Première promotion “New Generation” : 142 jeunes entrent dans le cacao et le café au Cameroun

 Première promotion “New Generation” : 142 jeunes entrent dans le cacao et le café au Cameroun
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Au Cameroun, aujourd'hui, à la clôture du Forum international New Generation, le Conseil interprofessionnel  du cacao et du café (CICC) remet son diplôme de fin de formation à 142 jeunes nouvellement impliqués dans la culture du cacao et du café.

 

Aujourd'hui à Yaoundé, 142 jeunes de la première promotion du programme de rajeunissement de la filière cacao-café, New Generation, reçoivent leur diplôme. Trois années de formation  s'achèvent donc pour eux avec succès.

Mais ces 142 jeunes ne démarrent pas leur vie de cacaoculteur ou de caféiculteur avec seulement un diplôme en poche mais à la tête d'une plantation qui a déjà démarré. Car, dès le départ, pour être accepté dans le programme de formation New Generation du  Conseil interprofessionnel du cacao et du café (CICC), outre une très forte motivation, chaque postulant doit disposer de 3 hectares (ha) de terres "propices" aux cultures du café et du cacao. Sept hectares pour ceux de la diaspora à qui le programme de formation est également ouvert (lire nos informations).

1478 jeunes en formation

Une fois intégrée au programme, "New Generation encadre chaque jeune pendant 3 ans et lui apporte tout", déclare Omer Maledy , secrétaire général du CICC. "Tout sauf la force de travail car nous ne leur donnons pas d'argent pour payer de la main d'œuvre. La main d'œuvre c'est la leur, c'est leur investissement, c'est leur business", précise-t-il .

Durant trois ans, ces jeunes conjuguent formations et travail sur leur plantation, avec un coaching individualisé d'encadreurs, formateurs et agronomes à leur côté. Au départ, il leur est remis à chacun un kit de production : sachet, semences, cabosses sélectionnées, bâches, boutures, intrants, pulvérisateur et équipement de protection, arrosoirs, etc. En outre, ils suivent au total 245 sessions de formation sur l'agro système du cacaoyer, la conduite de leur pépinière et de leur exploitation, l'utilisation des intrants, mais aussi des formations sur l'entreprenariat agricole, la comptabilité, la conduite des opérations post récoltes. Le CICC leur met le pied à l'étrier de la certification et, cerise sur le gâteau, ils sont accompagnés dans la démarche de la commercialisation "Nous les confions à un de nos membres de l'interprofession -et c'est l'avantage de l'interprofession- qui prend le relais du secrétariat et qui dit : celui-là sera mon partenaire. Il s'agit de Barry-Callebaut, Cargill, Telcar, et d'autres qui sont à l'affut de chaque promotion qui est sortante. C'est d'ailleurs eux qui terminent la certification car la certification coûte chère", précise encore Omer Maledy.

Ainsi, quatre ans après le démarrage du programme New Generation, en 2012, ce sont  1 478 jeunes qui ont été ou sont en formation, dont 1 248 dans la filière cacao et 230 dans le café.  Le Cameroun compte ainsi 2 885 hectares (ha) supplémentaires de plantations, dont 2 655 ha en cacao et 234 ha en café, a souligné Omer Maledy.

Rançon du succès, "Au départ, nous voulions que 200 jeunes entrent dans le programme chaque année. Mais en août, alors que démarre notre 5ème campagne, ils sont 455 au lieu de 200 car beaucoup de jeunes sont demandeurs.  On a doublé les effectifs initiaux du projet. Et on a une liste d'attente de plus de 800 jeunes."

Sur les 4 ans, seulement 40 se sont désistés -"On s 'est trompé dans le casting"- et 180 ont été radiés car "ils n'ont pas suivi les règles ", précise le secrétaire exécutif du CICC.

