La Chronique Matières du Jeudi (11 février 2016)

 La Chronique Matières du Jeudi (11 février 2016)
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Il est fort probable que la Réserve fédérale américaine ne relève plus ses taux d'escompte, estiment les investisseurs et spéculateurs, ce qui les conduit à vendre du dollar pour acheter du yen, de l'or et des obligations. Des agitations monétaires qui impactent, comme toujours, les matières premières agricoles. Des marchés également en demi teinte car on fête le Nouvel An en Asie et Carnaval au Brésil. Enfin, côté météo, on devrait s'attendre à ce que La Niña succède à El Niño d'ici la fin de l'année, selon les services météorologiques américains.

CACAO

Un jour à la hausse, un jour à la baisse…. La fève ne cesse de faire du yo-yo, tiraillée entre la faiblesse de l'ensemble des marchés, tant  financiers que de matières premières, mais aussi la perspective d'une forte baisse des récoltes en Afrique de l'Ouest à cause du manque de pluie et de la force totalement inhabituelle de l'harmattan.  De source gouvernementale, le Ghana pourrait perdre jusqu'à 25% de sa récolte alors qu'Accra s'était fixé pour objectif de remonter cette campagne à 850 000 – 900 000 t après être tombé à 740 000 t en 2014/15.

Ainsi, les prix sur le marché à terme de New York ont chuté aujourd'hui, à $ 2 810 la tonne, approchant des plus bas depuis 10 mois enregistrés le 28 janvier, à $ 2 738 la tonne. Ceci dit, nombre d'analystes, dont ceux à UBS, estiment que la fève rebondira vers les $ 3 000.

En Côte d'Ivoire, les arrivages au 8 janvier auraient totalisé 1 104 000 t, estiment les exportateurs et ce depuis le début de la campagne le 1er octobre, contre 1 141 000 t sur la même période la campagne dernière. Les arrivages entre le 1er et le 7 février totaliseraient 41 000 t contre 48 000 t en 2015.

Coté pays importateurs, notons le succès, selon les organisateurs, du Festival du chocolat à Lisbonne qui s'est tenu du  4 au 7 février , avec quelque 30 000 visiteurs, 8 exposant et plus de 200 marques de chocolat présentes.

Côté entreprises, Itochu, n°2 des maisons de négoce japonaises derrière Mitsubishi, très implantée en Chine, s'est associée avec le négociant et industriel américain du cacao Transmar. Ils créent une entreprise conjointe basée à Londres, Transmar Group, dont Itochu détient 20%. La sogo shosha servira comme agent de distribution sur l'Asie à Transmar.

De son côté, le géant américain de la confiserie Mars a annoncé ne plus avoir recours aux colorants artificiels dans toute sa gamme de produits alimentaires (voir nos informations).

CAFÉ

Le café tant Arabica que Robusta terminé la période sous revue plutôt stable, la prime sur le café frais conduisant les opérateurs à puiser plutôt dans les stocks certifiés, c'est-à-dire du café dans les entrepôts certifiés des marchés à terme.  Le marché du Robusta est particulièrement calme cette semaine car, côté Arabica, le Brésil fête Carnaval, et côté Robusta, le Vietnam fête la Nouvelle année, en plein festival du Tet. L'Arabica termine à $ 1,1425 la livre et le Robusta à $ 1 384 la tonne.

Cette demande soutenue pour du café certifié pourrait marquer un retour vers une tendance haussière des prix notamment de l'Arabica, estime Romain Lathiere, gestionnaire de fonds à Diapason Commodities Management à Lausanne. En effet, les volumes des stocks certifiés baissent, passant de 1 727 703 sacs le 31 décembre dans les stocks du ICE à 1 588 777 sacs le 5 février,  et les fonds spéculatifs seraient plutôt à l'achat. En outre, il y a des craintes de sécheresse en Colombie et on constate des signes de raffermissement du real, la monnaie brésilienne, ce qui conduirait les producteurs du géant latino-américain à moins se porter à la vente.

