Le risque croissant d’émergence et de propagation de zoonoses en Afrique

 Le risque croissant d’émergence et de propagation de zoonoses en Afrique
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Les trois quarts des épidémies émergentes de maladies infectieuses humaines sont «zoonotiques», ce qui signifie qu’elles proviennent de virus et d’autres agents pathogènes infectant les animaux qui «sautent» ensuite les espèces pour infecter les humains. Elles ne sont pas nouvelles, mais elles sont plus fréquentes et se propagent davantage. Contrairement à ce que l’on pouvait penser les antibiotiques et les vaccins ne les ont pas arrêtées, affirment Bernard Bett, Delia Randolph et John McDermott dans une article publié sur le site de l’International Livestock Research Institute (IRLI).

Autre fait marquant dans l’évolution des zoonoses, l’Asie, l’Afrique et l’Amérique du Sud semblent gagner en importance en tant qu’origine des agents pathogènes zoonotiques. Ainsi au cours de ce siècle, c’est Asie qui a été à l’origine de grippes, du SRAS et aujourd’hui du Covid-19 et qui s’explique en partie par l’augmentation de la densité des personnes et de leurs animaux domestiques et l’accroissement de leurs interactions soulignent les trois auteurs.

L’Afrique en ligne de mire

En Afrique les zoonoses ont au cours des siècles passés ont presque toujours eu des effets limités. Mais la donne a changé. « L’Afrique rattrape maintenant l’Asie en tant que point chaud des maladies infectieuses. L’Afrique compte désormais la population humaine la plus forte et la plus jeune de toutes les régions du monde. En 1900, l’Afrique au sud du Sahara comptait environ 100 millions d’habitants ; la population s’élève désormais à 1 milliard et, d’ici 2100, devrait atteindre environ 4 milliards de personnes. Avec l’augmentation des populations humaines et l’augmentation de la demande de lait, de viande et d’œufs en raison de l’urbanisation et des revenus croissants, les densités d’humains et d’animaux domestiques augmentent également, en particulier en Afrique de l’Ouest côtière et en Afrique du Nord et dans les hauts plateaux de l’Afrique de l’Est », précise l’IRLI. Ces changements sociaux, démographiques et sanitaires ont contribué à transformer des retombées pathogènes occasionnelles de la faune à l’homme en pandémies de transmission de maladies entre les humains. C’est le cas du VIH ou d’Ebola.

Mais l’accroissement de la population n’est pas seul en cause. L’IRLI mentionne aussi le changement dans l’utilisation des terres, l’exploitation des forêts pour des activités minières ou extractions d’autres ressources mais aussi pour la viande de brousse et les médecines traditionnelles, et les interfaces plus étroites entre des peuplements humains denses et les forêts. L’IRLI prend l’exemple des chauves-souris qui s’adaptent de plus en plus à la vie périurbaine. Or, les analyses des coronavirus de chauve-souris, y compris le SRAS-Cov-2, indiquent qu’ils peuvent plus facilement muter pour infecter les humains que par le passé. « Accra, la capitale du Ghana, abrite plus d’un million de chauves-souris frugivores et la chasse et la vente sont d’importantes activités économiques. Une question cruciale est de savoir si les agents pathogènes des chauves-souris, y compris une gamme de coronavirus de chauves-souris, évoluent également pour devenir plus adaptés à de multiples hôtes animaux, y compris les humains » souligne les auteurs.

L’IRLI estime aussi que la propagation des infections chez les espèces animales domestiques est un facteur clé. Il stipule que pour les virus du Nipah et du Mers, la propagation des chauves-souris aux animaux domestiques intermédiaires, respectivement porc et chameaux, a été importante dans l’émergence ultérieure de la maladie chez l’homme.

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