Le cacao au plus haut en 3 ans ne dissuadera ni les millennials, ni les flexitariens, les freegan ou veganuary…

 Le cacao au plus haut en 3 ans ne dissuadera ni les millennials, ni les flexitariens, les freegan ou veganuary…
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Le prix du cacao est à son niveau le plus élevé en trois ans. Vendredi, sur le marché à terme de Londres -marché leader de la fève, le cours de la tonne a atteint £ 2 074, son niveau le plus élevé depuis novembre 2016. Sur la semaine dernière, le contrat sur l’échéance mai a grimpé de 3,8%.

Alors, bien sur, les causes de cette hausse sont nombreuses et se trouvent dans la situation actuelle du marché. Un temps très sec actuellement en Afrique de l’Ouest fait craindre pour le bon développement des cabosses pour la récolte intermédiaire (avril à septembre). Mais, rappellent certains, la situation n’a rien d’étonnant puisqu’on est en période sèche (novembre à mars) dans cette région du monde. Ceci dit, il faudrait tout de même au moins une bonne pluie tous les 15 jours pour booster la production, souligne un planteur.

Actuellement, non seulement les volumes sont moins abondants ce qui, là aussi, est normale puisqu’on est en fin de récolte principale, mais les fèves sont de petite taille et donc pas de qualité exportable ce qui resteint, là encore, l’offre et soutient les prix.

Notons que depuis le début de la campagne, le 1er octobre, et jusqu’au 31 janvier, les arrivages de fèves aux ports d’Abidjan et de San Pedro ont totalisé 1,378 Mt, en baisse de 0,6% par rapport aux volumes sur la même péridoe la campagen dernière, a indiqué ce matin le Conseil du café-cacao. Les exportateurs, qui fournissent leurs propres chiffres de volumes, estiment aussi que els arrivages sotn en baisse, mais très très légèrement, de -0,1% seulement, à 1,435 Ms sur la période allant du 1er octobre au 9 février.

Autre facteur qui dynamise les prix actuellement : la baisse de la livre sterling, de -0,25% sur les cinq derniers jours de marché. Ceci incite les opérateurs à acheter du cacao car c’est une des dernières matières premières à toujours être cotée en livre sterling sur le marché de Londres et la faiblesse de la sterling rend le prix de la fève très avantageux.

Troisième facteur, les fonds d’investissements misent sur une hausse du prix du cacao ces prochains mois en augmentant leurs “positions longues”, c’est-à-dire en achetant davantage de contrat à échéance lointaine.

Du chocolat pour tous les goûts

Au-delà de ces facteurs conjoncturels, on ressent un dynamisme certain sur le marché du chocolat, ce qui est de très bon augure pour le cacao. D’ailleurs, les boyages -indicateur de consommation- sont en forte et constante hausse ces trois dernières campagnes, de l’ordre de + 8,7%, passant de 4,39 Mt en 2016/17, à 4,59 Mt la campagen suivante à 4,78 Mt en 2018/19, selon les prévisions de l’Organisation internationale du cacao (ICCO).

Ce marché mondial du chocolat devient de plus en plus complexe à l’image des consommateurs.

Les activités de Barry Callebaut, premier fabricant mondial de chocolat et de produits à base de cacao, au chiffre d’affaires de € 6,5 milliards, en sont un bon baromêtre.

Début février, le géant suisse a annoncé le lancement du « M_lk Chocolate », un chocolat 100 % sans produits laitiers. Ce chocolat, explique Barry Callebaut, répond à la demande croissante des consommateurs, notamment des millennials et centennials, en faveur de friandises d’origine végétale.

Les millennials et centennials aspirent à vivre de façon heureuse et saine, en symbiose avec le monde qui les entoure. Ils veulent des aliments et des boissons savoureux et bons pour eux, mais aussi pour la planète et ses habitants. Ce lancement intervient à un moment où les consommateurs soucieux du développement durable, en particulier les millennials et centennials, adoptent de plus en plus un mode de vie « flexitarien » ou « freegan » en alternant sans problème entre des aliments d’origine végétale un jour et des aliments d’origine animale le lendemain ou en participant à des initiatives telles que le « Veganuary » (qui promeut l’adoption d’un régime exclusivement vegan durant le mois de janvier) afin de réduire leur empreinte carbone”, explique le communiqué de Barry Callebaut.

