La Chronique Matières Premières Agricoles au 10 mai 2018

 La Chronique Matières Premières Agricoles au 10 mai 2018
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La crainte d’un retour de l’inflation -ce qui inciterait les banques centrales à durcir leurs politiques monétaires- a dominé les marchés financiers cette semaine. Toutefois, la crainte a été quelque peu apaisée hier par l’annonce d’un rebond des prix à la consommation moins élevé que prévu aux Etats-Unis et un ton relativement accommodant de la Banque d’Angleterre. Cette crainte a d’ailleurs fait passer au deuxième plan la décision de Donald Trump de sortir les Etats-Unis de l’accord de 2015 sur le nucléaire iranien. Ceci dit, cela a soutenu le cours de l’or, stimulé aussi par la faiblesse du dollar : l’once hier soir a terminé à $ 1 322,30 l’once. Côté pétrole, les prix se sont stabilisés hier après avoir fortement grimpé ces derniers jours.

CACAOCAFÉCAOUTCHOUCCOTON  – HUILE DE PALMERIZ SUCRE

CACAO

Partie de £ 1 932 à Londres et de $ 2 777 à New York vendredi dernier, la tonne de cacao a terminé hier soir respectivement inchangée à £ 1 931 et glissant de $ 15 à $ 2 762. Ceci dit, mardi, la fève a atteint à Londres son prix le plus élevé depuis novembre 2016. Mais selon certains analystes du marché, les fondamentaux ne justifient pas des prix aussi élevés.

En effet, les arrivages aux deux ports ivoiriens d’Abidjan et de San Pedro sont estimés par des exportateurs avoir atteint 1,575 million de tonne s(Mt) entre le 1er octobre et le 6 mai, soit seulement 1% de moins que les volumes enregistrés sur cette même période la campagne dernière (1,588 Mt), une campagne qui avait été pléthorique.

Une semaine où il a été question d’investissements chinois (plus de $ 1,5 milliard) au Ghana, à la demande du Cocobod, pour aider le pays à booster sa production et sa transformation ( lire nos informations).

Côté entreprise, en Indonésie, un investisseur local, ChocoInvest Corporation, a annoncé investir un milliard de pesos (environ € 16 millions) dans une plantation cacaoyère à Barangay Nuyo, à Buldon, dans le Maguindanao.

CAFÉ

L’Arabica a terminé, hier soir, en baisse sur la période sous revue, à $ 1,1955 la livre (lb) à New York contre $ 1,226 la livre (lb) vendredi dernier, le Robusta lui emboîtant le pas à $ 1 743 la tonne contre $ 1 813 en fin de semaine dernière.

Un marché affecté, ces derniers jours, par le temps sec au Brésil mais aussi par la baisse du real, la monnaie brésilienne, face au dollar, ce qui rend toujours très attractif la vente de matières premières, dont le café, libellées en billet vert : le real est tombé hier à sa plus faible valeur depuis 2016. En outre, la belle remontée des cours du Robusta ces derniers jours, tirant ce dernier au-dessus des $ 1 800 la tonne, a incité les producteurs à vendre, ce qui a tiré à la baisse les cours du café.

Les stocks certifiés de Robusta sont tombés en fin de semaine dernière à leur plus faible niveau en trois ans et demi, depuis juillet 2014, après que des acheteurs à la recherche de bonnes affaires se soient ruées sur des grains au prix fortement décotés ; rappelons qu’après 13 mois de stockage, le prix de ce café est décoté. Par exemple, le prix du Robusta physique au Vietnam se vend actuellement avec une décote de $ 30 à $ 60 la tonne par rapport au prix sur le marché à terme de Londres, son marché de référence, alors que le Robusta du Brésil stockés depuis 2014/15 dans les entrepôts du ICE, se négocie jusqu’à $ 130 en-dessous de la cotation à Londres. Des volumes de stocks certifiés qui n’étaient plus qu’à 76 790 t vendredi dernier, en baisse de 37% depuis le début de l’année.

Cette baisse des stocks de Robusta a pour conséquence directe de faire grimper les cours sur le marché à terme de Londres. A ceci s’ajoute le ralentissement des expéditions d’Indonésie, la récolte tirant à sa fin.

