La Chronique matières premières agricoles au 9 juillet 2020

 La Chronique matières premières agricoles au 9 juillet 2020
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Les Etats-Unis ont enregistré mercredi un nouveau record quotidien de cas d’infections par le coronavirus à plus de 60 000 et plus de 900 décès ; hier, le seul Etat de Floride a annoncé près de 9 000 nouveaux cas et 120 morts, rapporte Reuters. Les risques de voir une résurgence de la pandémie freiner la reprise encore fragile de l’économie mondiale l’emportent sur le dynamisme qu’ont affiché les actions chinoises et la baisse du chômage aux Etats-Unis. En outre, la balance commerciale allemande en mai montrent un rebond moins marqué qu’anticipé. Ainsi, les principales bourses européennes ont fini en baisse hier dans le sillage de Wall Street, les investisseurs manifestant leur aversion au risque en se portant sur le dollar, l’euro retombant sous $ 1,13 hier soir. Face à la crainte d’un retour à des mesures de confinement, le marché pétrolier s’est inscrit à la baisse : le Brent a terminé à 42,52 le baril et le brut léger américain (WTI) à $ 39,76.

CACAOCAFÉ CAOUTCHOUCCOTON HUILE DE PALME RIZSUCRE

CACAO

Hier, le cacao s’est quelque peu redressé à Londres, clôturant à £ 1 563 la tonne sur l’échéance septembre après être tombé la veille à £ 1 550, son plus bas depuis octobre 2018. Mais il demeure très en-deçà des £ 1 585 affichés vendredi dernier alors que, déjà, c’était un plus bas en un an et demi. A New York, la tonne de fèves est tombée lourdement, de $ 2 179 jeudi dernier (vendredi était férié) à $ 2 149 hier soir.

Un marché impacté par l’actualité chez le premier producteur mondial, la Côte d’Ivoire, dont le Premier ministre Amadou Gon Coulibaly, candidat à l’élections présidentielle du mois d’octobre et dauphin du président Alassane Ouattara, est décédé brutalement mercredi. Une situation qui a mis sous pression les obligations souveraines ivoiriennes sur les marchés financiers et qui aurait pu faire grimper les cours sur le marché du cacao si ce n’est que, même aux pires moments de la crise politique au début de la décennie, le cacao n’a guère été impacté et a continué à être récolté et exporté, notamment par le port de San Pedro qui offre toujours une bonne alternative au port de la capitale économique d’Abidjan.

L’autre raison pour laquelle le marché mondial du cacao n’a guère réagi à cette situation politique est l’abondance en perspective des fèves ivoiriennes sur la campagne 2020/21 qui s’ouvre début octobre, alors que la demande mondiale peine à reprendre. Ceci dit, semaine après semaine, on constate que la campagne actuelle 2019/20 est inférieure à la précédente : sur la période d’octobre à mai, les ventes à l’international de fèves de cacao ont glissé de 1%, à 1 331 600 t, tandis que les ventes de produits semi-transformés ont baissé de 4,5% d’octobre à fin mai par rapport à la période correspondante il y a un an, à 286 386 t (Lire : Le caoutchouc naturel, toujours meilleur perfomer à l’export de Côte d’Ivoire).

Les arrivages aux ports ivoiriens ont atteint 1,962 Mr entre le 1er octobre et le 5 juillet, selon les exportateurs, en baisse de 6,4% par rapport à la période correspondante la campagne dernière. Le Conseil du café cacao (CCC), quant à lui, a déclaré lundi que les arrivages entre le 1er octobre et le 30 juin avaient baissé de 7%, à 1,935 Mt par rapport à la dernière campagne.

