Pauvreté, travail des enfants, certification : des dossiers cacao épineux à la 100è session de l’ICCO

 Pauvreté, travail des enfants, certification : des dossiers cacao épineux à la 100è session de l’ICCO
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La 100è session du Conseil international de l’Organisation mondiale du cacao (ICCO) s’est ouverte hier à Abidjan, à l’auditorium du ministère des Affaires Etrangères. Une organisation qui fait face à quatre défis majeurs, a rappelé le vice-président ivoirien Daniel Kablan Duncan à l’ouverture des travaux : le changement climatique, la valorisation et la transformation du cacao, la volatilité des cours du cacao et la consommation des produits à base de cacao.

Au plan institutionnel, l’ICCO doit élire le président et le vice-président de son Conseil, approuver la composition de la commission consultative sur l’économie cacaoyère mondiale. Cette session qui est la 5è depuis la délocalisation de l’ICCO à Abidjan, va réfléchir sur.

Un thème martelé : la rémunération du planteur

En filigrane, mais avec une acuité qui ne fait que croître, s’impose le dossier de la durabilité de la filière et le déséquilibre  entre acteurs de la filière. « Sur les quelque $ 100 milliards (FCFA 59 412 milliards) que représente l’industrie du cacao, seulement $ 6 milliards (FCFA 3 566 milliards) soit 6% maximum reviennent aux pays producteurs », a rappelé Kablan Duncan.

Ce défi « de la répartition équitable de la valeur ajoutée, du producteur au consommateur, de nos champs à nos supermarchés, une juste répartition des revenus, mais aussi des charges », a aussi été souligné par le président du Conseil international de l’ICCO, Philippe Fontayne. Il s’est dit « toujours étonné de voir que la part du revenu est inversement proportionnel au nombre de personnes impliquées dans ce processus », avec d’un côté la chaîne industrielle et de l’autre côté des millions de petits producteurs.

Les Etats veulent prendre la main sur le dossier de la certification

Aujourd’hui, les deux pays leaders du cacao, la Côte d’Ivoire et le Ghana, devaient rencontrer des industriels de la filière afin de réguler leurs efforts pour sourcer du cacao durable, avec en ligne de mire de nouveaux schémas de certification.

Cela fait environ vingt ans que l’industrie œuvre en la matière mais, là, elle craint que cette nouvelle  initiative gouvernementale ne se traduise par une charge financière supplémentaire pour eux  dans leur lutte contre ces fléaux auxquels les consommateurs sont de plus en plus sensibles. Un coût qui s’ajouterait à celui du nouveau “différentiel de revenu” de $ 400 (lire nos informations dont Cacao : le Ghana teste le marché avec le DRS de $400), ce qui pourrait alourdir considérablement la facture des industriels.Une industrie qui s’inquiète aussi qu’on veuille standardises les schémas de certification alors qu’ils ont, au fil des années, développé leur propre schéma par rapport à des schémas tiers, comme ceux de FairTrade. Leurs shémas qu’ils disent être aussi plus efficaces. Mais à ceci, on leur répond que les cacaoculteurs sont toujours aussi pauvres…

La Côte d’Ivoire du cacao au pied du mur des Etats-Unis

S’agissant du travail des enfants (2,1 millions en Afrique de l’Ouest, selon le Cocoa Barometer 2018), un dossier majeur et menaçant pour la filière en Côte d’Ivoire, la Première Dame de Côte d’Ivoire, Dominique Ouattara, doit se rendre du 15 au 20 septembre à Washington pour défendre les cacaoculteurs ivoiriens .

 L’enjeu est de taille et la pression se fait plus  intense. Rappelons que les sénateurs démocrates Ron Wyden de l’Oregon et Sherrod Brown de l’Ohio ont envoyé une lettre le 16 juillet 2019 au département de Sécurité intérieurs américaine (DHS), demandant  de « faire appliquer les lois interdisant les importations de cacao issus du travail des enfants ». Ils ont invité la douane et l’administration de la protection des frontières ( CBP) à bloquer les importations de cacao faisant l’objet de travaux forcés et, le cas échéant, à mener une enquête pénale, précise Afrikipresse. « Nous vous demandons de coordonner ces efforts de mise en application avec les services de l’immigration et des douanes (ICE) afin de déterminer si une enquête criminelle est justifiée » ont souligné les sénateurs démocrates.

Une délégation du congrès américain s’était entretenue, le 5 août à Abidjan, avec Dominique Ouattara et une autre délégation, de la Commission des Affaires Étrangères de la Chambre des Représentants, avait rencontré le 26 août le cabinet de la Première Dame, précise notre confrère. Les Etats-Unis ont importé pour $ 608 millions de cacao de Côte d’Ivoire et $ 100 millions de pâte en 2018, rappelle-t-il.

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