Une dynamique au-delà de New Generation

Pour consacrer l'évènement, deux jours de Forum international se tiennent, hier et aujourd'hui, dans la capitale camerounaise sur le thème "Cacao-Café, filières d'opportunités pour les jeunes", qui précèdent le festival annuel du café, Festicacao2016. Un Forum qui rassemble les jeunes du programme New Generation -dont le ministre du Commerce, Luc Magloire Mbarga Atangana, a salué la "positive attitude"- ainsi que des acteurs camerounais, africains et européens, tant du secteur public que privé.

Chacun s'est félicité du succès du programme du CICC, les représentants des filières cafés et cacao du Togo, du Gabon, de la Côte d'Ivoire, de la Sierra Leone témoignant avoir pris exemple sur New Generation pour développer des programmes similaires chez eux (lire nos informations).  Ceci d'autant plus qu'une véritable dynamique autour de ces filières semble se développer au Cameroun, le CICC devant signer aujourd'hui des protocoles avec les ministères camerounais de la Jeunesse ainsi que de l'Emploi et de la formation professionnelle pour créer un environnement rural propice, entourant et accompagnant ces jeunes cacaoculteurs et caféiculteurs. Philippe Ngathe Kom du ministère de la Formation a ainsi  évoqué la mise en place de centres de formation aux métiers non-agricoles en zone rurale ainsi que la création, d'ici 2019, de centres de formation dans l'agro-industrie ainsi que des centres de réparation de machines agricoles "car on ne peut pas travailler plusieurs hectares de cacao à la machette".

Des filières créatrice d'emplois directs et indirects

Les moyens de culture du cacao et du café doivent donc évoluer, surtout si on veut garder ces jeunes motivés et leur permettre d'atteindre des rendements et des qualités plus élevés qu'actuellement. Mais les deux filières, au-delà de  la culture per se, peuvent aussi générés des emplois connexes, stimulant le secteur rural dans son ensemble. "En célébrant la jeunesse du cacao, on célèbre le cacao dans sa diversité", a souligné hier Jean-Marc Anga, directeur exécutif de l'Organisation internationale du cacao (ICCO), présent à Yaoundé et fidèle défenseur du programme New Generation.

Et ce dernier, tout comme Michael Ndoping, directeur général de l'Office national du café et du cacao (ONCC) camerounais, ou encore Simon Bassanaga, agronome et formateur des jeunes du programme New Generation, d'énumérer les très nombreux métiers et donc les emplois qui peuvent se développer dans toute la chaîne de production et de valeur de ces filières : abatteur d'arbres  (une activité soulignée par les jeunes comme constituant une vraie difficulté car ils ne sont pas équipés ou formés, suscitant quelques réactions dans la salle liées à la nécessaire durabilité de la cacaoculture qui implique de ne pas abattre d'arbres ), "cabosseuses", pisteurs, exportateurs, réparateurs de machines, mais aussi chocolatiers pour le marché local,  voire garde d'enfants pour libérer les femmes cacaocultrices, comme a noté David Cordobès du Centre du commerce international (CCI/ITC) à Genève, soulignant  ainsi la diversité des opportunités d'emploi suscitées par un nouveau dynamisme de ces filières.

Les jeunes peuvent créer leurs propres opportunités

"Toute l'économie du pays se voit dans un processus transformationnel grâce à l'initiative New Generation", a-t-il été souligné, Stella Ngodi de Telcar Cocoa déclarant : "Nous n'avons plus d'emplois au Cameroun. Le cacao et le café permettent aux jeunes de créer leurs propres opportunités".

Mais tout n'est pas rose pour autant. Des cacaocultrices, présentes lors du Forum, n'ont pas manqué de rappeler les difficultés particulières auxquelles elles sont confrontées, notamment pour accéder à la terre afin de développer une plantation ou pour trouver des terres disponibles à acheter, ce à quoi sont aussi confrontés certains de la diaspora. L'accès aux financements et aux machines sont autant de difficultés et de défis mais qui, en définitive, peuvent devenir de véritables opportunités d'emplois et de filières à développer.

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