La Chronique Matières Premières Agricoles au 7 novembre 2019

 La Chronique Matières Premières Agricoles au 7 novembre 2019
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C’est toujours les négociations commerciales entre les Etats-Unis et la Chine qui continuent de souffler le chaud et le froid sur les marchés. Et hier soir, les traders sur les places financières étaient plutôt optimistes : Pékin et Washington se sont mis d’accord ces deux dernières semaines pour lever les taxes supplémentaires que les deux pays ont imposé ces deux derniers mois. Ceci dit, la rencontre au sommet entre les deux présidents pour signer la “phase 1” de l’accord pourrait être reporté au mois de décembre, selon un responsable de l’administration Trump.

Face à cela, le dollar a repris hier soir 0,25% face à un panier de devises et l’euro recule à 1,104 face au dollar, tandis que le pétrole gagnait 1% avec un baril de Brent à $ 62,50 et le WTI américain à $ 57,40. L’or est au plus bas depuis un mois, à $ 1 470 l’once. “Les développements sur le commerce sino-américain suscite de l’excitation et cela réduit l’appétit pour les actifs refuges”, a confié à Reuters l’analyste Lukman Ottunuga de chez FXTM.

CACAO CAFÉCAOUTCHOUC – COTON – HUILE DE PALME RIZ SUCRE

CACAO

Le cacao a terminé hier soir en baisse par rapport à vendredi dernier, à £ 1828 la tonne à Londres contre £ 1 838 et à $ 2 450 à New York contre $ 2 501. Le démarrage très fort de la récolte ivoirienne pèse sur les marchés.

En effet, en Côte d’Ivoire, les arrivages de fèves aux ports d’Abidjan et de San Pedro ont totalisé 362 000 t entre le 1er octobre et le 3 novembre, estiment les exportateurs interrogés par Reuters, en hausse de 8,7% par rapport aux volumes sur la même période l’année dernière.

Pourtant, selon Fitch Solutions, les cours du cacao demeureront soutenus ces prochains mois car les broyages mondiaux sont à des niveaux élevés et la prime de $ 400 la tonne imposée par la Côte d’Ivoire et le Ghana se répercute sur les prix. Ainsi, Fitch a revu à la hausse ses prévisions de prix moyen sur 2019 et 2020, à £ 1 770 et £ 1725 la tonne contre £ 1 745 et £ 1 625 estimés précédemment.

Le groupe environnemental Conservation International a annoncé que 1 250 ha de plantations de cacao dans la forêt amazonienne au Brésil seront développés car, mélangés à d’autres types d’arbres, cela peut restaurer le couvert forestier et améliorer en même temps le revenu des populations locales. Un cacao qui serait acheté à un prix au-dessus du marché mondial par des partenaires au projet dont Olam ou encore Mondelez.

Côté entreprise, le géant suisse du chocolat Barry Callebaut a annoncé mercredi des résultats annuels en hausse mais légèrement inférieurs aux attentes (Lire : Barry Callebaut répercutera la prime du cacao ivoirien et ghanéen à ses clients).

CAFÉ

Le café s’est bien tenu sur la semaine. Parti de $ 1 322 la tonne vendredi dernier, le Robusta a terminé hier soir à Londres à $ 1 378, tandis que la livre (lb) d’Arabica passait de $ 1,04 en fin de semaine dernière à $ 1,092 hier soir à New York.

En effet, la monnaie brésilienne a repris des couleurs en cette fin de semaine, ce qui réduit la compétitivité des cafés brésiliens sur les marchés mondiaux et réduit donc les volumes que les opérateurs locaux vendent à l’international, ce qui fait grimper les prix.

Au Vietnam, la cueillette se poursuit mais lentement. Elle n’est pas encore à son pic, le quart seulement des cerises étant mûre. Cette semaine, les producteurs dans la ceinture caféière des Central Highlands se sont vus proposer 33 000 dongs le kilo ($ 1,42) contre 31 800 à 32 600 dongs la semaine dernière. Les traders ont offert le Grade 4, 80 défauts, à $ 110-120 au dessus du cours de l’échéance janvier à Londres.

En Indonésie, le Grade 4, 80 défauts, a été vendu à $ 240 la tonne au dessus de Londres, soit moins que les $ 270 de la semaine dernière. Les transactions sont peu nombreuses car la récolte est terminée ; elles reprendront en février ou en mars.

En octobre, la Colombie a produit 1,37 million de sacs de 60 kg (Ms) d’Arabica lavé, en hausse de 26% par rapport à octobre 2018. Les exportations ont augmenté de 15,1%, à 1,21 Ms. Rappelons qu’en 2018, le pays a produit 13,6 Ms d’Arabica lavé en baisse de 4,5% sur 2017.

Le Brésil, n°1 mondial du café, a exporté 3,14 Ms contre 3,27 Ms en octobre 2018.

