La Chronique Matières du Jeudi (11/05/2017)

 La Chronique Matières du Jeudi (11/05/2017)
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Les incertitudes politiques aux Etats-Unis, notamment suite au licenciement du directeur du FBI, ont incité les investisseurs à quelque peu délaisser le dollar pour aller vers des valeurs plus sures comme l'or ou encore le yen japonais, en cette fin de période sous revue. L'or s'est, d'ailleurs, inscrit en hausse.

CACAO

Après trois jours de hausse, le cacao a finalement terminé, mercredi soir, en baisse sur le marché à terme de New York, à $ 1 954 la tonne, tandis que le prix des fèves à Londres demeurait inchangé à £ 1 529 la tonne. Mais la progression a été nette depuis vendredi dernier, la tonne de fèves ayant alors terminé à $ 1 866 la tonne et à £ 1 461 à Londres.

Ceci dit, la faiblesse des cours est persistante. Ce qui inquiète les exportateurs en Côte d'Ivoire. Depuis juillet dernier, le prix mondial du cacao a chuté de 40% environ. Sur les 8 exportateurs interrogés par Reuters, six estiment que d'ici la fin septembre, soit d'ici la fin de la campagne 2016/17, le Conseil du café-cacao (CCC) ne sera plus en mesure d'effectuer ses paiements. Pourtant, rappelons que le CCC a réduit de 36% son prix garanti sur la campagne intermédiaire allant d'avril à septembre, faisant passer le prix au planteur de FCFA 1100 versé durant la campagne principale à FCFA 700 le kilo. Rappelons que si le CCC détenait FCFA 170 milliards en fonds de réserve à fin décembre, il a dû intervenir en soutien aux opérateurs qui avaient fait défaut. On ne connait pas le niveau actuel du fonds et le CCC, contacté par Reuters, n'a pas répondu.

Au 7 mai et depuis le 1er octobre, les arrivages aux ports ivoiriens ont totalisé 1 523 000 t, en forte hausse par rapport aux 1 276 000 t sur la même période la campagne dernière, selon les estimations des exportateurs.

Au 20 avril et depuis le début de la campagne le 1er octobre, les achats du Cocobod au Ghana ont totalisé 757 506 t, en hausse de 13% par rapport à la même période la campagne précédente, selon le Cocobod. La campagne principale du numéro 2 mondial du cacao s'achève aujourd'hui, jeudi. La campagne principale représente habituellement 90% de la production annuelle totale du Ghana.

Les importations russes de fèves de cacao ont augmenté au premier trimestre, à 10 800 tonnes (t) contre 8 200 t sur la même période en 2016, selon les données douanières.

Côté entreprise, Naturebank Asset Management a signé un accord de partenariat limité avec Southern Harvest Partners pour développer et gérer le portefeuille de projets cacaoyers existants et nouveaux en République dominicaine, a rapporté hier l'agence Reuters. Il s'agit de développer la culture de cacao fin mais aussi sa transformation et commercialisation.

CAFÉ

Rien de bien neuf sur le marché du café, le Robusta terminant mercredi soir en légère baisse à $ 2 014 la tonne sur le marché à terme de Londres, tandis que l'Arabica était en hausse à $ 1,3665 la livre. A la clôture vendredi dernier, l'Arabica à New York était à $ 1,357 la livre et le Robusta $ 2 002 la tonne à Londres.

Côté Robusta, le marché n'a guère accordé d'attention à l'autorisation donnée mardi par les autorités brésiliennes d'importer du café du Vietnam pour faire tourner ses industries de café soluble, sans doute parce que ces importations ne portaient que sur 5 893 sacs de 60 kg, soit des volumes relativement insignifiants, souligne un trader. Ceci dit, cela ouvre la porte à d'éventuelles importations plus importantes, plus tard cette année. Mais les importations ne pourront pas excéder les 500 000 sacs, ce qui est moins de 5% de la production brésilienne.

Sur le mois d'avril, le Brésil aurait exporté 1,86 million de sacs de 60 kg (Ms), en chute de 14,5% par rapport à avril 2016. De juillet 2016, démarrage de la campagne brésilienne, à avril, les exportations ont baissé de 9,2% à 25 Ms.