Au Kenya, lors des ventes aux enchères qui se sont tenues mardi, le Grade AA s'est vendu dans une fourchette de prix allant de $ 106 à 591 le sac de 50 kg soit en hausse par rapport aux ventes précédentes lorsque la fourchette a été de $ 71 à 507. Le AB a trouvé preneur entre $ 71 et 340 contre $ 64 et 360.

CAOUTCHOUC

Les cours du caoutchouc reculaient mercredi pour la quatrième séance consécutive en s’approchant d’un plus bas de sept ans. La chute de l’index boursier japonais le Nikkei ainsi que la fermeté du yen, au plus haut depuis 15 mois, ont incité les investisseurs à vendre. Le contrat de juillet  a clôturé à 147,1 yens ($1,28) le kilo. « Le sentiment du marché est devenu très sombre avec des marchés financiers mondiaux qui semblent entrer  en crise et l'économie américaine qui montre des signes de faiblesse » indique Satoru Yoshida, analyste chez  Rakuten Securities. En outre, la demande est faible avec les vacances du Nouvel an et la fermeture des marchés de Shanghai et Singapour.

Côté entreprise, Goodyear Tire & Rubber a publié mardi un bénéfice trimestriel meilleur que prévu, porté par la hausse des ventes en volume et une baisse des coûts des matières premières. Le coût des biens vendus par le premier fabricant américain de pneumatiques a baissé de 8%, à $3,07 milliards (€2,74 milliards), conséquence, entre autres, d'un prix du pétrole qui a pratiquement fondu de moitié au quatrième trimestre, tandis que celui du caoutchouc a diminué de 4%.

Les ventes ont augmenté de 7% à 42,1 millions de pneus sur le trimestre clos au 31 décembre, en raison notamment de l'acquisition de Nippon Goodyear au Japon.

Goodyear a fait état d'une perte nette part du groupe de $380 millions contre un bénéfice net de $2,13 milliards un an auparavant, solde qui incorporait un avantage fiscal de $2,2 milliards. Le chiffre d'affaires est passé de $4,36 milliards à $4,06 milliards, entamé par un dollar fort.

COTON

Les cours du coton sont tombés cette semaine à un plus bas d’un an à 58,25 cents la livre pour le contrat de mars à la suite du dernier rapport sur l’offre et la demande de l’USDA. La tendance est plutôt baissière avec une moindre réduction des stocks qu’anticipée suite à la faible demande. En outre le coton subit la concurrence du polyester. Les prévisions sont plus faibles tant sur la consommation que les importations. Les importations sont à leur plus bas niveau depuis 2004/05 suite aux chutes de la demande en Chine (moins 500 000 balles) et au Pakistan (moins 400 000 balles), ce qui impactent les flux commerciaux des Etats-Unis. Les exportations américaines se sont contractées de 500 000 balles à 9,5  millions de balles.  La consommation mondiale de coton est réduite de 1,3 million de balles. Le déficit de la production mondiale demeure significatif, de 8,2 millions de balles, et un déficit plus important est attendu en 2016/17, observe Rabobank.  Les stocks sont estimés juste au dessus de 104 millions de balles.

 

Source : USDA – WASDE

Selon la dernière enquête  du National Cotton Council, les agriculteurs américains sèmeraient 9,11 millions d’acres de coton cette année, en hausse de 6,2% par rapport à l’année dernière (8,58 millions).

