont rebaissé hier et aujourd'hui. Ce matin, ils étaient à leur plus bas en quatre mois, à $ 2,15 le kilo, suivant en cela le plongeon à la bourse de Shanghai. Sur la semaine, le caoutchouc a perdu 2,7% sur son marché directeur.

Un marché qui devrait demeurer sous pression au cours des prochaines semaines, le gouvernement thaïlandais ayant annoncé vouloir liquider d'ici la fin mai tout son stock de caoutchouc, soit 107 000 t.

Sur le mois de mars, le prix du caoutchouc naturel a perdu 8% et 7% sur l'ensemble du premier trimestre 2017, après avoir bondi de 60% sur les trois derniers mois de 2016.

COTON

Parti de 77,33 cents vendredi dernier, le coton sur le marché à terme américain a clôturé hier à 74,51 cents, le marché étant "en mode de liquidation légère", selon Louis Barbera d'ICAP Cotton. La fibre a mal démarré la semaine, perdant 2,5%% de sa valeur lundi, sa plus faible baisse sur une seule séance depuis près de 7 mois.

Le marché aurait réagi à l'annonce faite par le Département américain de l'Agriculture (USDA) de superficies cotonnières  en hausse de 21% aux Etats-Unis par rapport à l'année dernière, à 12,2 millions d'acres. A ceci s'est ajoutée la fermeté du dollar. Une chute des cours qui s'est poursuivie, le coton tombant ensuite à son plus bas en 10 semaines, ce qui, d'ailleurs a conduit certains à des achats sur les physiques mais sans grand impact sur le marché à  terme.

En Chine, le nouveau prix indicatif pour le coton récolté à Xinjang est demeuré à 18 600 yuans ($ 1,22), inchangé par rapport à 2016. Il devrait rester à ce niveau jusqu'à la fin de la saison 2019. Afin d'assurer un approvisionnement régulier, cette subvention ne s'appliquera qu'à la production correspondant à 85% de la récolte moyenne sur 2012-2014, soit environ 7 Mt. S'agissant du coton à fil extra-long, la subvention demeure également inchangée, à 1,3 fois le prix du coton upland.

Notons, toujours en Chine, que les volumes vendus aux enchères cette semaine ont été de 17 100 t, au prix moyen de $ 2 141 la tonne. Les ventes ont porté sur 57% des volumes proposés.

Au Cameroun, la Société financière internationale (FMI) a accordé € 15,5 millions à la Standard Chartered Bank pour alimenter sa facilité de € 31 millions destiné à pré-financer les activités de pre-export de la Société camerounaise de développement du coton (Sodecoton), rapporte Ecofin.

Au plan mondial, le Comité consultatif international sur le coton (CCIC) a très légèrement révisé à la hausse ses estimations de production sur 2017/18, (23,12 Mt contre le chiffre de 23,11 Mt avancé en mars), mais plus encore de consommation (24,42 Mt contre 24,33 Mt), faisant ainsi baisser les stocks attendus en fin de campagne à 16,55 Mt contre 16,66 Mt estimé auparavant (lire nos informations)

HUILE DE PALME

Après deux semaines de baisse, l'huile de palme a gagné 2,3% cette semaine, cotant $ 602,71 la tonne à la mi-séance aujourd'hui, parti de $ 598,24 vendredi dernier. Le fort rebond des prix mardi a été partiellement annulé par la baisse les jours suivants. Mais, globalement, le marché demeure soutenu avec en perspective une bonne demande en avril, pour le Ramadan à venir en mai. Un marché, cependant, nerveux car la concrétisation de cette hausse de la demande tarde un peu tandis que la production d'huile de palme augmente. Cerise sur le gâteau, les autres huiles alimentaires sont très compétitives.

Plus spécifiquement et à très court terme, le marché s'inquiète de la publication lundi prochain des statistiques de production, exportation et stocks du Malaysian Palm Oil Board. Selon un sondage Reuters, la production en Malaisie devrait augmenter de 10,4% en mars, à 1,39 Mt, soit la première fois en 5 mois qu'il y a une hausse mensuelle des volumes.

La Malaisie qui connaitrait une pénurie de main d'Å“uvre sur ses plantations car les Indonésiens, qui habituellement franchissent la frontière pour chercher du travail ,restent plutôt chez eux car le ringitt malaisien est faible (-15% face au rupiah indonésien depuis début 2015) et il existe maintenant davantage d'opportunités de travail en Indonésie avec l'ouverture de nouvelles plantations. Cette situation pourrait retarder les récoltes chez le n°2 mondial de l'huile de palme, voire réduire la production, rapporte Reuters, car les taux d'extraction de l'huile baissent si le régime est récolte en retard. Notons qu'environ 70% de la main-d'Å“uvre sur les plantations en Malaisie sont Indonésiens.