L'analyste Safras & Mercado a légèrement revu à la hausse ses prévisions de janvier concernant la production brésilienne pour 2017, à 51,1 millions de sacs de 60 kg (Ms) contre 51 Ms. La production d'Arabica ne serait que de 39,6 Ms en 2016 contre 45,9 Ms en 2016 et celle de Robusta à 11,5 Ms contre 9,6 Ms en 2016. S'agissant de la récolte 2016, le spécialiste a également révisé à la hausse ses chiffres, à 55,5 Ms contre 55,1 Ms estimés auparavant. Enfin, Safras & Mercado estime qu'au 8 mai, 6% de la récolte brésilienne a été réalisée, ce qui porte sur 3,2 Ms.

Sur le marché asiatique, cette semaine, les marchés à l'export ont été plutôt calmes, l'Indonésie étant en vacances et les cafés vietnamiens enregistrant une faible demande, les acheteurs étrangers se faisant rares. Leurs prix ont d'ailleurs baissé, le Grade 2, 5% noir et brisures, se vendant à prime de $ 10 à 20 la tonne sur Londres alors que la semaine dernière, il trouvait preneur à $ 20-30 au-dessus du marché à terme leader.

A noter que les exportations vietnamiennes de café ont été révisées à la baisse en avril, à 135 000 t ou encore 2,25 Ms, alors qu'on s'attendait à 150 000 t exportées. Par rapport à avril 2016, la chute est importante, de l'ordre de 19,8%.

En Afrique, le prix maximum atteint aux ventes aux enchères au Kenya mercredi a été en hausse par rapport à la semaine dernière. Le Grade AA a trouvé preneur dans une fourchette de prix allant de $ 71 à $ 406 le sac de 50 kg contre $ 167-$ 324 aux ventes précédentes. Le Grade AB, quant à lui, a évolué entre $ 90 et $ 200 contre $ 61 et 273 la semaine dernière.

Les importations russes de café ont été relativement stables, en très légère hausse, à 41 700 t au premier trimestre, contre 41 000 t sur la même période en 2016, selon les données douanières.

CAOUTCHOUC

Les inquiétudes sur une surabondance de l’offre sur le marché de Shanghai ont pesé cette semaine sur le marché du caoutchouc à Tokyo, seule la dépréciation du yen face au dollar a apporté un soutien au marché. Lundi, les cours sur le Tokyo Commodity Exchange (Tocom) ont plongé de 15,1 yens, le contrat d’octobre clôturant à 206,6 yens ($1,84) le kilo après la fermeture des marchés japonais la semaine dernière du mercredi au vendredi suite à la Golden Week. « La tendance du marché baissier à Shanghai a ouvert la voie », a déclaré Hiroyuki Kikukawa, directeur général de la recherche chez Nissan Securities. Ajoutant « Le sentiment baissier devrait se poursuivre à Tokyo et à Shanghai en raison de la faiblesse du prix du pétrole, des ventes d'automobiles plus faibles aux États-Unis et de la fin de la saison d'hivernage dans les pays producteurs en Asie du Sud-Est ». A Shanghai, le contrat de septembre a perdu 240 yuans pour finir à 13 565 yuans ($1 965) la tonne, après avoir chuté à 13 520 yuans, son plus bas depuis le 14 septembre. Si les cours sur le Tocom passe en dessous de 200 yens le kilo, les ventes peuvent s’accélérer souligne Hiroyuki Kikukawa. Grâce au yen, les cours ont repris un peu des couleurs les jours suivants clôturant mercredi à 209,1 yens ($ 1,84) le kilo.

Dans ses dernières prévisions, Commodity Markets Outlook, la Banque mondiale estime que les prix du caoutchouc devraient progresser de 40% en 2017 (cf. nos informations).

En Chine, le ministère du Commerce a prolongé mardi les droits anti-dumping sur le caoutchouc chloroprène – principalement utilisé dans la fabrication de câbles électriques et de produits étanches- importé du Japon, des Etats-Unis et de l'Union européenne pour cinq ans à partir de mercredi. Ils sont en vigueur depuis 2005.