Côté entreprises, sur les neuf premiers mois de son exercice décalé 2019/2020, clos fin mai, Barry Callebaut a vu ses volumes de ventes se replier de 1,3% à 1,57 Mt et son chiffre d’affaires décliner de 4,4% à 5,2 millions de francs suisses (Lire : Chute de 14,6% des ventes de Barry Callebaut au 3ème trimestre). Mais le chocolatier industriel zurichois ne prévoit pas de plan de restructuration, a déclaré à Reuters son directeur général Antoine de Saint-Affrique. Ceci dit, “nous sommes prudents avec les nouvelles embauches et nous diminuons les coûts lorsque c’est possible“, la prudence étant également de mise en ce qui concerne les investissements. Un rebond semble s’être dessiné en juin, où le groupe a enregistré “une reprise progressive des ventes, qui a coïncidé avec l’assouplissement des mesures de confinement par les autorités nationales”. Le groupe a désormais exclu l’exercice 2019/20 de ses projections. Sur la période allant de 2020 à 2023, Barry Callebaut table sur une progression du volume de 5% à 7%. La crise sanitaire pourrait par ailleurs ouvrir les portes à de nouveaux clients.

CAFÉ

Le café Robusta termine la période sous revue quasiment là où il l’avait commencée, à $ 1 197 la tonne contre $ 1 199 vendredi dernier. En revanche, l’Arabica est repassé en -dessous de la barre du dollar la livre (lb), à 98,75 cents hier soir contre $ 1,032 jeudi dernier puisque vendredi était férié aux Etats-Unis.

Les analystes de Citi ont révisé à la baisse leurs prévisions de prix de l’Arabica pour le deuxième semestre face à la perspective d’un affaiblissement accru du real, la monnaie brésilienne, ce qui habituellement incite le pays à exporter car le café -qui se négocie en dollar US sur les marchés mondiaux- est plus compétitif à l’international.

Sur les marchés asiatiques du Robusta, au Vietnam, l’offre de produits physiques continue de se contracter. Les producteurs ont, cette semaine encore, vendu leur kilo de café à 32 000 dongs ($ 1,38) tandis que les exportateurs ont gonflé la prime par rapport à la cotation sur le marché à terme de Londres sur la position septembre, à $ 240 la tonne par rapport à $ 200 la semaine dernière pour du Grade 2, 5% grains noirs et brisés.

Au Brésil, l’agence statistique IBGE estime que la production de café en 2020 sera de 59 Ms, un volume beaucoup plus faible que la plupart des prévisions annoncées jusqu’à maintenant par les exportateurs et traders ; la production d’Arabica serait de 44,5 Ms, 4,8% de plus que ses prévisions de juin et en hausse de 28,9% sur 2019 tandis que la production de Robusta est estimée à 14,5 Ms, soit 5,8% de moins qu’en 2019. A noter que ce sont les premières et seules prévisions officielles brésiliennes dont nous disposons pour l’instant puisque l’agence gouvernementale Conab a repoussé la publication de ses chiffres du fait de la pandémie de Covid-19 qui empêche ses agents d’aller sur le terrain pour inspecter les caféiers. Pour sa part, le Département américain de l’Agriculture (USDA) a estimé la production brésilienne à 67,8 Ms, le négociant Marex Spectron à 66 Ms et l’analyste Safras & Mercado à 68,1 Ms. IBGE souligne qu’il a baissé de 3,1% ses dernières estimations le mois dernier, mais que ce niveau de production de 59 Ms représente tout de même une hausse de 18,2% des volumes de café par rapport à 2019.

En Indonésie, la prime sur Londres a grimpé à $ 300-350 par rapport à l’échéance septembre contre $ 300 la semaine dernière. En effet, les exportateurs font toujours face à la concurrence des industriels locaux qui sont en quête de grains pour produire du café soluble. Les volumes de grains qui arrivent des plantations ne cessent de croître et un trader confiait à Reuters que la récolte durerait sans doute jusqu’en octobre.

CAOUTCHOUC

Le marché du caoutchouc a poursuivi la dynamique positive enclenchée la semaine dernière avec des cours qui progressent à nouveau sur le Tokyo Commodities Exchange (Tocom) pour atteindre hier 157,2 yens ($1,46) le kilo contre 155,6 yens vendredi dernier et sur le marché de Shanghai à 10 650 ($1518) la tonne contre 10 485 yuans.

