Chronique Énergies renouvelables & Agriculture en Afrique de l’Ouest au 10 novembre 2021

 Chronique Énergies renouvelables & Agriculture en Afrique de l’Ouest au 10 novembre 2021
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En Afrique de l’Ouest, les problématiques agricoles et agroindustrielles demeurent aisément liées à celles des énergies renouvelables. L’actualité confirme et renforce chaque jour cet état de fait. Revenons donc sur les dernières nouvelles agro/énergies renouvelables que nous retrouvons cette semaine dans près de huit pays : au Bénin, au Burkina Faso, en Gambie, au Mali, au Niger, au Nigeria et au Sénégal.

Mais avant de se plonger dans l’actualité de ces pays, intéressons-nous aux dernières nouvelles qui touchent l’ensemble de la région, ainsi qu’aux innovations technologiques.

 

Afrique de l’Ouest

La création de la Grande Muraille Verte est un des projets phares de l’Afrique de l’Ouest. La création de mur végétal contre l’avancée du désert d’une valeur totale de $ 33 milliards devrait s’étendre tout au long de la bande sahélienne de 8000 kilomètres (km) de long et de 15 km de large.

L’Union africaine a d’ores et déjà débuté la plantation d’arbres et à investir dans l’agriculture. Il en est de même pour la Banque africaine de développement (BAD) qui s’engage à investir $ 6,5 milliards pour la mise en œuvre de ce projet. Le président de la Banque Akinwumi Adesina souligne en marge de la COP26, le rôle indispensable des énergies renouvelables pour que les populations ne soient pas forcées de détruire les nouvelles forêts pour survivre : « S’il n’y a pas d’électricité au Sahel et que les niveaux sont très, très bas en ce moment, tout ce mur n’est rien de plus qu’un paquet de charbon de bois et de bois de chauffage qui attend d’être abattu ». Parallèlement, la BAD développe le projet Desert to Power pour fournir de l’électricité solaire à 250 millions de personnes qui vivent au Sahel.

Quelques innovations technologiques

A l’heure où les pompes d’irrigation sont principalement alimentées par les énergies fossiles, la société malienne d’ingénierie, de construction et de maintenance (Emicom) vient de créer sa propre pompe solaire d’irrigation nommée Futurepomp SF2 d’une capacité de 3 600 litres par heure pour une capacité de 120 watts (W) et d’une valeur FCFA 600 000.

Les populations d’Afrique subsaharienne éprouvent de grandes difficultés à disposer d’eau potable. Dans un rapport publié dans la revue nature, les chercheurs de Google, de l’OMS, de l’Unicef et de X Moonshot Factory, décrivent qu’ils ont réussi l’exploit de capter l’eau présente dans l’air pour la délivrer aux populations. Ce procédé fonctionne grâce à l’énergie solaire, dans un environnement humide -tropical- d’au moins 30 %, grâce au procédé de condensation. Ainsi lorsque l’air chaud et humide rencontrent de l’air plus froid, les molécules deviennent liquides. Dans ces conditions, un mètre carré de surface de collecte peut produire 5 litres d’eau par jour : $ 0,10 par litre, l’objectif étant qu’un litre d’eau coûte $ 0,01. Révolutionnaire.

Bénin

Voilà une ONG dont vous entendrez bientôt parler avec plus d’insistance dans ces chroniques. L’ONG Electriciens sans frontières annonce que son projet de délivrance d’eau à Bonou-Doubogan est en cours de finalisation. L’initiative consiste à pomper de l’eau solaire desservie dans trois bassins pour l’irrigation des cultures. Des bornes fontaines pour les villageois sont également prévues et permettraient d’améliorer significativement des conditions sanitaires, environnementales et économiques pour 10 000 villageois. Ainsi, grâce à l’arrosage des cultures, au maraichage et aux farines infantiles produites, les villageois vont pouvoir développer une activité économique.

Burkina Faso

De l’eau… encore de l’eau… Le ministre de l’Eau et de l’Assainissement, Ousmane Nacro, lance le programme « Djiguifa Dji » pour la réalisation de 120 points d’eaux dans les 13 régions du pays, permettant ainsi de développer l’accès à l’eau potable dans les grands centres urbains du Burkina Faso. D’un coût total de € 7,62 millions, les premières installations seront livrées dès décembre 2021 et le dernier point d’eau sera mis en service à la fin du mois de janvier 2022. Parallèlement, cette initiative vise à sécuriser et rénover les retenues d’eaux des barrages dégradés. Des restaurations qui permettraient de ralentir l’érosion des berges, la destruction du couvert végétal, etc.

