Engrais : des prix en baisse mais ils demeurent à des niveaux élevés

 Engrais : des prix en baisse mais ils demeurent à des niveaux élevés
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Les prix des engrais en 2022 ont été sur des montagnes russes et atteint des sommets au début de l’année avec l’invasion de l’Ukraine par la Russie. Mais la hausse avait démarré dès 2020 avec la reprise post-covid et une hausse de la demande. Si depuis les plus hauts atteints en février-mars 2022, les prix des engrais se sont assouplis, ils demeurent historiquement élevés comme le montre le graphique de la Banque mondiale ci-dessous.

En outre, la diminution des prix reflète aussi la faiblesse de la demande, les agriculteurs ayant réduit leur consommation d’engrais en raison de problèmes d’accessibilité et de disponibilité. Ce qui est préoccupant pour la sécurité alimentaire et l’inflation des prix alimentaires. Si l’indice des prix mondiaux des produits de la FAO s’est inscrit en décembre en recul pour le neuvième mois consécutif, il enregistre une hausse de 14,3% en 2022 par rapport à 2021, soit le niveau le plus élevé depuis les records des années 90. En 2021, l’indice de la FAO avait déjà grimpé de 28%.

Des chaînes d’approvisionnements à l’épreuve

L’année 2022 a été marquée par des ruptures d’approvisionnement dans plusieurs pays producteurs d’engrais. Ainsi, souligne la Banque mondiale, en Europe, la hausse des prix du gaz a considérablement réduit les capacités de production d’ammoniac. « En octobre 2022, environ 70 % de la capacité de production européenne d’ammoniac avait été réduite ou fermée » indique la Banque mondiale. En outre, les sanctions imposées par les pays occidentaux à la Russie et à la Biélorussie, ont réduit de plus 50% les exportations de potasse de la Biélorussie. Enfin, la Chine a prolongé les  restrictions à l’exportation des engrais avec pour conséquences une chute de près de 50% des exportations de DAP et d’environ 60% de l’urée sur les dix premiers mois de 2022.

Quid de 2023 ?

Pour l’année 2023, avec la baisse des prix de l’énergie et en particulier du gaz, la production européenne d’ammoniac devrait redémarrer.

En ce qui concerne la Russie,  les exportations d’engrais minéraux pourraient chuter de 15% cette année, selon une déclaration d’Andrey Guryev, chef de l’Association russe des producteurs d’engrais. Une baisse imputable aux sanctions occidentales selon lui, précisant que de juin à juillet 2022, les producteurs russes ont augmenté l’approvisionnement des marchés des “pays amis”, l’Inde et le Moyen Orient, et sur le marché des pays africains.

A noter,  à partir du 1er janvier 2023 a été introduit par la Russie un droit d’exportation sur les engrais minéraux, fixé à  23,5 % si le prix des engrais dépasse $450 la tonne. Un droit en vigueur jusqu’ à la fin de 2023. En outre, la Russie a prolongé les quotas d’exportation d’engrais minéraux, qui seront en vigueur  du 1er janvier au 31 mai 2023, avec un volume total de 11,8 millions de tonnes (Mt).

Quant à la Chine, elle devrait revenir sur le marché, les restrictions à l’exportation devant être levées.

La baisse des prix va-t-elle se poursuivre ? La banque néerlandaise Rabobank tablait dans une analyse en novembre sur une diminution même si elle sera différenciée selon le type d’engrais. “La moyenne mobile de l’indice a une tendance à la baisse, car les prix des engrais reviennent aux niveaux d’avant-guerre“, déclare Bruno Fonseca, analyste principal  intrants agricoles chez Rabobank. Ajoutant, « Au cours des trois prochains mois, l’indice continuera de baisser mais restera au-dessus de la normale. Le principal point d’attention concerne les produits azotés, car la crise du gaz naturel en Europe a le potentiel de rendre l’urée et l’ammoniac plus chers et, par conséquent, de maintenir l’indice à un niveau élevé ».

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