Côté Arabica, les prix aux ventes aux enchères au Kenya ont augmenté légèrement cette semaine par rapport à la dernière, le Grade AA se positionnant dans une fourchette allant de $ 20 à $ 348 le sac de 50 kg contre $ 75 et $ 337 la semaine dernière. Quant au Grade AB, il a oscillé entre $ 10 et $ 272 contre $ 6 et $ 256.

CAOUTCHOUC

Après plusieurs jours de fermeture, le Tokyo Commodity Exchange (Tocom) a rebondi lundi à la faveur de la hausse des prix du pétrole et de la reprise du marché de Shanghai. Sur la période sous revue, ils restent quasi stables avec une clôture jeudi à 192,9 yens ($1,76) le kilo. Les fondamentaux du marché sont faibles. Depuis la fin janvier, le Tocom se négocie en dessous des 200 yens le kilos suite à la faiblesse de la demande et à la hausse des stocks

Les importations chinoises de caoutchouc naturel et synthétique ont totalisé 428 000 tonnes en avril, en baisse de 26,2% par rapport à l’année précédente, ont montré mardi les données commerciales préliminaires de la Chine.

Les stocks de caoutchouc brut dans les ports japonais se chiffraient à 16 606 tonnes au 20 avril, en hausse de 1,5% par rapport à la dernière date d’inventaire, seloni les données de l’Association japonaise du caoutchouc.

Côté entreprises, elles souffrent de la baisse des cours du caoutchouc avec un net recul du chiffre d’affaires tant de SAPH (cf. nos informations) que SIPH (cf. nos informations). 

COTON

La semaine a été agitée sur le marché du coton avec des hauts et des bas marquant une légère baisse sur la semaine sous revue avec une clôture jeudi à 84,56 cents la livre contre 86,90 cents la livre vendredi dernier.

Le nouveau rapport du département américain de l’Agriculture sur les estimations de l’offre et de la demande mondiales de produits agricoles (WASDE) a légèrement revu à la hausse les stocks de clôture aux Etats-Unis  en 2018/19 suite à une production plus faible – baisse des rendements et augmentation du taux d’abandon – avec des exportations inchangées. En revanche, les stocks américains de clôture sur 2017/18 ont été diminués suite à une production revue à la baisse tandis que les exportations ont été augmentées.

Au niveau mondial, l’USDA anticipe pour la campagne 2018/19 une nouvelle année de croissance exceptionnelle de la consommation, en hausse de 3,9% tandis que la production devrait légèrement reculer. Pour la troisième année consécutive, la consommation dépassera la production. Les stocks mondiaux devraient diminuer de 4,5 millions de balles à 83,8 millions de balles, soit 67% de la consommation mondiale. Une baisse encore plus importante est attendue en Chine mais hors Chine, les stocks devraient augmenter pour la troisième année consécutive.

En termes de prix, la banque néerlandaise Rabobank estime que la demande toujours forte aux Etats-Unis, le risque climatique et la spéculation soutiennent le contrat de juillet. « Néanmoins, nous avons un avis beaucoup plus négatif pour les contrats portant sur les nouvelles récoltes car l’amélioration de la disponibilité du coton chez les principaux exportateurs pèse sur les prix », indique la banque.

En Chine, le ministère de l’Agriculture anticipe une baisse de la production de 6% à 5,55 millions de tonnes (Mt) pour la campagne 2018/19, qui démarre en septembre. Les emblavures diminueront de 4,9% à 3,19 millions d’hectares et les rendements baisseront de 0,9% à 1 742 kilos par hectare, selon les prévisions du ministère.

Les stocks de coton devraient chuter de 20% à 6,01 Mt. Enfin, le ministère de l’Agriculture anticipe une légère hausse des importations à 1,2 Mt contre 1,1 Mt en 2017/18. De son côté, l’USDA anticipe une production à 5,88 Mt, en baisse de 2%.

En Inde, l’Association cotonnière indienne (CAI) a confirmé mardi son estimation de la production de coton pour 2017/18 à 36 millions de balles (170 kilos). La consommation intérieure est donnée à 32,4 millions de balles et les exportations à 6,5 millions de balles. Enfin les stocks de clôture sont estimés à 2,1 millions de balles.

