L’Inde provoque le grand chamboule-tout sur le marché mondial du riz

 L’Inde provoque le grand chamboule-tout sur le marché mondial du riz
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La donne pourrait quelque peu changer sur le marché mondial du riz. Hier, le gouvernement indien a annoncé relever de 3,9% le prix auquel il achètera le riz courant à ses producteurs sur la prochaine campagne, espérant ainsi calmer leur courroux à l’égard de trois nouvelles lois agricoles. Rappelons que se tiennent prochainement des élections cruciales dans l’Etat de l’Uttar Pradesh qui est au 3ème rang des Etats rizicoles du géant asiatique.

Le prix de soutien minimum des variétés courantes de paddy est donc fixé à 1 940 roupies ($ 26,59) les 100 kg, a précisé hier le ministre de l’Agriculture, Narendra Singh Tomar, lors d’une conférence de presse. Un prix supérieur à celui du marché libre ce qui incitera les riziculteurs à vendre davantage aux agences étatiques qu’aux exportateurs. « Les fermiers vendent à ceux qui paient le plus cher. Puisque les prix sur le marché libre sont plus faibles, ils préfèreront vendre aux agences gouvernementales », a expliqué B.V. Krishna Rao, président de l’Association des exportateurs de riz d’Inde.

L’Inde croule sous le riz. A ce jour, sur la campagne 2020/21 en cours, le gouvernement indien a acheté un record de 81,3 millions de tonnes (Mt) de riz auprès de ses producteurs contre 73,6 Mt il y a un an, a précisé le ministre.

L’Indonésie fait chuter ses taxes à l’importation

Moins de riz indien sur le marché mondial pourrait renchérir son prix. Ceci devrait d’autant plus être le cas que la demande serait soutenue avec des pays comme les Philippines qui ont annoncé lundi par la voix du ministre des Finances, vouloir diversifier leurs approvisionnements, notamment en achetant davantage à l’Inde dont le riz est encore à un prix très compétitif.

Rappelons que l’Inde est le premier exportateur mondial de riz et les Philippines pourraient devenir le deuxième importateur mondial derrière la Chine, selon des projections du Département américain de l’Agriculture (USDA).

Le fournisseur traditionnel de riz aux Philippines est le Vietnam puis vient la Thaïlande et ensuite, mais pour des volumes plus faibles, l’Inde et d’autres fournisseurs autres que l’Asie du Sud-Est. Manille, de plus en plus sujet aux tempêtes tropicales, sait que sa production est menacée et cherche à diversifier ses sources d’approvisionnement parmi les fournisseurs les plus compétitifs afin de contenir son inflation.

Pour ce faire, il a abaissé et uniformisé à 30% son tarif de la Nation la plus favorisée (NPF) sur le riz contre 40% auparavant pour du riz entrant dans son quota et 40% pour le hors-quota. Suite à cette modification tarifaire, le prix du riz vietnamien importé a baissé de 12,7% à $ 404,82 la tonne en mai, selon les données douanières. A noter que la semaine dernière, les prix du riz à l’export du Vietnam ont baissé face à des acheteurs qui se tournaient vers d’autres origines plus compétitives.

Le Vietnam joue la carte du haut de gamme

S’agissant du Vietnam, selon les chiffres de l’USDA, ses exportations sur le mois d’avril ont totalisé 787 121 t dont 163 948 t sont parties à destination de l’Afrique. De ce total vers l’Afrique, 143 845 t étaient du riz jasmin et 19 782 t du 5%. A noter qu’en ce début du mois de mai, les brisures 5% long grain usinée se vendent à environ $ 495 la tonne, soit $ 10 de plus que la qualité équivalente thaïlandaise et $ 100 de plus que le 5% brisures riz blanc non-parboiled indien.  

Selon le ministère vietnamien de l’Industrie et du commerce, le pays a exporté 1,89 Mt de riz représentant $ 1,01 milliard sur les quatre premiers mois de l’année, ce qui représente une baisse de 10,8% en volume mais une hausse de 1,2% en valeur. Sur cette période, le prix moyen à l’export a augmenté de 13,4% par rapport à début 2010, pour atteindre $ 534 la tonne. De ce total, 36,3% ont été expédiés aux Philippines, le reste allant vers la Chine, la Côte d’Ivoire, Cuba, l’Arabie saoudite, l’Australie et le Cambodge.

A noter que le Vietnam exporte maintenant davantage de riz parfumé et de haute-qualité, ce qui explique le renchérissement de son prix. Afin de pouvoir répondre aux normes de plus en plus exigeantes de l’Union européenne ou encore de la Corée et des Etats-Unis, le pays est monté en puissance en termes de qualité et de traçabilité. Rappelons que le Vietnam a signé l’année dernière plusieurs accords commerciaux de libre-échange, notamment avec l’UE, avec la Commission économique Eurasie et avec le Royaume Uni. Ceci lui ouvre un accès préférentiel majeur à ces régions.  

Le Nigeria rate son pari sur le riz et la Côte d’Ivoire déçoit

L’USDA, dans son dernier rapport mensuel sur le riz, a abaissé de 600 000 t ses estimations de production mondiale de riz en 2020/21, à 503,5 Mt, ce qui demeurerait supérieur de 1% aux volumes produits en 2019/20. Parmi les pays où les estimations ont été révisées à la baisse se trouvent la Côte d’Ivoire, la Guinée, le Mali et le Sénégal, aux côtés de l’Angola, Bangladesh, Cambodge, Laos, Mozambique, Paraguay, Tanzanie et Ouganda. En revanche, la production est en hausse au Bénin, au Nigeria et en Sierra Leone.

Toujours selon l’USDA, le commerce mondial du riz augmenterait peu en 2022, de 0,1% à 46,4 Mt ; il avait atteint le record de 48,4 Mt en 2017. Côté importations, les plus fortes hausses sont attendues du Nigeria mais aussi de l’Ethiopie, Iran, Irak, Madagascar et Philippines.

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