Les premières conclusions de l’enquête menée depuis  plus d’une année par la  Turquie sur les importations américaines de coton sont rendues. « Les importations de coton en provenance des États-Unis ont causé des dégâts matériels à la production locale », a déclaré le ministère de l'Economie dans un rapport d'enquête provisoire. Le rapport indique que la majorité du coton américain a été vendu à la Turquie par quatre entreprises: LD Commodities Cotton LLC (LDC), Noble Americas Resources Corporation, Cargill Cotton Business Unit et Staple Cotton Cooperative Association. L'enquête a calculé la marge de dumping à 3,14%  du prix CAF pour Cargill, 5,89% pour Noble, 6,17 % pour Staple et 7,91 % pour LDC. La marge pour les autres exportateurs a été calculée à 5,9%. Ces chiffres montrent  les tarifs maximaux  que la Turquie pourraient imposer au coton américain.

L’enquête a été lancée en octobre 2014 et devrait être finalisée le 18 avril. « Le fait que les importations américaines de coton aient été identifiées comme portant préjudice à la production locale et  que les marges de dumping ont été précisées nous conduit à penser que la Turquie est prête à imposer des mesures »,  a déclaré  à Reuters Bulent Hacioglu, avocat à Trade Resources basé à Istanbul.

La Turquie était le septième producteur mondial de coton en 2014/15 et le huitième importateur mondial. Les importations des États-Unis représentent environ 50% des importations totales de coton en Turquie. En 2014, la Turquie a importé 450 226 tonnes de coton des Etats-Unis pour une valeur de $915 millions, selon le rapport.

HUILE DE PALME

Les cours de l’huile de palme ont atteint un plus haut de 21 mois cette semaine. Toutefois, les données sur les exportations ont renversé les gains de mercredi. En effet, les exportations ont chuté de 22,7% et 38,8%, respectivement données d’Intertek Testing Services et  de Société Générale de Surveillance sur les 10 premiers jours de février. Les stocks de la Malaisie sont tombés en janvier  à un plus bas de six mois à 2,31 millions de tonnes (12,4% de moins qu’en décembre).

Les cours de l’huile de palme devrait augmenter en 2016, et ce pour la première fois en cinq ans, en raison de la croissance plus faible de la production due au phénomène El Nino toutefois l’offre importante au niveau mondial d’oléagineux et la faiblesse des prix du pétrole devraient limiter les gains, montre un sondage réalisé  par Reuters auprès de 14 analystes et négociants.  Les prix de l’huile de palme brute se situeraient sur une moyenne de 2400 ringgits ($584,23) la tonne en 2016, en hausse de 5,5% par rapport au 2 275 ringgits la tonne l’année dernière.

De son côté, l’analyste Dorab Mistry estime que les prix pourraient grimper pour atteindre 2700 ringgits la tonne au second trimestre avec le ralentissement saisonnier de la production et le temps sec qui diminue les rendements.

Au Sierra Leone, les juges du tribunal de Bo ont condamné six personnes à des peines de 5 et 6 mois de prison pour avoir détruit 40 palmiers à huile appartenant à l’entreprise Socfin, détenue à 38,7% par le groupe Bolloré. Les faits qui sont reprochés aux six condamnés remontent à 2013 et se sont déroulés dans le district de Pujehun, où la compagnie agro-industrielle de droit luxembourgeois Socfin possède des plantations. Même si les responsables de la compagnie indiquent qu’en réalité c’est un millier de plants qui ont été endommagés, ils se montrent satisfaits du verdict de la Cour.

RIZ

Difficile d’observer une tendance générale des cours mondiaux des prix du riz en janvier observe Patricio Mendez del Villar dans son dernier rapport mensuel du marché mondial du riz, Osiriz. En effet, les prix se sont raffermis en Thaïlande, en Inde et au Pakistan tandis qu’ils chutaient au Vietnam et aux Etats-Unis ainsi que dans le Mercosur en raison de la fermeté du dollar par rapport aux monnaies nationales. « Les cours mondiaux commencent l’année au plus bas depuis la crise de 2008, mais ils pourraient amorcer une remontée avec le retour annoncé des grands importateurs mondiaux. Des conditions climatiques défavorables et le recul des surfaces rizicoles, à cause de la faiblesse des cours mondiaux, entraineraient une baisse de la production mondiale et une reprise de la demande mondiale » indique Patricio Mendez del Villar.