Côté entreprise, Louis Dreyfus Compagny (LDC),en association avec Himatsingka Group et Applied DNA Sciences, a lancé le premier système de traçabilité du coton, sur l’origine Australie pour répondre aux besoins croissants des consommateurs et détaillants pour le coton durable. Ce système permet de tracer la présence du coton australien tout au long de la chaîne de valeur jusqu’au produits finis.

HUILE DE PALME

Après avoir chuté de près de 2% la semaine dernière, les cours de l’huile de palme ont légèrement progressé sur la période sous revue passant de 2 343 ringgits vendredi à 2 341 ringgits mardi, la Bourse étant fermée de mercredi à vendredi en raison des élections législatives.

En Malaisie, les stocks d’huile de palme ont chuté à leur plus bas niveau depuis sept mois à la fin avril, reculant pour un quatrième mois consécutif, les exportations et la consommation intérieure ayant dépassé la production, ont révélé jeudi les statistiques du Malaysian Palm Oil Board (MPOB). Les stocks finaux ont baissé de 6,4% à 2,17 millions de tonnes, tandis que la production a diminué de 1% à 1,56 Mt. Quant aux exportations, elles ont diminué de 1,6% à 1,54 Mt.

En Indonésie,Le président Joko Widodo, prévoit d’étendre le programme de replantation de palmiers qu’il a commencé l’année dernière pour couvrir 185 000 hectares de plantations en 2018, selon un communiqué de presse du gouvernement. Le gouvernement envisage de replanter des palmiers âgés de plus de 25 ans sur un total de 5,61 millions d’hectares de plantations dans toute l’Indonésie, a indiqué le ministère. Avec ce programme, les rendements pourraient être portés à 8 tonnes par hectare par an si les palmiers existants étaient replantés en utilisant de meilleurs semis, les nouveaux arbres démarrant leur production dans les deux ans. Les plantations qui reçoivent un financement dans le cadre du programme de replantation devront recevoir la certification indonésienne de l’huile de palme durable (ISPO).

La Chine est prête à augmenter son quota d’importation d’huile de palme en provenance d’Indonésie d’au moins 500 000 tonnes, a déclaré le Premier ministre Li Keqiang lors d’un entretien avec le président indonésien Joko Widodo.  La Chine consomme actuellement 5 millions de tonnes d’huile de palme, a indiqué Li Keqiang. De son côté, l’Indonésie a exporté 3,73 Mt d’huile de palme vers la Chine l’année dernière, un de ses principaux partenaires après l’Inde et l’Union européenne. Li Keqiang a indiqué que l’augmentation des importations d’huile de palme visait à aider les petits agriculteurs en Indonésie, et a indiqué que la Chine prévoyait également d’augmenter les importations de café et de fruits tropicaux. La Chine considère l’Indonésie comme un partenaire clé dans son initiative Belt and Road.

Côté entreprises, le singapourien Wilmar a vu son bénéfice net continuer de reculer au premier trimestre 2018 de 40,6%, toujours en raison de difficultés dans les huiles tropicales et les pertes saisonnières dans l’activité sucre mais les ventes ont rebondi. Le profit net s’est établi à $203,3 millions sur les trois premiers mois de l’année pour un chiffre d’affaires de $11,2 milliard, en hausse de 5,7%.

L’américain African Palm Corp (APC) a ajouté 3 millions d’hectares supplémentaires de palmier à l’huile en Afrique de l’Ouest à son portefeuille avec la signature d’un accord avec la Société et les représentants de Ngalipomi, groupe local basé au Congo (cf. nos informations).

RIZ

Sous l’impulsion d’une forte demande, les prix à l’exportation du riz ont atteint un niveau proche de quatre ans au Vietnam tandis que la faiblesse des achats a exercé une pression baissière sur les prix du riz indien.

