L’agriculture et le cacao sont en crise en Côte d’Ivoire, selon la Banque mondiale

 L’agriculture et le cacao sont en crise en Côte d’Ivoire, selon la Banque mondiale
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Dans son 9ème rapport sur la situation économique en Côte d’Ivoire publié aujourd’hui, la Banque mondiale s’inquiète du ralentissement du secteur agricole et l’impact  sur l’économie. Toutefois, bonne nouvelle, l’agroalimentaire, aux côtés des télécommunications et du BTP, est un secteur qui a connu une “forte croissance“, contribuant à la croissance économique nationale de 7,4 % en 2018 et de 7,2 % attendus en 2019, ainsi qu’au financement du déficit du compte courant qui s’est détérioré de 2,7% à 4,7% du PIB entre 2017 et 2018.

 

 

La lecture de cette inquiétude de la Banque à l’égard de l’agriculture et du secteur cacao en particulier se fait à plusieurs échelons.

 

Tout d’abord, au niveau de la production, “Le secteur agricole a beaucoup ralenti, notamment les productions de cacao et d’anacarde qui n’ont augmenté respectivement que de 4 % et de 7 % en 2018 contre 24 % et 9 % en 2017. Ces chiffres rappellent la vulnérabilité de ce secteur aux chocs climatiques et aux termes de l’échange qui ont été moins favorables en 2018.

 

Deuxièmement, la politique cacaoyère a un impact certain sur les finances publiques et serait un des facteurs expliquant que les recettes fiscales ont baissé de 0,7% du PIB entre 2012 et 2018. “Cela s’explique“, souligne la Banque, “par le ralentissement du secteur extractif, une politique fiscale visant à neutraliser les variations des prix internationaux du cacao et du pétrole sur l’économie locale, ainsi que par le faible niveau des recettes provenant de la TVA.”

 

Troisièmement, force est de constater, souligne la Banque, que l’agriculture, pourtant prédominante en Côte d’Ivoire, n’est pas une courroie de croissance. “Alors que la Côte d’Ivoire est de moins en moins agricole, plus de la moitié de sa population continue de vivre d’une activité primaire. Toutefois, l’agriculture n’a contribué qu’à 1,2 points de croissance du PIB (ou 14 %) dans l’embellie économique que le pays vit depuis 2012. Les explications sont multiples, mais elles trouvent leur origine dans la faiblesse des rendements de la plupart des produits vivriers et de rente ainsi que dans le manque de diversification vers des activités à plus haute valeur ajoutée. Pour y remédier, le gouvernement a d’ailleurs donné la priorité à la modernisation du secteur agricole dans sa nouvelle stratégie de développement national, en particulier au secteur du cacao qui mobilise plus de 5 millions de personne et constitue de loin la source de devises la plus importante du pays.

 

54,9 % des cacaoculteurs en dessous du seuil de pauvreté

Mais des cacaoculteurs qui demeurent pauvres, est-il constaté par les experts. ” 54,9 % des producteurs de cacao ivoiriens et leurs familles, vivent aujourd’hui en dessous du seuil de pauvreté“. Alors que la Côte d’Ivoire fournit 40% du cacao mondial, il ne perçoit que 5 à 7% des “gains générés par cette filière au niveau mondial”.

 

 

A ceci s’ajoute la pression des consommateurs qui ne cessent de relever leurs niveaux d’exigence. “Ces deux dernières décennies ont été marquées par une prise de conscience écologique et sociale des consommateurs qui sont devenus plus exigeants, après que de nombreuses enquêtes aient montré le rôle néfaste de la production de cacao sur la déforestation et la présence d’enfants travaillant souvent dans des conditions de travail extrêmement pénibles dans les plantations de cacao.

 

Les solutions

Que faire ? “Lancer une révolution technologique pour accroître les rendements afin de favoriser le reboisement et améliorer le revenu des producteurs, suggère, en priorité, la Banque. Ensuite, “mettre en place des systèmes de traçabilité pour garantir un cacao responsable auprès des consommateurs“. Enfin, “développer l’industrie locale de transformation du cacao pour répondre à la demande locale, développer un label d’origine plus attractif pour les consommateurs et tirer parti de la croissance de la demande asiatique de produits intermédiaires.”

 

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