Les cours sont soutenus par l’espoir d’une reprise économique robuste et rapide du premier acheteur mondial, la Chine. En effet, le marché des actions chinoises grimpe s’approchant d’un plus haut de cinq ans car les réformes continues de Pékin sur les marchés des capitaux et les liquidités abondantes ont fait naître l’espoir d’une reprise économique rapide, stimulant le caoutchouc à Shanghai. Un net rebond de l’activité du secteur des services aux États-Unis en juin, revenant presque aux niveaux d’avant la pandémie, a également contribué à aiguiser l’appétit pour le risque des investisseurs.

Les gains ont toutefois été limités par la propagation du Covid-19 dans certaines parties du monde. En outre, indique Jiong Gu, analyste chez Yutaka Shoji Co, “Mais une tendance haussière du marché du caoutchouc pourrait être de courte durée en raison des inquiétudes concernant les fortes pluies dans le sud de la Chine, qui pourraient nuire à la demande des consommateurs et aux tensions entre la Chine et l’Inde“.

Au Vietnam, les exportations de caoutchouc ont rebondi en juin pour atteindre 110 000 tonnes pour une valeur de $130 millions, soit une hausse respective de 46,9% et de 44,5%. Néanmoins, depuis janvier, les exportations ont chuté de 25,7% à 456 000 tonnes et de 27,9% à 606 millions par rapport à la même période de 2019.

COTON

Les cours du coton poursuivent leur ascension, dopés par des conditions météorologiques défavorables au Texas, principale région cotonnière aux Etats-Unis, et les achats continus de la Chine du coton américain. Les cours ont atteint 63,89 cents la livre hier à la clôture contre 62,95 cents jeudi dernier, l’ICE étant fermé le 3 juillet. Un rally qui a démarré fin juin lors de la publication du rapport du département américain de l’Agriculture (USDA) montrant une baisse de 11% des superficies plantées en coton aux Etats-Unis. Depuis les cours ont gagné 9%.  La publication aujourd’hui du rapport mensuel sur l’offre et la demande de l’USDA, qui devrait montrer une baisse de la production de la fibre naturelle, pourrait donner une nouvelle impulsion au marché.

Toutefois, on assiste à une déconnection de plus en plus importante entre le marché de New-York et le marché physique. La grande majorité des autres pays producteurs peinant à trouver des acheteurs. Résultat les bases baissent. Si on assiste à une reprise de la demande depuis la mise en route du confinement dans plusieurs pays, la pandémie du Covid-19 poursuit son chemin et la faillite, parmi d’autres, cette semaine de l’américain Brooks Brothers n’est pas de bon augure pour la consommation de vêtements.

HUILE DE PALME

Le marché de l’huile de palme a légèrement progressé, les cours passant de 2 359 ringgits la tonne vendredi dernier à 2 406 ringgits ($563,3) hier à la clôture. Mais si au mois de juin la demande a rebondi, le ciel semble se noircir au mois de juillet. Sur les 10 premiers jours de juillet, les exportations devrait chuter d’environ 15% par rapport à la même période en juin.

Les données officielles publiées aujourd’hui par le Malaysian Palm Oil Board (MPOB) montrent que les stocks d’huile de palme ont chuté de 6,3% à la fin juin par rapport au mois précédent à 1,9 million de tonnes (Mt). Une baisse consécutive à un net rebond des exportations, qui ont atteint un plus haut depuis août 2019, à 1,71 Mt, soit 24,9% de plus qu’au mois de mai. En particulier, les importations du principal acheteur, l’Inde, étaient 4,5 fois supérieures en juin à celles du mois précédent, tandis que les importations chinoises ont augmenté de 56%. La production d’huile de palme brute a atteint un sommet sur 20 mois en juin, progressant de 14,2% par rapport à mai pour atteindre 1,89 Mt,

La demande était bonne en juin et cela a contribué à réduire les stocks de fin de campagne. En juillet, nous ne nous attendons pas à une demande similaire“,  remarque un trader basé à Kuala Lumpur, ajoutant que le marché se préparait à une augmentation des stocks dans les prochains mois. En outre, « nous prévoyons probablement une tendance à la production plus forte jusqu’en septembre“, indique Marcello Cultrera,  courtier chez Phillip Futures à Kuala Lumpur.