Selon une enquête réalisée en Belgique par Barry Callebaut, 9 % des personnes interrogées des générations Y et Z (nées après 1980) se disent vegan (refus d’exploiter les animaux), 9 % végétariens (non consommation de chair animale) et 26 % flexitariens (un végétarien qui mange occasionnellement de la viande).

En outre, 13 % de la jeune génération consomme quotidiennement des aliments sans produits laitiers, alors que 48% des plus de 37 ans ne consomment jamais d’aliments exempts de produits laitiers. En outre, 32 % des personnes interrogées déclarent consommer plus d’aliments vegan ou sans produits laitiers qu’il y a cinq ans, et 33 % s’attendent à ce que sa consommation d’aliments sans produits laitiers augmente dans les cinq années à venir. Mais l’offre actuelle sur le marché ne leur satisfait pas : 25 % pensent qu’il n’y a pas assez d’options vegan ou sans produits laitiers savoureuses sur le marché et 27 % de ceux qui boudent les produits d’origine végétale pointent leur prix comme étant un obstacle, toujours selon le sondage de Barry Callebaut.

Barry Callebaut en ordre de bataille

Pour commercialiser ces produits d’origine végétale, Barry Callebaut développe son réseau européen d’installations de production sans produits laitiers entièrement distinctes, dont une chocolaterie ultramoderne à Norderstedt, en Allemagne. Ce sera le premier site du fabricant capable d’approvisionner le marché européen en chocolat exempt de produits laitiers ; il ouvrira au premier semestre 2021.

Autre innovation du suisse témoignant de l’évolution de la consommation : en septembre, il a lancé un programme pilote en Californie de nouveaux produits alimentaires et de boissons tendant à utiliser davantage de produits issus de la cabosse. Car, rappelle-t-il, actuellement, on jette 70% de la cabosse. Or, on peut l’utiliser comme ingrédients dans les smoothies, les desserts glacés, les produits de boulangerie et de pâtisserie et le chocolat.

L’autre tendance lourde est l’achat de cacao responsable : 51% du cacao acheté par Barry Callebaut a été de source responsable sur son exercice 2018/19. Et en raison du rôle de Barry Callebaut en tant que fournisseurs d’ingrédients chocolat, en amont de l’industrie, ce 51% se retrouvera dans les produits finis.

Le Brexit, une opportunité

Signe du dynamisme du marché perçu à long terme, Barry Callebaut a lancé mercredi la construction d’un entrepôt de 60 000 m2 pour un coût de € 100 millions sur le nouveau site industriel de l’E17/4 à Lokeren, en Belgique. Situé entre Anvers, Gand et Bruxelles, ce sera, selon le n°1 du chocolat, le plus “grand entrepôt de chocolat du monde” dotée d’une haute technologie.

Même le Brexit ne fait pas peur ! Au contraire. Potentiellement ça peut même être une opportunité pour nous“, affirme à l’AFP Richard Terme qui dirige depuis Banbury, dans l’Oxfordshire, l’activité britannique du groupe Il estime que le départ de l’UE pourrait amener les opérateurs britanniques à développer d’autres marchés d’exportation et doper leurs ventes par exemple en Amérique du Nord. “Un gros client a déjà des contacts aux Etats-Unis et au Canada. Nous serions en position d’accompagner ce mouvement à l’export”, explique-t-il. Rappelons que le Royaume-Uni est le premier marché”du chocolat en Europe, avec 10 à 15% des volumes vendus en Europe, continent qui absorbe près de la moitié des ventes mondiales.

Rappelons que le volume de ventes de Barry Callebaut a augmenté de 8,2% sur son premier trimestre (septembre-novembre) à 585 620 tonnes et son chiffre d’affaires de 8,7% à 2 milliards de francs suisses. Visiblement, la stratégie est payante !

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