Selon le ministère, les droits anti-dumping sur les importations japonaises varient de 10,2% à 43,9%, tandis que ceux imposés sur les producteurs américains sont de 151% et les entreprises européennes sont soumises à des taux allant de 11% à 151%.

Côté entreprises, General Motors, Ford Motor et Toyota Motor Corp, les trois premiers constructeurs automobiles aux États-Unis, ont affiché en avril des ventes de véhicules neufs inférieures soulignant le ralentissement du marché américain.

Quant à l’équipementier allemand Continental, il a relevé ses objectifs de résultats pour 2017 suite aux résultats obtenus au 1er trimestre. Toutefois, Continental estime que la hausse des prix des matières premières – notamment le caoutchouc – devraient avoir un effet négatif de € 175 millions au deuxième trimestre. Suite à la hausse des matières premières, Continental avait déjà augmenté le prix de ses pneus.

COTON

Le rapport mensuel sur l’offre et la demande mondiale (WASDE) du département américain de l’Agriculture (USDA) ainsi que la liquidation des investisseurs ont fait plonger mercredi les cours du coton à un plus bas de quatre semaines. Le contrat de juillet a perdu 1,21% pour clôturer à 76,49 cents la livre. Les cours étaient déjà tombés à un plus bas de trois semaines lundi avec des conditions climatiques favorables dans les principales régions productrices aux Etats-Unis et dans le monde. « Nous avons eu un beau temps dans les principaux pays de plantation. Il a été particulièrement bon au Texas, assez bon en Chine et modéré en Inde » a déclaré Gabriel Crivorot, analyste chez Société Générale à New York. Ajoutant, « Aucun de ces endroits n'a eu de problèmes importants qui pourraient compromettre les cultures . Ainsi, la production pourrait être plus élevée que prévu initialement ».

Dans ses dernières prévisions, Commodity Markets Outlook, la Banque mondiale estime que les prix du coton devraient progresser de 13% en 2017 (cf. nos informations).

Source : WASDE, USDA, 10 mai 2017

Le rapport WASDE indique que la production mondiale de coton 2017 /18 augmentera de manière significative par rapport à 2016 /17 passant de 23 millions de tonnes (Mt) à 24,7 Mt, soit 1,7 Mt de plus. La production des Etats-Unis pourrait progresser de 12% et atteindre son plus haut niveau depuis 2005/06 à 19,2 millions de balles avec 12,2 millions d’acres. En parallèle, la consommation mondiale devrait progresser de 2,2% à 25,2 Mt. Pour la troisième année consécutive la consommation dépasse donc la production. Si les stocks de clôture devraient baisser en Chine passant de 10,6 Mt à 8,6 Mt, ils vont en revanche progresser dans le reste du monde pour atteindre 10,3 Mt contre 8,9 Mt en 2016/17. Globalement, les stocks mondiaux baisseront de 2,4 millions de balles en 2017/18.

Source : WASDE, USDA, 10 mai 2017

En Inde, les superficies dédiées au coton devraient progresser de 15% en 2017/18 (octobre-septembre) pour atteindre un plus haut de 3 ans à 12,08 millions d’hectares. « Cette année, les agriculteurs ont perçu des prix plus élevés, donc ils vont augmenter leur superficie en coton. Nous prévoyons une augmentation d'environ 15 % », a déclaré Mekala Chockalingam, président de la Cotton Corporation of India (CCI), le plus grand coton acheteur dans le pays. Les prix intérieurs du coton ont augmenté de 19% par rapport à l'an dernier à 41 300 roupies ($639) pour 356 kilos (candy). Même analyse pour le président de la Cotton Association of India, Nayan Mirani : « Nous avons perdu de l'espace au cours des dernières années. Nous allons récupérer cette zone perdue aussi longtemps que la mousson est normale ». En outre, les prix des graines oléagineuses et des légumineuses -en compétition avec le coton dans les principales zones de production comme les Etats de Maharashtra et Gujarat – ont plongé jusqu'à 60% en raison de la production exceptionnelle cette année, ce qui obligera de nombreux agriculteurs à passer au coton, a déclaré Chirag Patel, directeur général chez Jaydeep Cotton Fibers Pvt Ltd, un important exportateur.

