La Chronique Matières du Jeudi (09/02/2017)

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Le président américain Donald Trump a annoncé qu'il ferait une déclaration d'ici deux à trois semaines sur les questions fiscales et les changements de réglementation. Une annonce qui fait grimper le dollar, tant face à l'euro qu'au yen. Or, un dollar fort implique généralement une baisse des cours des matières premières.

CACAO

La fève a plongé encore un peu plus à la clôture du marché à terme à Londres hier soir, à £ 1 633 la tonne, après avoir touché en cours de séance £ 1 628, son plus faible prix depuis septembre 2013; vendredi dernier, soit en début de période sous revue, la tonne était à £ 1 687. Pour sa part, New York a terminé à $ 2 011, après avoir glissé à $ 2 001 durant la journée de cotation, et contre $ 2 072 vendredi.

Un marché qui s'inquiète de la Côte d'Ivoire, du manque de transparence du Conseil du café-cacao (CCC) qui a annoncé qu'un certain nombre d'exportateurs locaux sont en défaut (lire nos informations http://www.commodafrica.com/02-02-2017-le-conseil-du-cafe-et-du-cacao-co…). Quant aux exportateurs, le CCC leur demande actuellement de continuer à acheter du cacao physique pour honorer leur contrat spot, au prix minimum garanti, le Conseil s'étant engagé à couvrir toute pertes financières liées au décalage de prix (lire nos informations). 

2017 s'annonce-t-elle comme une "annus horribilis" ? Pas nécessairement, soulignent des traders et analystes à l'occasion d'un sondage réalisé par Reuters. La baisse des cours, qui s'explique par l'excédent mondial annoncé pour 2016/17, devrait relancer la demande et donc faire repartir à la hausse les cours mondiaux d'ici la fin de l'année. En outre, cette baisse des cours mondiaux devrait entrainer une baisse des prix aux planteurs ce qui les démotivera, réduisant ainsi l'offre mondiale. Selon 9 traders et analystes interrogés, la tonne de cacao à New York serait aux alentours des $ 2 400 fin 2017, soit 17% de plus que le cours de clôture sur le marché à terme américain lundi dernier.

Selon cette même enquête, la production ivoirienne serait de 1,9 Mt en 2016/17, en hausse de 20% sur les 1,58 Mt estimées par l'Organisation internationale du cacao (ICCO) sur 2015/16, et de 850 000 t au Ghana, en progression de 9% par rapport aux 778 000 t estimées par l'ICCO pour 2015/16.

A noter qu'au 5 février, les arrivages de fèves aux deux ports ivoiriens étaient de 1 143 000 t depuis le 1er octobre, démarrage de la campagne actuelle, dépassant des 1 142 000 t sur la même période la campagne dernière.

CAFÉ

Le Robusta a clôturé hier soir, sur le marché à terme de Londres, à son plus faible prix depuis le début de l'année, à $ 2 106 la tonne ; il était à $ 2 177 vendredi dernier. En effet, il semblerait que, malgré un approvisionnement très étroit, le Brésil ne soit pas prêt à importer du Robusta, ce qui aurait été une première en plusieurs décennies. En effet, les agriculteurs brésiliens estiment à 4 millions de sacs de 60 kg (Ms) les stocks totaux du pays en Robusta, les importations n'étant alors pas nécessaires. Ils devraient envoyer demain, vendredi, un rapport dans ce sens au gouvernement qui procèdera alors à un audit avant de décider d'importer ou non.

Quant à la récolte totale, Robusta et Arabica, la coopérative Cooxupé, la plus grande coopérative caféière au monde, l'estime entre 43 et 47 Ms, soit moins que la campagne dernière, notamment parce que les arbres sont stressés dans l'Etat du Sud de Minas Gerais. Selon un sondage réalisé par Reuters, la récolte brésilienne est estimée dans une fourchette large allant de 48 à 57 Ms sur 2017/18.

S'agissant des cours de l'Arabica, ils demeurent quasi inchangés, à $ 1,453  hier soir à New York contre $ 1,4625 la livre vendredi dernier.