CAOUTCHOUC

Rebond sur le marché du caoutchouc aidé par les avancées dans les négociations entre la  Chine et les Etats-Unis mais aussi la perspective d’une réduction significative de la production des trois principaux producteurs de caoutchouc avec la propagation de maladies fongiques.

Après trois séances consécutives de hausse, les cours ont clôturé hier sur le Tokyo Commidity Exchange (Tokyo) à 178,9 yens ($1,64) le kilo contre 172,1 yens vendredi dernier. Même tendance, mais moins marquée, sur le marché de Shanghai avec une clôture jeudi à 12 105 yuans ($1734) la tonne contre 11 885 yuans vendredi.

Les Etats-Unis et la Chine se sont mis d’accord pour lever par étapes les droits de douane supplémentaires qu’ils se sont imposés ces derniers mois, dans le cadre de la première phase d’un accord censé mettre fin à leur guerre commerciale. Toutefois, la phase 1 de l’accord ne devrait être signée qu’en décembre.

Les trois principaux producteurs mondiaux de caoutchouc naturel, la Thaïlande, l’Indonésie et la Malaisie, regroupés au sein du Conseil tripartite international du caoutchouc (ITRC), anticipent une baisse de 800 000 tonnes de leur production en 2019. La principale raison de cette diminution est la propagation de maladies fongiques dans les trois pays d’Asie du sud est, qui représentent 70% de la production mondiale de caoutchouc. La maladie avait touché au 1er octobre 382 000 hectares de plantations en Indonésie tandis que 2 135 hectares dans la péninsule de Malaisie avaient vu leurs feuilles se défolier entre 50% et 90% de novembre 2017 à septembre 2019, précise l’ITRC. En outre, en Thaïlande, au moins 50 000 hectares de plantations le long de la frontière avec la Malaisie pourraient avoir été touchés. L’ITRC souligne que les bas prix du caoutchouc au cours des cinq à six dernières années ont découragé l’utilisation d’engrais, rendant les arbres moins résistants et plus sujets à la maladie, mais aussi la saignée des arbres.

L’ITRC a également fait le point sur le programme de rétention des exportations mis en place le 1er avril. Les trois pays ont réduit leurs exportations de 441 648 tonnes, soit près de deux fois plus que la réduction ciblée de 240 000 tonnes.

COTON

Les cours du coton sont globalement inchangés sur la semaine sous revue. Ils ont clôturé à 64,35 cents la livre hier contre 64,23 cents vendredi dernier. L’avancée dans les négociations entre la Chine et les Etats-Unis avec un accord pour annuler progressivement les tarifs douaniers imposés a soutenu le marché. Mais, la signature de la phase 1 n’interviendrait qu’en décembre. Les investisseurs sont aussi prudents avant la publication aujourd’hui du rapport sur l’offre et la demande mondiale en produits agricoles (WASDE) du département américain de l’Agriculture (USDA).

Le Kenya envisage de relancer la culture du coton afin de renforcer les performances globales du secteur textile par la suppression des importations de coton dans les cinq prochaines années, a annoncé Rajeev Arora, conseiller de la chaîne de valeur du coton, du textile et du vêtement auprès du secrétaire du cabinet du ministère de l’Industrie, du commerce et des coopératives.De plus de 30 000 tonnes dans les années 1980, la production nationale de coton est tombée à environ 7 500 tonnes. Rajeev Arora a indiqué que le gouvernement comptait sur une production de 10 000 tonnes d’ici la fin de 2020. “Le Kenya perd environ 150 milliards de shillings ($1,5 milliard) chaque année en perte de valeur ajoutée en raison de la dépendance excessive à l’égard des importations de coton », estime Rajeev Arora.

Au Vietnam, les exportations de textiles et de vêtements ont augmenté de 8,75% au cours des dix premiers mois de l’année pour atteindre $2,75 milliards, selon le bureau des statistiques.

HUILE DE PALME

Regain d’optimiste sur le marché de l’huile de palme. Lors de la 15ème Conférence indonésienne sur l’huile de palme, qui s’est déroulée à Bali le 1er novembre, les participants étaient convaincus d’une reprise des cours de l’huile de palme. L’analyste Dorab Mistry a estimé que l’huile de palme malaisienne devrait atteindre 2 700 ringgits la tonne en mars, sur une estimation antérieure de 2 500 ringgits. De son côté, James Fry, président du cabinet de conseil LMC International, estime que les prix de l’huile de palme brute en Europe augmenteraient à plus de $700 la tonne au 1er trimestre de 2020 et à $750 au second trimestre

L’huile de palme a gagné a plus de 17% depuis la mi-octobre. La demande accrue d’huile de palme pour le biodiesel en Indonésie et les prévisions de ralentissement de la production ont incité les principaux analystes du secteur à augmenter leurs perspectives de prix. Sous la semaine sous revue les cours ont progressé passant de 2 462 ringgits la tonne sur la Bursa Malaysia Derivatives Exchange vendredi dernier à 2 526 ringgits ($612,73) la tonne hier à la clôture.

