Kadri Alfah : Avec la Covid-19, la Ghana Commodity Exchange a perdu 30 à 40% de ses membres

 Kadri Alfah : Avec la Covid-19, la Ghana Commodity Exchange a perdu 30 à 40% de ses membres
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Suite à la Covid-19, le Ghana Commodity Exchange (GCX) a enregistré une baisse de 30 à 40% des agriculteurs s’inscrivant pour vendre leurs produits, souligne à CommodAfrica  Kadri Alfah, PDG de la bourse de marchandises. Les acheteurs sont difficiles à trouver et certains agriculteurs ont même repris leurs produits soit pour se nourrir, soit pour trouver d’autres moyens de les vendre. Mais la Bourse adapte son système et continue de sensibiliser les agriculteurs aux transactions commerciales.

 
Quel impact la crise Covid-19 a-t-elle eu sur le Ghana Commodity Exchange ?

 

Cela nous a touchés de manière très défavorable. Sur le Ghana Commodity Exchange (GCX) , nous inscrivons les agriculteurs qui produisent, ils nous apportent leurs produits et nous trouvons les marchés. Actuellement, en raison de la situation de la Covid-19, il nous est très difficile de le faire car la plupart des agriculteurs sont très inquiets pour l’avenir. Ils ne veulent donc pas venir à la Bourse et je ne sais pas où ils vont trouver des acheteurs.

Nous constatons qu’il y a eu une baisse d’environ 30 à 40% des membres qui s’inscrivent à la Bourse pour échanger des produits de base. C’est un coup dur pour nous. L’an dernier à cette époque, le nombre de membres était très élevé, environ 100 à 150 nouveaux membres venant. Actuellement, nous en avons moins de 20.

Qu’entendez-vous par nouveaux membres ?

 

Ce sont ceux qui viennent effectivement en tant qu’acheteurs ou vendeurs de produits. Il peut également s’agir d’institutions financières.

 

Vous savez, le business modèle de la Bourse requiert que les agriculteurs nous apportent leurs produits et nous les stockons et trouvons des marchés. La plupart d’entre eux ne nous apportent plus leurs produits pour leurs propres raisons de sécurité alimentaire et ceux qui nous ont laissé leurs produits les retirent pour essayer de les vendre ailleurs parce qu’ils veulent assurer aussi leur sécurité alimentaire. Cela a eu une incidence considérable sur nos revenus.

 

Et nous regardons aussi du côté de la demande. Nous échangeons des matières premières, actuellement du maïs et du soja. Ces produits sont généralement achetés par des transformateurs pour l’alimentation humaine et animale. Ces acheteurs transformateurs sont confrontés à de nombreux défis : ils subissent actuellement une forte pression et certains sont en faillite. Car le système de logistique et de transport à l’échelle internationale connait d’importantes difficultés et donc il leur est très difficile de traiter ces matières premières.

 

L’impact sur l’activité de la Bourse a donc été important.

 

Combien de temps les produits stockés peuvent-ils se conserver ?

Ce sont des aliments secs. Certains d’entre eux sont stockés depuis la saison des récoltes, en novembre-décembre dernier. Ils sont donc là depuis 7 mois environ. La durée de conservation moyenne pour des produits tels que le maïs et le soja serait d’environ 8 ou 9 mois. Il y a donc un risque et certains ont déjà dépassé leur durée de conservation. Cela signifie que la Bourse devra les payer. Lorsque les agriculteurs nous apportent leurs produits, nous garantissons la quantité et la qualité pendant toute la durée de stockage. Donc, en cas de détérioration ou de dégradation, la Bourse en supporte le coût.

Quel est le volume de produits que vous avez en stock ?

Nous avons environ 2 000 tonnes (t). Ce sont des volumes significatifs lorsqu’on considère que les petits exploitants produisent en moyenne 1,2 t et qu’ils en stockent 1 t avec nous. Donc, quand vous regardez 2 000 tonnes, vous pouvez voir l’énorme impact que cela a sur les moyens de subsistance de ces agriculteurs.Qui porte le fardeau financier?Notre plateforme permet aux producteurs de venir et de vendre leurs produits. Ils gardent la propriété sur leur produit. Ils sont payés quand il y a un acheteur. Ils ne le paient pas à l’avance certains des services que nous leur offrons comme les tests, le nettoyage, le classement et d’autres. Ils doivent vendre leur produit avant que nous soyons payés. Donc, si les agriculteurs ne trouvent pas de marchés pour leurs produits, la Bourse est également affectée. Le coût de portage est progressif et donc s’ils ne sont pas en mesure d’accéder aux marchés, le coût de portage est élevé et cela affecte leur marge bénéficiaire.

Pensez-vous que cela pourrait avoir un impact sur les futurs membres ?

C’est une question de confiance. Ceux qui apportent leurs produits sont convaincus que nous trouverons le marché et préserverons la quantité et la qualité de leur produit, et qu’ils obtiendront un prix équitable. Cela n’a pas changé. La seule chose est que nous savons que la Covid-19 a réellement changé beaucoup de choses. Nous ne sommes pas dans un système normal. Ce que nous faisons en tant que Bourse est de continuer à éduquer nos acteurs du marché sur l’effet de la Covid-19 sur la Bourse afin qu’ils puissent différencier un système commercial normal et un système où nous avons un impact Covid-19.

Les agences d’aide alimentaire, comme le Programme alimentaire mondial et d’autres, se fournissent-elles en produits que vous avez stockés ?

Nous comptions en fait sur le stock régulateur national pour nous acheter des produits mais ils ont également des problèmes logistiques. Mais parce que nous ne dictons pas les prix, tout acheteur qui n’est pas prêt à négocier aura des difficultés à acheter chez nous. Le problème ici est que nous ne dépendons pas des prix mondiaux; les agriculteurs sont propriétaires de leurs produits ; ils ont leurs propres prix et ces prix reflètent généralement leurs coûts de production. Ce sera donc un coût de production plus une marge. Donc, plus la marchandise reste dans l’entrepôt, plus le prix recherché sera élevé. Ainsi, à un moment donné, les agriculteurs chercheront à vendre leur produit sur des marchés alternatifs et en dehors de la bourse des produits.

En ce qui concerne l’avenir, quelles sont vos perspectives ?

Nous ne savons pas combien de temps durera ce Covid-19. Même si nous constatons qu’il se stabilise, c’est toujours un problème. A l’heure actuelle, notre système de marché exige que les acheteurs et les vendeurs doivent venir négocier sur une plate-forme. Pour l’avenir, nous avons mis en place un nouveau moyen de faire du commerce afin que les vendeurs et les acheteurs puissent le faire à partir de positions géographiques éloignées et faire du commerce en ligne.

Nous cherchons également à soutenir les agriculteurs et les producteurs qui n’ont pas pu accéder aux marchés, à l’interne ou à l’externe. Nous devons donc savoir comment accéder à ces marchés.

L’autre aspect que nous examinons est que les acheteurs ne doivent pas se rendre à l’entrepôt pour obtenir leurs produits, mais se les faire livrer.

Nous apportons donc beaucoup de changements pour que les marchés réagissent mieux. L’éducation est très importante, nous prenons donc des mesures pour éduquer nos agriculteurs sur leurs droits et comment les protéger.

 

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