CAOUTCHOUC

Rebond mardi et mercredi des cours du caoutchouc après avoir essuyé cinq séances consécutives de baisse sur le Tokyo Commodities Exchange (Tocom) et atteint un plus haut de 5 ans au début de la semaine dernière. Les marchés de Tokyo et Shanghai sont rentrés dans une phase de correction après une longue et forte poussée des cours depuis la fin de l’été dernier, estime Satoru Yoshida, analyste matières premières à Rakuten Securities. Sur les quatre derniers mois les cours ont plus que doublé sous l’influence des investisseurs chinois. Les inquiétudes sur l’approvisionnement en caoutchouc suite aux inondations dans la principale région productrice dans le sud de la Thaïlande semblent  donc  être passées au second plan. D’autant plus que la Thaïlande a annoncé la semaine dernière vouloir procéder à une vente aux enchères de ses stocks (cf. notre précédente chronique). De même, la demande  du Tocom auprès de ses courtiers membres de fournir un rapport détaillé sur les positions de leurs clients a également eu un effet baissier. En outre, après les vacances du Nouvel An Lunaire, le Tocom a également suivi le marché de Shanghai qui était en baisse. Lundi les cours pour le contrat de juillet ont clôturé sur le Tocom  à 298,9 yens ($2,65) le kilo perdant environ 15% en une semaine.

Toutefois les récentes pertes ont  incité les investisseurs à revenir aux achats ce qui a soutenu les cours mardi et mercredi,  tandis que la hausse des contrats à terme à Shanghai et un yen  plus faible apportaient également un soutien. Ainsi, mercredi, le caoutchouc est repassé au-dessus de la barre symbolique des 300 yens le kilo à exactement 309 yens ($2,75), gagnant 5,5 yens. De même sur le marché de Shanghai où les cours ont gagné 445 yuans à 20 725 yuans ($3 010,7) la tonne.

Les ventes de voitures dans l’Union européenne devraient croître de 1% en 2017, en net ralentissement  par rapport à 2016, selon l'Association des constructeurs européens d'automobiles (ACEA). En 2016, le marché automobile européen avait progressé de 6,8% à 14,6 millions d’unités.

Côté entreprise, Goodyear Tire & Rubber Co a annoncé mercredi des ventes trimestrielles inférieures aux prévisions suite à la baisse de ses ventes de pneu aux Amériques.  Les ventes se sont élevées à $3,7 milliards au quatrième trimestre, contre $4,1 milliards un an avant mais le bénéfice a  grimpé à $561 millions contre une perte de 380 millions un an plus tôt. 

COTON

Les cours du coton se sont légèrement repris mercredi à 75,25 cents la livre avant la publication du rapport sur l’offre et la demande agricole mondiale du département américain de l’Agriculture (WASDE), brisant ainsi trois séances consécutives de baisse. Une certaine volatilité du marché qui s’explique par la liquidation de l’échéance Mars où les positions ouvertes sont importantes tandis que les fondamentaux seraient plutôt baissiers.

Le ministère de l’Agriculture en Chine a revu aujourd’hui légèrement ses prévisions de d’utilisation de  coton en 2016/17 à 7,59 millions de tonnes (Mt) contre 7,54 Mt le mois dernier. Il a aussi revu cette fois-ci à la baisse ses prévisions de stocks à 9,13 Mt (août 2017) contre 9,18 Mt.

En Côte d’Ivoire, la Fédération des producteurs de coton de Côte d’Ivoire (FPC-CI) a mis en place un fonds de garantie d’un montant de FCFA 1,8 milliard (€2,744 millions) pour faciliter l’accès au financement des sociétés coopératives (cf. nos informations ).

L’Ouzbékistan, cinquième exportateur mondial, de coton,  a l’ambition de transformer l’intégralité de sa fibre de coton d’ici à 2020, selon un décret présidentiel de fin décembre. L’Ouzbékistan est déjà parvenu en 2016 à transformer 40%  de sa production contre seulement 7% en 1991, selon l’agence d’information Jahon. Le pays veut accroître la part des produits finis à plus forte valeur ajoutée par une réduction progressive des exportations de fil qui représente aujourd’hui près de 50 de ses exportations de coton. Pour ce faire, il est prévu des investissements dans l’industrie textile d’un montant de  $2,2 milliards entre 2017-2020, dont la moitié en provenance de l’étranger.

