Françoise Collet de l’UE : la jeunesse urbaine n’a pas vraiment l’intention de se retrouver en milieu rural isolé

 Françoise Collet de l’UE : la jeunesse urbaine n’a pas vraiment l’intention de se retrouver en milieu rural isolé
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Françoise Collet, ambassadrice de l'Union européenne au Cameroun, rappelle qu'il a fallu les émeutes de la faim en 2008 pour que l'UE revienne sur ses "errements antérieurs" et repositionne l'agriculture au coeur de ses préoccupations. L'agriculture qui est, avant tout,  source d'emplois. Pour ce faire, l'UE aide à accroître la productivité, à faciliter l'évacuation des produits et leur commercialisation mais aussi  à améliorer les services sociaux. Car, avant toute chose, il faut que els jeuens aient envie d evivre en milieu rural.

Interview exclusive de Françoise Collet à CommodAfrica, lundi 9 août à Yaoundé, à la cérémonie d'ouverture du Forum international New Generation organisé par le Conseil interprofessionnel  du cacao et du café (CICC) et qui avait pour thème "Cacao-Café : filières d'opportunités pour les jeunes" (lire nos informations)

 

 Que fait l'Union européenne (UE) pour inciter les jeunes en Afrique à venir travailler dans l'agriculture?

Nous faisons beaucoup et nous sommes toujours en accompagnement des gouvernements et institutions ou, comme ici, des organisations en charge.

C'est une problématique qui est très, très, connue et sera d'ailleurs le thème principal du prochain sommet Afrique-Union européenne qui se tiendra l'an prochain : l'employabilité des jeunes. C'est une question essentielle pour nous, le fait de donner des emplois aux jeunes. C'est une question commune à l'Europe et à l'Afrique.

Pour ce qui est de l'agriculture, nous sommes revenus de ce qu'on pourrait qualifier d'errements antérieurs, lorsque -il faut bien le reconnaitre- nous avions un peu abandonner l'agriculture. Nous y revenons à grand pas. Je dirais que les émeutes de la faim, en 2008, ont été le déclencheur. Vous vous souviendrez du milliard d'euros que nous avions alors mis à disposition. Dans un certain nombre de pays, il y avait eu des troubles sociaux en raison de l'augmentation des prix des produits de base. C'était une très grand inquiétude pour l'ensemble du monde, y compris l'Union européenne.

Aujourd'hui, nous sommes très, très, présents, en particulier ici au Cameroun. Un de nos deux secteurs de coopération est le développement rural. Nous attachons de l'importance à accroître, à la fois, les aspects de productivité de l'agriculture, les aspects d'évacuation des produits agricoles -par exemple, nous construisons des pistes rurales- et les aspects de commercialisation, notamment vers l'Europe, et notamment avec l'APE qui est entrée effectivement en vigueur au Cameroun ce 4 août 2016.

" L'agriculture, le secteur d'emplois par excellence"

A partir de ce qui se fait au Cameroun, dans le cadre du programme New Generation pour amener les jeunes à la cacaoculture et la caféiculture, quelles leçons tirer pour ailleurs?

L'UE, ici au Cameroun, est évidemment en faveur du retour des jeunes vers l'agriculture puisque c'est le secteur d'emplois par excellence. Mais pour cela, il faut qu'un certain nombre de conditions soient réunies. On sait très bien que cette jeunesse urbaine n'a pas vraiment l'intention de se retrouver dans des endroits isolés, sans aucun services sociaux. Donc le rôle premier du gouvernement est d'assurer la disponibilité de services sociaux  de base, l'éducation, la santé et les infrastructures. Ici, nous contribuons à l'amélioration des pistes rurales afin que les gens aient accès aux services sociaux et puissent évacuer leurs produits agricoles.

Très concrètement, au Cameroun, nous avons aussi contribué à l'amélioration de la qualité des plants de cacao. Avec € 3 millions seulement, nous avons couvert 20% des besoins, ici, au Cameroun. C'est tout à fait remarquable car nous avons eu de vrais résultats.

Nous contribuons également à la formation de certains jeunes, notamment d'ingénieurs spécialisés en hydraulique. Ici encore, pour les infrastructures rurales telles que les pistes, mais aussi pour l'agriculture directement, pour l'irrigation.

Où sont formés ces jeunes ?

Ils sont formés ici, au travers d'un partenariat remarquable avec des universités italiennes, notamment l'université de Padou. C'est une coopération européenne pleine et entière car il y a, d'un côté, l'Union européenne et de l'autre, l'Italie. Les coopérations universitaires fonctionnent extrêmement t bien. Les diplômes sont mutuellement reconnus, ce qui est un très gros avantage. Mais la formation a lieu ici grâce, évidement, à la qualité de l'université et des instituts camerounais qui permettent d'acquérir ce type de formation.

Au niveau de la recherche, notamment variétale,  quel soutien apporte l'UE ?

Nous ne soutenons pas directement  mais, comme vous le savez, la France est particulièrement active ici en matière de recherche agricole. L'IRAD, l'Institut de recherche agricole pour le développement, est présente et fait de l'excellent travail avec les autorités camerounaises.

Par ailleurs, nous avons remarqué aussi -car il y a toujours cette controverse sur la productivité-  qu'en matière de cacao, nous pouvons faire de la multi-culture, de la multi-production. Les cacaoyers ont également besoin d'ombrage et il se trouve qu'on peut combiner de la production fruitière avec de la production cacaoyère. C'est également l'avenir de la filière. Et nous soutenons des essais en recherche agricole pour parvenir à la meilleure combinaison pour atteindre la meilleure productivité avec 2 ou 3 produits différents, sur le même terrain.

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