Selon, le dernier rapport sur l’offre et la demande de l’USDA,  les estimations de l’offre mondiale de riz en  2015/16 ont été réduites de 1 million de tonnes avec la baisse de la production et des stocks en baisse. La plus forte baisse de la production est celle de la Thaïlande (500 000 tonnes), puis celle du Brésil (100 000 tonnes) tandis que les conditions de sécheresse ont diminué les estimations  de récolte au Nicaragua et dans d’autres pays d’Amérique centrale. L’estimation de la consommation mondiale de riz est abaissé de 600 000 tonnes mais demeure à un niveau record de 483,7 millions de tonnes. Enfin, les stocks de clôture devraient s’établir à leur plus bas niveau depuis 2007/08 à 89,3 Mt.

En Afrique subsaharienne, la production rizicole s’est globalement contractée de 1% en 2015, selon Osiriz.  Une baisse imputable aux mauvaises conditions climatiques dans presque toutes les régions. Le Ghana et le Nigeria ont été les plus affectés en Afrique de l’Ouest.  En revanche, en Guinée, au Mali et au Sénégal, la production de riz a progressé sous l’impulsion des politiques publiques mises en œuvre pour relancer la filière riz. Pour 2016, Patricio Mendez del Villar  estime que  la demande d’importation devrait progresser à 14,6Mt, soit près de 45% des besoins du continent.

SUCRE

Le prix du sucre roux a terminé la semaine en baisse, courbant sous l'énorme récolte 2016/17 attendue au Brésil, la faiblesse du real, la baisse des prix du pétrole et la déroute sur les marchés financiers. Le roux termine donc la semaine sous revue à 13,25 cents la livre tandis que le blanc glisse de $ 2,20 à $ 389 la tonne.  Le terme expire demain et le marché ne s'attend guère à d'importantes transactions, les seuls pouvant vendre à ces niveaux de prix étant l'Inde et l'Amérique centrale, estime Nick Penney de Sucden Financial Sugar.

Au Brésil, les broyages de canne à ce jour, sur la récolte 2015/16 (avril à mars), atteignent un record de 599,9 millions de tonnes (Mt), en hausse de 5% par rapport à la récolte décevante en 2014/15 de 570 Mt.

Aux Etats-Unis, la production de sucre est maintenant estimée à 8,8 millions de tonnes courtes pour la campagne 2015/16 qui a démarré en octobre, le Département de l'Agriculture (USDA) révisant à la baisse ses prévisions du mois dernier qui étaient de 8,9 Mt, mais en hausse par rapport aux 8,6 Mt produites en 2014/15. L'USDA estime que les importations américaines de sucre augmenteront car le prix du marché mondial est plus compétitif que le prix intérieur. Les raffineurs devraient faire entrer 300 000 t de sucre en 015/16 au travers du programme de réexportation qui leur permet d'acheter une tonne de sucre roux au cours mondial pour chaque tonne qu'ils exportent.

Quant à l'Egypte, elle a annoncé mardi l'annulation de la taxe temporaire de 700 livres égyptiennes par tonne de sucre blanc importé. Cette taxe avait été instaurée en avril 2015, le temps de procéder à une enquête sur un possible dumping qui aurait couté à l'industrie égyptienne du sucre environ 1 milliard de livres égyptiennes ($ 128 millions).

Côté entreprises, à l'île Maurice, la compagnie Alteo, la plus importante raffinerie de sucre de l'Océan indien,  a enregistré une chute de 63% de ses bénéfices avant imposition sur le trimestre à fin décembre, à $ 6,87 millions. Son usine au Kenya, Transmara Sugar Company, a été touchée au second semestre par l'arrêt d'une de ses machines pour entretien et des travaux pour accroître sa capacité. La baisse est aussi liée à un facteur comptable car plus tôt dans l'année, un gain exceptionnel avait été enregistré.

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