Le Bangladesh ambitionne de produire 1 million de balles de coton d’ici à la fin 2025 afin de limiter, très faiblement, ses importations, qui s’élèvent à plus de $3 milliards par an. « Nous avons l’objectif de répondre à 10% de notre demande annuelle de coton par une production nationale d’ici à  la fin de 2025 »,  a déclaré Mehdi Ali, secrétaire général de la Bangladesh Cotton Association (BCA). Le pays souhaite aussi diminuer sa dépendance à l’Inde, qui assure plus de la moitié des approvisionnements en coton. Mohammad Ali Khokon, vice-président  de la Bangladesh Textile Mills Association indique que d’ores et déjà les importations de coton en provenance des pays africains ont récemment augmenté fortement. Elles représentent environ deux millions de balles en provenance notamment du Bénin,  Burkina Faso, Lesotho, Soudan et  Tchad. Alors que l’origine Ouzbékistan devrait être arrêtée, le coton australien et américain gagne des parts de marché en raison de leur qualité ajoute Mohammad Ali Khokon. Le Bangladesh disposerait aujourd’hui de 430 filatures qui ont un besoin de 10 millions de balles de coton ajoute le responsable. Elles ne fonctionnent toutefois pas à pleine capacité. Selon le département américain de l’Agriculture (USDA), la consommation de coton au Bangladesh a été de 6,4 millions de balles en 2016.

HUILE DE PALME

Début de semaine haussière pour l’huile de palme qui a renversé  les pertes de la semaine dernière. Les contrats à terme sur la Bursa Malaysia Derivative Exchange ont enregistré des gains pour la troisième séance consécutive dans le sillage des fortes exportations de la Malaisie. Ils ont clôturé à 3 097 ringgits ($698) la tonne pour le contrat d’avril. Les exportations ont progressé de 8,1% en janvier selon Intertek Testing Services (ITS) et de 4,3% selon SGS.

La chute brutale de la production et la fermeté de la demande d’exportation pourraient conduire à une réduction des stocks d’huile de palme à un plus bas de cinq mois au 31 janvier. Selon un sondage réalisé auprès de sept producteurs, analystes et négociants par l’agence Reuters, les stocks en janvier baisseraient de 10,7% à 1,49 million de tonnes (Mt). Quant à a production, elle diminuerait de 9,1% sur le mois  à 1,34 Mt, soit son plus bas niveau depuis avril 2016. Si les cours de l’huile de palme ont chuté de 3,5%  depuis le début de l’année, ils demeurent à un niveau élevé de plus de quatre ans.

L’analyste Dorab Mistry a estimé vendredi dernier en Inde que les prix de l’huile de palme pourraient baisser d’environ d’un cinquième à 2 500 ringgits la tonne en juin ou juillet. Cela constituerait le premier signal de la reprise de la production prévue pour début ou mi-mars. Un deuxième facteur pourrait être selon le spécialiste la baisse probable d’environ 20% en milieu d’année, ce qui « exerce une pression psychologique sur les prix ».

Avec la décision des Etats-Unis de se désengager de l’Accord de partenariat trans-pacifique (TPP), la Malaisie part à la conquête des marchés du Moyen-Orient pour soutenir la croissance de ses exportations d’huile de palme. Le 1er février, le Cabinet a approuvé la création d’un bureau régional pour l’huile de palme à Téhéran en Iran d’ici la mi-2017. Le ministre des Plantations industrielles et des matières premières, Mah Siew Keong, s’est rendu en Iran début février pour négocier un abaissement de la taxe sur l’huile de palme qui est de 40% alors que celle sur les autres huiles n’est que de 24%. « Si nous pouvons obtenir cette réduction de 40%, le volume des exportations vers l'Iran peut certainement augmenter de 30% -40% l'année prochaine. », a déclaré le ministre.

