Trois ONG françaises remettent en cause les pôles de croissance agricoles en Afrique

« Les pôles de croissance agricoles, comme les partenariats entre pouvoirs publics et entreprises privées, sont présentés comme des solutions miracles pour l’agriculture africaine, mais ne font en réalité qu’aggraver l’insécurité alimentaire et nutritionnelle des populations » tel est le constat formulé par trois ONG françaises – Action contre la Faim, CCFD-Terre Solidaire et Oxfam France –dans un rapport « Agriculture africaine : l’impasse des pôles de croissance agricoles » publié à l’occasion du G20 Africa Partnership (12-13 juin 2017 à Berlin en Allemagne).

Depuis 2005, les projets de pôles et corridors de croissance agricoles, ou encore agropoles, se multiplient en Afrique et même se généralisent à partir de 2012. Des projets soutenus par de nombreux bailleurs de fonds comme la Banque mondiale, la Banque africaine de développement, la plateforme Grow Africa, la Nouvelle alliance pour la sécurité alimentaire et la nutrition, souligne les trois ONG. Au cœur de ces agropoles, bâties sur le partenariat public/privé, la volonté de développer l’investissement privé dans l’agriculture.

« La critique des pôles de croissance agricoles prend de l’ampleur en Afrique, non seulement de la part des populations locales déplacées ou perdant des terres du fait de ces projets, mais également de la part d’acteurs du secteur privé local qui ne bénéficient pas d’un soutien à l’agro-industrialisation souvent formaté pour les grands investisseurs. Les organisations paysannes sont également mobilisées, dénonçant notamment un modèle de développement qui promeut une agriculture à deux vitesses, en favorisant les investissements des entreprises nationales et multinationales au détriment de ceux des exploitations familiales » indique le rapport. Un rapport élaboré à partir d’une série d’études de terrain réalisées au Burkina et au Cameroun et d’une analyse biographique.

Les ONG énumèrent les principaux risques associés à ces agropoles : le manque de consultation des populations locales ; un impact non démontré sur la quantité et la qualité (en termes de création d’emplois décents, 
de réduction de la pauvreté et de contribution à la lutte contre la faim) des investissements privés en agriculture ; la promotion d’un modèle de développement agricole menaçant la sécurité nutritionnelle des populations ; la marginalisation des productrices et producteurs à petite échelle ; la génération de tensions sur l’utilisation du foncier et l’exposition des populations locales à des risques environnementaux et sanitaires accrus du fait des modèles d’agriculture promus, qui priorisent les monocultures intensives à base d’intrants chimiques.

Les pôles de croissance en Afrique de l’Ouest en projet et effectif

Source :  Agriculture africaine : l’impasse des pôles de croissance agricoles