L’étau se resserre sur le cacao non-durable avec des progrès déjà palpables en Côte d’Ivoire et au Ghana

 L’étau se resserre sur le cacao non-durable avec des progrès déjà palpables en Côte d’Ivoire et au Ghana
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Alors que mercredi était publié un communiqué de l’Initiative Cacao et Forêts (ICF) faisant état « des progrès réalisés pour mettre fin à la déforestation en Côte d’Ivoire et au Ghana », le Conseil du Café-Cacao (CCC) de Côte d’Ivoire évoquait une étude soulignant que 15% des fermes cacaoyères se situaient encore dans des forêts protégées. Sans doute cette situation était-elle à l’esprit de Chris Vincent, président Intérimaire de la Fondation mondiale du cacao (WCF), lorsqu’il a déclaré : “Notre travail en faveur d’un cacao positif pour la forêt est plus urgent que jamais, et nous semblons être sur la bonne voie pour obtenir des résultats tangibles. » D’après la Fondation mondiale du cacao, les industries peuvent aujourd’hui localiser ou tracer l’origine de 74% de leur approvisionnement en Côte d’Ivoire et 82% au Ghana.

Déjà -soyons positifs- quels sont les progrès réalisés dans le cadre de l’Initiative cacao et forêts (ICF) par les deux gouvernements et les 35 entreprises parties prenantes à cette Initiative.

Tout d’abord, en 2020, l’agroforesterie a été développée avec « la distribution de 6 millions d’arbres non-cacaoyer par des entreprises du cacao et du chocolat en Côte d’Ivoire et au Ghana. Cela porte à 10,4 millions le nombre total d’arbres forestiers fournis par le secteur privé depuis le lancement de l’ICF. Les entreprises investissent également dans la formation des producteurs à grande échelle afin d’améliorer les moyens de subsistance et de réduire les incitations à empiéter sur les forêts. »

Quant à 2021/22, « les entreprises du cacao et du chocolat veulent poursuivre les approches paysagères avec les partenaires locaux, accélérer l’adoption de l’agroforesterie et de la restauration des forêts dans les zones dégradées, et travailler sur la traçabilité et le suivi par satellite avec les gouvernements. »

Les gouvernements ivoirien et ghanéen, de leurs côtés, se sont attelés à sensibiliser les populations, notamment avec la campagne en Côte d’Ivoire “1 jour, 5 millions d’arbres” qui a planté un arbre pour cinq Ivoiriens. L’ICF fait état de 10 millions d’arbres actuellement en pépinière et qui seront distribués dans le courant de l’année aux agriculteurs ivoiriens. « La Côte d’Ivoire a pour objectif d’étendre la couverture forestière à 20% du pays d’ici 2030 (contre 11% en 2015) », rappelle le communiqué.

Le gouvernement ghanéen, pour sa part, se concentre sur la mise en œuvre du programme REDD+ pour la forêt cacaoyère du Ghana (GCFRP) et annonce avoir restauré près de 226 000 hectares (ha) de zones forestières. « Des approches au niveau du paysage sont en cours de développement dans des zones prioritaires telles que Asunafo-Asutifi, Bia-Juaboso, Kakum et Bibiani-Anwianso-Sefwi-Wiawso, en partenariat avec des entreprises, des organisations non gouvernementales et des communautés locales. Ce travail sera accéléré en 2021 grâce au partenariat récemment annoncé entre la Commission forestière du Ghana et la WCF. »

Quant à la traçabilité, tous les acteurs retroussent leurs manches, apparemment. La Côte d’Ivoire a cartographié toutes les exploitations cacaoyères dans le pays, les entreprises l’ayant fait aussi pour 605 000 exploitations au total dans les deux pays.

Une des fragilités essentielles dans les efforts de traçabilité de la filière se situent au niveau de “l’approvisionnement indirect par le biais d’intermédiaires“. Face à cela, des initiatives sont en cours en Côte d’Ivoire et au Ghana pour mettre en place des systèmes nationaux. Par exemple, en Côte d‘Ivoire, il s’agirait de payer électroniquement le producteur ou la coopérative pour son cacao, ce qui exclura à terme les intermédiaires qui ne peuvent pas assurer la traçabilité des produits qu’ils traitent. Or, ce sont beaucoup les intermédiaires qui brouillent la traçabilité.

Quant aux 15% des plantations ivoiriennes encore situées dans les forêts protégées, et donc susceptibles de voir leur production barrée de l’accès aux marchés européens si la législation de l’UE est adoptée en fin d’année, la Côte d’Ivoire dispose maintenant des atouts qui permettent au CCC d’automatiquement refuser ces fèves à l’export. Rappelons que le projet de réglementation européenne tend à ce que tous les produits agricoles exportés vers l’UE soient en mesure de fournir un système de traçabilité en place, une certification, la protection de la forêt et montrer qu’ils contribuent à combattre la pauvreté des producteurs.

A terme, les multinationales seront-elles les seules à pouvoir répondre aux exigences européennes qui risquent d’être draconiennes ?

 

 

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