En 2016, les exportations malaisiennes d'huile et de produits de palme vers l'Iran ont augmenté de près de 10% pour atteindre 453 172 tonnes pour une valeur de $331 millions.

En outre, la Malaisie devrait également mettre en place un centre de recherche sur l’huile de palme à Bombay en Inde, principal importateur de l’huile malaisienne. 

RIZ

Les prix du riz en Inde et au Vietnam ont progressé cette semaine, alors que les prix en Thaïlande sont demeurés inchangés pour la deuxième semaine consécutive.

En Inde, le 5% étuvé a progressé à $371-$376 la tonne contre $376-$381 la semaine dernière soutenus par la demande des acheteurs locaux et étrangers, notamment des pays africains. Pour la campagne 2016-17, l'Inde a haussé d'environ 4,3% le prix minimum pour les grades communs de paddy. Les exportations d’Inde de riz en 2016 ont diminué de 10% par rapport à 2015 pour atteindre à 10,1 millions de tonnes (Mt), selon la FAO.

En Thaïlande, le Thaï 5% est demeuré inchangé à 355 $-360 $ la tonne pour la deuxième semaine consécutive. Le marché est calme dans l’attente de la première enchère publique de l'année fixée au  16 février. Les  exportations sont attendues en baisse cette année à environ 9,5 Mt en raison de la concurrence plus agressive du Vietnam, selon l'Association des exportateurs de riz thaïlandais.

Au Vietnam, le Viet 5% a progressé à  $355 -$335 la tonne contre  $335 -$340 la semaine dernière. Les stocks vietnamiens  sont faibles.  « Nous sommes sur le point d'entrer dans la saison des récoltes mais les prix n'ont pas baissé car il reste  quelques commandes de la Chine signées avant  le Têt » a déclaré un négociant basé à Ho Chi Minh.

Les exportations vietnamiennes de riz ont diminué de 26,5% l'an dernier, la demande de la Chine et des pays de l'Asie du Sud-Est, notamment les Philippines et l'Indonésie, ayant fortement diminué en raison de l'augmentation des approvisionnements de la Thaïlande et de l'Inde. En janvier, les exportations seraient tombées à 325 000 tonnes, en baisse de 32,3% par rapport à l'année précédente, selon les données du gouvernement vietnamien.

SUCRE

Le sucre caracole toujours mais termine en baisse sur la semaine. Le roux a clôturé, hier soir sur le marché à terme de New York, à 20,76 cents la livre contre 21,11 cents vendredi dernier, et à Londres le blanc cotait $ 550,9 la tonne hier soir contre $ 555,7 vendredi.

Tous les regards sont tournés vers l'expiration de l'échéance mars et sur le Mexique qui pourrait livrer du sucre blanc aux Etats-Unis. Des volumes qui seraient de toute façon limités puisque l'accord bilatéral de suspension des échanges sucriers de 2014 demeure.

Rappelons que, à la suite des plaintes déposées par les industries sucrières américaines, un accord conclu fin 2014 entre le Mexique et les Etats-Unis est venu encadrer les dispositions de l'Accord de libre-échange nord-américain (Alena) qui permettaient au Mexique d'exporter son sucre sans limitation. L'accord prévoit ainsi de limiter les volumes de sucre en mesure d'entrer sur le marché des Etats-Unis et d'établir des prix minima pour les fabricants mexicains de sucre. Le Mexique sera également autorisé à couvrir 100 % du solde des besoins américains en sucre, après que les fabricants américains et les autres pays disposant de quotas d'importation fixes ont honoré leurs livraisons. Le Mexique est le septième producteur mondial (plus de 7 Mt) et très offensif à l'exportation, souligne une note du Sénat français.

Côté Russie, les statistiques douanières portant sur l'ensemble de l'année 2016 et publiées hier, font apparaître une chute des importations de sucre roux, les volumes passant de 506 800 t sur l'année calendaire 2015, à 259 500 t en 2016. Les achats de sucre blanc ont également baissé, mais sur des ordres de grandeurs tout autre, passant de 58 100 t à 46 000 t l'année dernière.

 

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