En Afrique, 12% d’obèses face à 24% de sous-alimentés

 En Afrique, 12% d’obèses face à 24% de sous-alimentés
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A l’ouverture du Symposium international sur l’avenir de l’alimentation qui se tient à Rome hier et aujourd’hui, son directeur général José Graziano da Silva a appelé à une transformation des systèmes alimentaires afin d’améliorer les régimes alimentaires des populations. “Nous devons modifier notre approche. Il ne s’agit plus seulement de produire plus de nourriture mais de produire plus de nourriture saine”, a-t-il précisé.

Car c’est le monde à l’envers : selon certaines projections, le nombre de personnes obèses à travers le monde devrait bientôt dépasser le nombre de personnes souffrant de la faim, qui s’élevaient à 821 millions en 2017. En effet, plus de deux milliards d’adultes âgés de plus de 18 ans sont en surpoids, dont plus de 670 millions sont obèses, face à près de 2 milliards de personnes qui souffrent de carences en micronutriments. Et la hausse de la prévalence de l’obésité entre 2000 et 2016 a été plus rapide que celle du surpoids pour tous les groupes d’âge.

A ces deux courbes inverses qui se croisent, une cause principale commune : l’urbanisation rapide qui compte parmi les facteurs sous-jacents contribuant à la pandémie mondiale d’obésité et aux carences en micronutriments. Car l’urbanisation entraine une consommation d’aliments hautement transformés, ces derniers se basant principalement sur des ingrédients artificiels qui contiennent des niveaux élevés de graisses saturés, de sucres raffinés, de sel et d’additifs chimiques.

En Afrique, 24% de sous-alimentés pour 12% d’obèses

En Afrique sub-saharienne, 24% de la population est sous-alimentée, ce taux atteignant 32% en Afrique centrale mais “que” de 12% en Afrique de l’Ouest.  Au niveau sub-saharien, c’est le taux le plus élevé au monde, selon le rapport 2018 de la FAO sur l’Etat de la sécurité alimentaire et de la nutrition dans le monde.

Face à cela 12% des adultes sont obèses, selon l’Aperçu régional de la sécurité alimentaire et de la nutrition en Afrique de la FAO, un des taux les plus faibles au monde, mais en croissance.

Et les fast-foods s’implantent à un rythme vertigineux sur le continent : Burger King vient d’annoncer invetir $ 2,7 milliards pour ouvrir de nouvelles implantations au Kenya après s’être déjà implanté en Afrique du Sud, en Egypte, au Ghana, en Côte d’Ivoire, au Kenya et au Maroc.  KFC, Pizza Hut, etc. ainsi que des chaînes locales ne sont pas en reste. KFC a mis l’année dernière les bouchées doubles : le 9 janvier 2018, il ouvrait son premier établissement à Tunis,  annonçant 5 autres sur l’année ; il a signé avec Vivo Energy pour ouvrir 5 établissements aussi adossés aux stations-service Shell en Côte d’Ivoire et s’est associé avec le producteur avicole sénégalais Sedima pour développer son réseau dans ce pays. Au Ghana, à Accra, un second Burger King vient d’ouvrir, un quatrième KFC et les travaux sont en cours pour un septième Pizza Hut, selon African Arguments.

Mais des chaînes locales de fast-food se développemt, comme au Nigeria où Tantalizers a déjà 59 restaurants. En Côte d’Ivoire, l’arrangeur et chanteur ivoirien Serge Beynaud devait inaugurer fin avril une chaine de fast-food dont le premier  situé sur la route de Grand-Bassam.

Manger frais, sain, des produits non transformés

Face à cela, le directeur de la FAO a proposé quatre mesures, hier au Symposium. Tout d’abord, édicter des politiques pour protéger des régimes alimentaires sains et à encourager le secteur privé à produire une nourriture plus saine, via des taxes, l’obligation d’étiquetage, une réglementation stricte de la publicité sur la consommation, etc.

Il s’agit aussi de promouvoir la consommation de nourriture fraîche et locale, en créant des circuits locaux de production et de consommation grâce à un meilleur accès et à sa promotion.

“Enfin, les accords commerciaux internationaux doivent être conçus en vue d’influencer les systèmes alimentaires de manière positive car la nourriture hautement transformée tend à être privilégiée dans le cadre de ces accords internationaux“, souligne le communiqué. Une recommandation qui prend toute son importance alors que l‘Accord sur la zone de libre-échange continentale africaine vient d’être signé, le 30 mai.

Ceci dit, il faut être vigilant et ne pas céder aux sirènes de la mode. “Malheureusement, ce n’est pas parce que la nourriture est sûre qu’elle est bonne pour la santé“, souligne le patron de la FAO. “La transformation de nos systèmes alimentaires commence avec des sols sains, des semences saines et des pratiques agricoles durables. Le système alimentaire dans son ensemble doit être revu.”

D’où la conclusion que les modèles agricoles inspirés de la  Révolution verte  -pourtant si à la mode à une époque- ne sont plus durables car les systèmes agricoles nécessitent beaucoup d’intrants et de ressources, ce qui impacte lourdement  ont permis d’augmenter la production alimentaire mais en faisant payer un lourd tribut à l’environnement; entraînant la déforestation, des pénuries en eau, l’épuisement des sols et des niveaux élevés de gaz à effet de serre.

Ce Symposium international qui se tient actuellement à Rome, à la FAO, réunit un grand nombre d’universitaires et de chercheurs, aux côtés des politiques et représentants de la société civile et du secteur privé.

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