Gambie

Comme nous l’évoquions dans nos colonnes la semaine dernière, la BAD pointe l’agriculture comme étant le potentiel n°1 de la Gambie (Lire : Pour la BAD, c’est l’agriculture l’atout de la Gambie). Le Document de stratégie du pays (DSP) du Groupe de la BAD pour la période 2021-2025 souligne la volonté d’utiliser « des sources d’électricité propres pour soutenir les agro-industries légères ». Ainsi, 144 installations d’eau alimentées à l’énergie solaire est prévue pour renforcer la croissance verte du pays, avec le soutien technique du Fonds pour l’énergie durable en Afrique (SEFA). De même, la Banque souhaite intervenir pour améliorer l’accès à l’électricité par le biais de l’énergie solaire qui servira à la modernisation des chaines de valeur agricoles, qui « favorisera le renforcement du tissu agro-industriel ». Affaire à suive.

Mali

L’Institut international de gestion de l’eau vient de publier son rapport Evaluation du potentiel d’expansion durable de l’irrigation solaire à petite échelle à Ségou et Sikasso, Mali. Un rapport qui intervient alors que 80 % de la population malienne vie de l’agriculture. L’irrigation des cultures est limitée au coton, à la canne à sucre et au riz dans les zones de l’Office du Niger et le long du fleuve Niger. Quant aux cultures pluviales des céréales, on la retrouve dans le bassin du fleuve Niger, elle couvre 5,8 millions d’hectares (ha), soit 90 % des terres arables du pays. Mais la production reste insuffisante. Une étude a donc été réalisée pour développer l’irrigation à petite échelle dans les villes de Ségou et Sikasso. Parmi l’ensemble des conclusions du rapport, on note -à Ségou- qu’une superficie de 145 000 hectares peut recevoir des systèmes d’irrigation solaire à petite échelle (SPIS) grâce à des disponibilités en eaux de surface et en eau souterraine. Il en est de même à Sikasso, où le potentiel d’irrigation des cultures à petite échelle s’élève à 655 000 hectares. Le potentiel est présent.

Niger

Alors que les yeux nigériens sont davantage tournés par les ressources pétrolières qui devraient bientôt fournir au pays une croissance à deux chiffres, les députés du pays viennent de voter le projet de loi autorisant la ratification d’un accord de prêt de $ 39 700 000 entre le gouvernement et la Banque d’investissement et de développement de la Cedeao (BIDC) pour le financement du Projet d’électrification rurale par système photovoltaïques de 250 localités nigérienne. Un financement qui permettra d’améliorer les conditions de vies des populations rurales qui vivent isolées du réseau électrique national. Ces installations devraient permettre une plus grande autonomie et une source de développement pour ces populations éloignées des centres urbains.

Nigeria

C’était annoncé ! La société britannique Bboxx arrive au Nigeria et ambitionne d’électrifier 20 millions de personnes en 10 ans via ses kits solaires. Le pays dispose d’un taux d’accès à l’électricité de 60 % dont seulement 34 % dans les zones rurales et entend remédier à cette situation en électrifiant les communautés rurales des régions de Lagos, Oyo, Ondo, Osun et Ekiti. La société entend cibler les petites entreprises et les commerçants. Notons que sur ces nouvelles terres nigérianes, Bboxx bénéficie du soutien financier de Bamboo energy access multiplier (BEAM), une société de capital investissement luxembourgeoise.

Sénégal

Le Projet d’appui à la sécurité alimentaire dans les régions de Louga, Matam et Kaffrine s’achève dans un an, en 2022. Lancé en 2013, le projet bénéficie d’un prêt de $ 1,3 million du Fonds africain de développement, ainsi que d’un don de $ 26,9 millions du Programme mondial pour l’agriculture et la sécurité alimentaire. L’initiative aura permis de financer des frais d’éducation et de santé grâce aux revenus perçus des fermes agricoles, bergeries, poulaillers, laiteries, étables, etc., d’améliorer les pistes rurales et développer l’offre alimentaire, entre autres. Avant de se clôturer, le projet finalise ses travaux par l’installation de 14 systèmes de pompages solaires et la réhabilitation de 20 zones maraichères en arrêt de production. Enfin, le projet bénéficiera de kits d’irrigation, motoculteurs, semoirs, arracheuses et pulvérisateurs notamment.

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