Coté Europe, les importations d'huile de palme ont chuté de 18%, à 4,2 Mt, depuis le début de la campagne, soit de début juillet 2016 au 4 avril. A noter que les importations de soja sont aussi en baisse, de 8%, à 9,7 Mt sur la même période.

RIZ

Cette semaine, sur les marchés asiatiques, les prix du riz se sont inscrits en hausse. Les Indiens 5% brisures parboiled ont gagné $ 2 par rapport à la semaine dernière, à $ 375-380 la tonne,  notamment en raison d'une roupie à son plus haut en 18 mois. Rappelons que l'Inde, premier exportateur mondial, vend du riz autre que basmati principalement aux pays africains et du basmati au Proche-Orient. En 2016/17, sa production devrait augmenter de 4,3%, à un record de 108,86 Mt.

Au Vietnam, 3ème exportateur mondial, le négoce s'inquiète de la qualité du riz étant donné les pluies qui ont déjà affecté la récolte dans certaines régions productrices majeures. Le 5% brisures a grimpé à $ 352-355 la tonne FOB contre $ 348-350 il ya une semaine.

Sur l'ensemble du mois de mars, l'indice riz de la FAO n'a quasiment pas changé en mars par rapport à son niveau de prix de février. Le riz supérieur Indica a continué à enregistrer une baisse de son prix, de l'ordre de 1,2%, face à une faible demande, tandis que le basmati gagnait en valeur, faisant grimper de 2,6% l'indice des Aromatiques. Les qualités plus basses, Indica et Japonica, ont vu leurs valeurs glisser.

Sur le premier trimestre, les valeurs ont perdu 1,6% par rapport aux trois premiers mois de 2016, souligne encore la FAO. Les plus faibles baisses ont été enregistrées sur les riz des Etats-Unis, suivis du thaïlandais et vietnamien. En revanche, les prix à l'export ont été plus fermes en Inde et au Pakistan, notamment sur les riz basmati.

Les exportateurs asiatiques accusent actuellement  un retard de 10 à 20% de leurs ventes par rapport à l’an dernier à la même époque mais ils espèrent que la situation va s'améliorer car la demande d’importation devrait reprendre, notamment au Moyen Orient et en Afrique subsaharienne, souligne le Cirad dans sa lettre d'information mensuelle Osiriz paru mardi. Globalement, le  commerce mondial devrait progresser de  3,5% par rapport à 2016.

S'agissant de l'Afrique sub-saharienne, la production a augmenté notamment en Afrique de l'Ouest grâce à une hausse des superficies et à une bonne pluviométrie, mais ses importations devraient tout de même progresser de 2% cette année, rapporte Patricio Mendez del Villar dans Osiriz. S'agissant de 2016, les importations ont baissé en Côte d'Ivoire, au Nigeria et au Sénégal et, sur l'ensemble du continent, le niveau d'importation aurait été le deuxième plus bas depuis 5 ans, rapporte le Cirad.

SUCRE

Le sucre roux a enregistré hier, jeudi, son plus fort gain depuis la fin février sur le marché à terme de New York, notamment sur des opérations de couverture mais aussi face à la perspective d'une bonne demande en Europe et en Inde. Ainsi, après être tombé mercredi à son plus faible prix en 11 mois, le sucre roux a terminé jeudi soir, sur l'échéance mai, à 16,45 cents la livre contre 16,76 cents vendredi dernier. Le sucre blanc a emboîté le pas à la hausse, terminant à $ 473,6 la tonne sur le marché à terme de Londres, contre $ 477,20 en fin de semaine dernière.

En effet, l'Inde a annoncé qu'il autoriserait l'importation de 500 000 t de sucre roux à un taux de douane de 0% et ce, jusqu'au 12 juin. On ne peut pas écarter que l'Inde revienne à l'achat ultérieurement, notent les analystes. Le marché avait pronostiqué que les volumes importés seraient dans une fourchette allant de 500 000 t à 1,5 Mt.

Mais l'arbre ne doit pas cacher la forêt et ces importations indiennes n'apaisent guère les craintes à l'égard de l'excédent qui se dessine sur cette campagne 2017/18. Et les analystes de dire que les prix  tomberont vite en dessous des 16 cents. Car le Brésil risque de favoriser la production de sucre à l'éthanol à partir de la canne car cela s'avère plus rentable, souligne l'Organisation internationale du sucre (OIS) dans son rapport mensuel paru mardi.

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