De son côté, l’USDA estime que la production de coton en Inde devrait progresser de 6% en 2017/18 à 28 millions de balles avec des superficies en hausse de 10% à 11,5 millions d’hectares.

En Chine, la production devrait atteindre 4,88 millions de tonnes (Mt) de coton en 2017/18, contre 4,72 Mt en 2016 /17, selon le ministère de l'Agriculture. La superficie ensemencée sera légèrement supérieure à 3,2 millions d'hectares contre 3,1 millions d'hectares. L’USDA table sur une hausse de 3% de la production à 5,12 Mt.

Côté entreprises, la société textile chinoise, Shandong Ruyi Technology Group, va investir $410 millions pour transformer une usine de fabrication de téléviseurs à Forrest City dans Arkansas aux Etats-Unis en une filature qui utilisera le coton produit dans Arkansas. La production devrait démarrer mi 2018 et l’entreprise devrait traiter plus de 200 000 tonnes de coton par an.

HUILE DE PALME

La demande pour l’huile de palme avec la perspective du mois de Ramadan a été forte et a soutenu les prix. Mardi, les prix ont augmenté à leur plus haut niveau depuis 4 semaines, clôturant à 2 627 ringgits ($640,60) la tonne sur la Bursa Malaysia Derivatives Exchange, enregistrant 4 séances de suite de gains. Jeudi, les marchés étaient fermés mercredi, les cours se sont repliés dans les premiers échanges suite à la baisse des cours de l’huile de soja sur le Chicago Board of Trade (CBOT).

Selon les statistiques publiées jeudi par le Malaysian Palm Oil Board (MPOB), la production d’huile de palme en Malaisie a augmenté de 5,7% en avril pour s'établir à 1,55 million de tonnes (Mt), un niveau inférieur aux attentes du marché (hausse de 8,8% à 1,59 Mt), selon le sondage de Reuters. De même pour les stocks qui se sont établis à 1,6 Mt en hausse de 3% contre une croissance de 6,2% attendue par le marché.

Quant aux exportations, elles ont progressé de 1,4% en avril à 1,28 Mt.

RIZ

Les cours mondiaux du riz ont été fermes en avril grâce aux augmentations des prix du riz thaïlandais et pakistanais. En revanche, en Inde et aux Etats-Unis, les hausses ont été beaucoup plus modérées, tandis qu’au Vietnam, le prix sont stables avec le ralentissement de la demande d’importation de ses principaux clients, en particulier les Philippines, souligne Patricio Mendez del Villar dans son dernier rapport mensuel Osiriz. Il estime que le commerce mondial devrait gagner de 4,5% en 2017, une croissance soutenue par le Moyen-Orient et l’Afrique subsaharienne. Toutefois , aujourd’hui, la majorité des exportateurs, à l’exception des Etats-Unis et de la Thaïlande, accuseraient un retard de 5 à 20% par rapport à l’an dernier à la même époque, remarque Patricio Mendez del Villar.

SUCRE

Un bon début de semaine pour le sucre roux qui a terminé, mercredi soir, sur le marché à terme de New York, à 15,84 cents la livre contre 15,31 cents vendredi dernier ; le blanc cotait hier soir $ 453,50 la tonne, partie de $ 441,30 vendredi dernier.

Toutefois, le marché demeure très fragile car les raffineurs au Brésil ne se sont pas encore tournés vers une production accrue d'éthanol par rapport au sucre à partir de la canne.

En outre, il semble bien lointain l'époque -seulement l'année dernière- où la situation de déficit mondial avait provoqué un soutien massif aux prix du sucre. Ceci dit, les acteurs sur le marché demeurent partagés dans leur analyse de la prochaine campagne. A l'occasion de la Sugar Week qui s'est tenue à New York, Datagro a fait état de prévisions d'un déficit de 200 000 t sur 2017/18 alors que Sucden voit plutôt un excédent de pas moins de 3 millions de tonnes (Mt). La fourchette est plus que large !

Les importations de sucre brut de la Russie ont fortement baissé, à 5 000 t au premier trimestre contre 181 100 t début 2016, selon les statistiques douanières.

 

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