Au Vietnam, le Viet 5% a augmenté à $455-$460 la tonne,  son plus haut niveau depuis août 2014, contre $445- $450 la semaine dernière. « Les prix continuent de grimper en raison d’une demande plus forte et d’un resserrement des approvisionnements », a déclaré un négociant basé à Ho Chi Minh-Ville. Ajoutant, « Les Philippines devraient acheter 250 000 tonnes supplémentaires dans un appel d’offres ouvert le 22 mai, après avoir accepté des offres de 250 000 tonnes du Vietnam et de la Thaïlande la semaine dernière ».

Le Vietnam a exporté 721 379 tonnes de riz en avril, en hausse de 9,5% par rapport à mars, selon les données des douanes. Sur les quatre premiers mois de 2018, les exportations du Vietnam ont totalisé 2,2 millions de tonnes, en hausse de 24,3% par rapport à l’année précédente, a indiqué le Département général des douanes. Les recettes d’exportation du riz entre janvier et avril ont augmenté de 40,3% pour atteindre $1,1 milliard.

En Inde, le riz étuvé 5% a diminué de $5 à $407 -$411 la tonne. « La dépréciation de la roupie aide les exportateurs à réduire les prix, mais la demande est également faible au Bangladesh et en Afrique », a déclaré un exportateur basé à Kakinada dans l’Etat d’Andhra Pradesh.

En Thaïlande, les prix du Thaï 5% ont légèrement augmenté à $435-$445 la tonne contre $430 à $445 auparavant. La semaine dernière, la Thaïlande a augmenté son objectif d’exportation de riz cette année à 10 millions de tonnes, contre 9,5 Mt  auparavant. Depuis le début de l’année jusqu’à la mi-avril, la Thaïlande a exporté 3,31 Mt de riz selon le ministère thaïlandais du Commerce.

Les Etats-Unis ont déposé une plainte auprès de l’Organisation mondiale du Commerce (OMC) sur le programme indien de soutien aux prix du riz et du blé, trop opaque, selon Washington. « L’Inde représente un marché immense et nous souhaitons un accès plus important pour les produits américains mais ce pays doit être transparent dans ses pratiques », a justifié le secrétaire à l’Agriculture, Sonny Perdue, cité dans un communiqué. « Pour que le commerce soit libre et équitable, toutes les parties doivent respecter les règles de l’OMC », a-t-il ajouté.

Dans un avis de contestation déposé le 4 mai, l’administration américaine estime que l’Inde a « sous-évalué de façon importante son programme de soutien aux prix du blé et du riz ». Elle appelle à une « discussion approfondie sur la façon dont l’Inde met en oeuvre et communique sur ses programmes » lors de la prochaine réunion du comité de l’OMC chargé de l’agriculture en juin.

SUCRE

Le sucre roux a terminé hier soir en baisse sur la semaine, à 11,27 cents la livre (lb) contre 11,51 cents vendredi dernier tandis que le blanc, sur l’échéance août, était en légère hausse à $ 323,40 la tonne contre $ 321,10. Une semaine durant laquelle l’activité sur les marchés n’a pas été très forte car c’était la “Semaine du sucre” à New York.

On a pu noter des divergences d’appréciation de l’excédent à venir entre spécialistes du marché. Ainsi, dans son rapport trimestriel publié en fin de semaine dernière, Sucden a estimé que l’excédent cumulé des campagnes 2017/18 et 2018/19 approchait des 20 millions de tonnes (Mt). En revanche, Louis Dreyfus considère que l’excédent mondial de sucre baissera fortement en 2018/19 car l’Inde ne connaitra pas une nouvelle hausse de production après celle, impressionnante, cette campagne-ci. Quant S&P Global Platts/Kingsman, il estime que la production mondiale dépassera la demande de 12,59 Mt en 2018/19, son plus important excédent depuis 2006/07.

Au Brésil, les statistiques de broyages dans le centre-sud du Brésil, la plus importante région au monde productrice de canne, révèlent une hausse de 50% des volumes broyés en avril, premier mois de récolte de la nouvelle campagne brésilienne 2018/19, le temps sec accélérant le travail dans les champs. Selon des négociants interrogés par Reuters, la proportion de canne consacrée au sucre par rapport à l’éthanol est moins élevée qu’à pareille époque la campagne dernière, mais les volumes de canne et la teneur en sucrose sont supérieurs à la moyenne de l’année dernière.

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