La production totale d’huile de palme en Indonésie et en Malaisie devrait stagner l’an prochain, en raison du temps sec et de la faible utilisation d’engrais chez les deux principaux producteurs mondiaux d’huile végétale estime Dorab Mistry. La production indonésienne ne devrait augmenter que de 1 million de tonnes (Mt) pour atteindre 44 Mt l’an prochain, tandis que la production malaisienne baisserait du même montant à 19,3 Mt. Côté consommation, la demande devrait croître dans les marchés clés, la Chine et l’Inde. « La Chine s’est révélée être une star de l’huile de palme en 2019 et le restera en 2020. Après cet hiver, en 2020, la Chine pourrait ne plus importer de biodiesel de palme en raison de prix peu compétitifs. Cependant, les importations d’huile de palme vont augmenter en raison de la demande comestible et industrielle. L’huile de palme et de tournesol remplaceront l’huile de soja (en Chine) » a-t-il déclaré. L’Inde, premier consommateur mondial d’huile alimentaire, devrait importer 16,3 Mt d’huiles alimentaires en 2019/20, qui a débuté le 1er novembre, contre 15,6 Mt en 2018/19. Les importations d’huile de palme s’élèveraient à 9,9 Mt, soit une légère augmentation par rapport aux 9,5 Mt de l’année précédente, selon les prévisions de Dorab Mistry.

RIZ

Les prix à l’exportation du riz en Asie sont stables ou en légère baisse cette semaine avec une demande médiocre.

En Thaïlande, les prix du Thaï 5% ont légèrement baissé à $390 -$408 la tonne, contre $390 -$413 la semaine dernière. Les négociants tablent sur un accord avec l’Irak pour vendre du riz près de 10 ans après avoir perdu des contrats pour des problèmes de qualité.

Au Vietnam, les prix du Viet 5% sont restés inchangés par rapport à la semaine dernière, se situant entre $345-$350 la tonne. “Les faibles disponibilités avec la fin des récoltes été-automne ont permis d’éviter la chute des prix”, a déclaré un négociant basé à Ho Chi Minh-Ville.

En Inde, les prix du riz étuvé 5% se sont dépréciés à $365 -$370 la tonne, contre $368-$372 la semaine dernière avec une demande faible.

Au Bangladesh, la production de riz devrait augmenter de 2,27% pour atteindre 35,8 millions de tonnes au cours de la campagne de commercialisation de mai à avril selon le département américain de l’Agriculture (USDA). Les importations de riz devraient atteindre 50 000 tonnes d’ici avril, soit 50% de moins qu’un an .

SUCRE

Le sucre roux termine en baisse, à 12,39 cents la livre (lb) hier soir à Londres contre 12,48 vendredi dernier, tandis que le blanc à Londres se retrouve à $ 332,1 la tonne contre $ 340,1 en fin de semaine dernière.

Ce sont les stocks pléthoriques qui pèsent sur le marché et l’empêchent de grimper alors que l‘Inde devrait moins produire qu’initialement anticipé : l’Indian Sugar Mills Association a annoncé mardi que la production de sucre chuterait de 19% en 2019/20, à 26,85 millions de tonnes (Mt). Elle l’avait précédemment estimée à 28,2 Mt. On est de plus en plus loin du record de 33,16 Mt enregistré en 2018/19.

La FAO a annoncé hier que la production mondiale pourrait baisser de 2,8% à 175,1 Mt alors que la consommation glisserait de 1,4% à 177,5 Mt, d’où un déficit de 2,4 Mt, ce qui explique que l’Indice sucre de la FAO en septembre ait perdu 5,8%.

Au Brésil, à l’instar du cacao, le gouvernement a décidé d’annuler une interdiction prise il y a dix ans, de cultiver la canne à sucre dans la forêt amazonienne. Rappelons que ces cinq dernières années, les superficies consacrées à la canne au Brésil ont été réduites car les cours mondiaux étaient peu attractifs.

En Russie, l’industrie de la confiserie profite de la chute de 46% du cours mondial du sucre depuis le début de l’année et a produit 2,8 Mt de confiseries sur les 9 premiers mois de l’année, en hausse de 1,8% par rapport à la même période en 2018, a expliqué Oksana Lut, ministre adjoint de l’Agriculture. Surtout, les exportations de confiseries du pays ont bondi de 14,2% entre janvier à novembre, à $ 930,8 millions. Ces produits ont été parmi les cinq meilleurs performers à l’export et il est question de doubler leurs recettes à l’export d’ici 2024 pour atteindre $ 2,4 milliards contre $ 1,1 milliard en 2018.

En Iraq, les violentes manifestations ont gelé depuis mercredi les opérations au port d’Umm Qasr : aucun volume de sucre ni de céréales ou huiles végétales n’a pu être déchargé.

Côté entreprise, le français Terreos a nommé Olivier Leducq à la tête de ses activités Sucre Europe.

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