L’Indonésie, premier producteur mondial d’huile de palme, a exporté 2,43 millions de tonnes (Mt) d’huile végétale en mai, y compris les produits raffinés, contre 2,79 Mt un an plus tôt. En outre, l’Indonésie a également consommé 4,16 millions de kilolitres de biodiesel non mélangé entre janvier et juin, soit 43,3% de son objectif annuel, a déclaré à Reuters Andriah Feby Misna, directeur de la bioénergie au ministère de l’Energie du pays.

L’Inde a importé 562 932 tonnes d’huile de palme en juin, soit 18% de moins qu’en juin 2019. En revanche, par rapport au mois de mai 2020 , on observe une reprise des importations, en haussse de 8% à 1,16 Mt. Les importations du pays d’huile de soja en juin ont augmenté de 49% par rapport à il y a un an pour atteindre 331 264 tonnes, tandis que les importations d’huile de tournesol ont augmenté de 66% pour atteindre 268 128 tonnes, selon les données provisoires compilées par la Solvent Extractors ‘Association.

L’Union européenne a importé au cours de la saison 2019/20, terminée le 30 juin, 5,71 millions de tonne (Mt) d’huile de palme, en retrait de 12% par rapport à 2018/19. Sur la même période, les importations d’huile de soja ont progressé de 1% .

RIZ

Les prix à l’exportation du riz en Thaïlande ont chuté à leur plus bas niveau en quatre mois cette semaine, en raison de la faiblesse de la monnaie nationale et  de la demande, tandis que les prix vietnamiens ont augmenté après que les pluies incessantes ont suscité des inquiétudes quant à la récolte dans le pays.

En Thaïlande, les prix du Thaï 5% ont chuté à $455- $485, leur plus bas depuis début mars et en dessous des $514- 520 de la semaine dernière. Une baisse consécutive à la faiblesse de la demande ces dernières semaines et à une offre peu compétitive par rapport à ses concurrents en Asie.

Au Vietnam, les prix du Viet 5% ont grimpé à un sommet de trois semaines à $425-$457 la tonne contre $415-$450 la semaine dernière, soutenus par des difficultés d’approvisionnement causées par les pluies persistantes dans le delta du Mékong qui affectent la récolte du riz.

En Inde, les prix du riz étuvé 5% se sont appréciés à $377- $382 la tonne contre $373- $378  la semaine dernière. Selon un exportateur, les Africains augmenteraient leurs achats. La production de riz chez le premier exportateur devrait atteindre un niveau record en raison de bonnes pluies de mousson, et à mesure que le gouvernement augmentera le prix auquel il achètera la récolte de la nouvelle saison.

SUCRE

Le sucre roux sur l’échéance octobre est tombé de 12,24 cents la livre (lb) jeudi dernier à 11,84 cents hier soir à la clôture à New York. Quant au blanc, il a suivi la même tendance, passant de $ 351 à Londres vendredi dernier à $ 340,10 la tonne hier soir.

Un marché dont les prix sont soutenus par le temps très sec au Brésil mais qui, parallèlement, est tiré par le bas en raison de l’affaiblissement de la demande mondiale et une surabondance de l’offre. Au Brésil, les raffineries ont produit 23% de plus de sucre dans la deuxième quinzaine de juin par rapport à la même période l’année dernière, selon le groupe industriel Unica. Dans la ceinture cannière du Brésil du Centre-Sud, les raffineries ont produit 2,72 millions de tonnes (Mt) de sucre en juin contre 2,2 Mt en juin 2019, continuant à accorder leur préférence à la production de sucre plutôt que d’éthanol dont la fabrication a chuté de 17% à 1,095 milliard de litres. Ceci dit, à la surprise de tous, les exportations d’éthanol du Brésil durant ce mois de juin ont été de 44% supérieures à juin 2019.

En Indonésie, la plantation étatique PT Perkebunan Nusantra III augmentera de 60 000 à 70 000 ha sa plantation de canne afin de couvrir la de mande nationale en sucre blanc. Rappelons que l’Indonésie est le deuxième importateur mondial de sucre blanc après la Chine.

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