Bunge lance au Ghana la plus grande usine de beurre de karité… mais quid de l’emploi et du producteur ?

 Bunge lance au Ghana la plus grande usine de beurre de karité… mais quid de l’emploi et du producteur ?
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L’américain Bunge, qui fait partie des “ABCD” du négoce de matières premières avec Cargill, Archer Daniels Midland et Louis-Dreyfus, a ouvert hier sa première unité de transformation de beurre de karité  dans la ville portuaire de Tema au Ghana. Plus précisément, c’est sa filiale néerlandaise, Bunge Loders Croklaan (BLC), spécialisée dans les huiles et matières grasses, qui est aux manettes et qui a lancé également sa campagne de durabilité de la filière en Afrique, Where Life Grows.

 

L’usine à Tema est opérationnelle depuis l’année dernière. C’est la première unité de transformation en beurre de BLC sur le continent africain et la plus grande d’Afrique, une usine “dans les règles de l’art“, “totalement automatisée” précise le communiqué. Elle transforme principalement en oléine et en stéarine le beurre brut de karité provenant du broyage des noix sur les lieux de production, précise Antoine Turpin, général manager Afrique de l’Ouest de BLC. La stéarine ainsi obtenue est ensuite transformée de façon plus poussée dans les usines de BLC situées aux Pays-Bas, en Malaisie, aux Etats-Unis et au Canada. Rappelons que le beurre de karité est considéré comme une matière grasse végétale équivalente au beurre de cacao et pouvant entrer à hauteur de 5%  dans la fabrication de chocolat en Europe, par exemple.

Une usine automatisée

Actuellement, l’usine emploie 73 personnes notamment des communautés locales. Sa localisation stratégique permet non seulement un process de production plus efficace, mais il permet à BLC de respecter son engagement de construire une chaîne de valeur plus durable pour le karité.

73 salariés et 220 employés indirects dans la plus grande usine de transformation de karité du continent… Emploi et durabilité, aparemment, ne se conjuguent pas ici comme bien souvent sur d’autres projets agroindustriels en Afrique, là où pourtant on recense la plus forte croissance démographique au monde.

Quel impact sur le prix au producteur de noix ?

Notre dernier investissement au Ghana joue un rôle critique dans le renforcement de l’infrastructure mondiale de BLC pour transformer et approvisionner nos clients à travers le monde en produits de karité de haute qualité, tout en renforçant tout l’écosystème des broyeurs régionaux et des collecteurs locaux dans la région d’Afrique de l’Ouest“, a déclaré Aaron Buettner, président de BLC, sans toutefois évoquer la question du prix au producteur. “L’unité industrielle nous permet de soutenir fortement et d’habiliter les communautés locales de karité grâce au transfert de connaissances sur les process de valeur ajoutée et en investissant dans le développement des savoir-faire locaux.”

BLC a davantage le marché dans sa ligne de mire que la rémunération des producteurs tout en précisant que 16 millions de femmes en Afrique et leur famille dépendent de l’industrie du karité pour vivre. “Le karité, également reconnu affectueusement par les locaux comme l’arbre de la vie, est devenu un ingrédient vital à la fois dans les produits alimentaires et non-alimentaires, poussant à la hausse la demande en beurre de karité avec un taux de croissance annuel composé (TCAC) de 6,27% en valeur et 7,9% en volume jusqu’en 2024“, souligne le responsable de BCR citant l’étude réalisée par Research and Markets en septembre 2019.

Durabilité, oui mais  quel prix pour qui ?

Alors, quid de cette rémunération des producteurs ? Cherchons du côté de la campagne Where Life Grows qui, par son lancement hier, entend célébrer l’engagement pris par BLC il y a trois ans dans le cadre de son programme de durabilité du karité. Le groupe, dans son communiqué daté d’hier, précise que ce programme a pour objectifs “d’habiliter (empower) les femmes qui collectent le karité, de créer des valeurs socio-économiques dans leurs communautés et de conserver et regénérer les paysages de production dans la région”.

Apparemment, durabilité ne signifie pas nécessairement meilleure rémunération des producteurs sauf à jouer du rendement. “Comme membre fondateur de la Global Shea Alliance“, poursuit le communiqué, “BLC s’assure que les femmes qui collectent les noix de karité sont formées mais aussi que des outils leur soient donnés pour assurer leur sécurité, améliorer leur bien-être physique et rendent le process de collecte plus efficient. BLC a également contribué aux programmes élaborés afin d’accroître la valeur et la qualité des produits collectés, en construisant des entrepôts et en développant des partenariats avec des broyeurs locaux, ce qui, à son tour, augmente les gains financiers des groupes coopératifs des femmes. En outre, étant donné que le changement climatique impacte la vie des communautés dans la zone écologique de la Savannah, BLC s’est engagé à conserver et à protéger les paysages de production du karité en replantant des arbres, en ayant des projets de restauration des parcs de production de karité et en investissant dans des fours plus efficients en énergie pour les communautés de producteurs.”

Il est vrai que selon les 17 Objectifs du développement durable (ODD) adoptés par les 193 pays membres des Nations Unies le 25 septembre 2015 dans le cadre du programme de développement durable à l’horizon 2030, l’indicateur du revenu moyen des petits producteurs pour mesurer l’évolution des ODD a pour cible d’ici 2030 de “doubler la productivité agricole et les revenus des petits producteurs alimentaires“. Il n’est pas question de payer plus chers les produits bruts mais de jouer sur les rendements et la qualité pour répondre à une demande mondiale insatiable en produits tels que le karité.

Les engagements de BLC

 

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