11 décembre 2019 - 16:41 |

SARA 2019 : Une forte présence des Pays-Bas autour des semences et de la volaille

Le pavillon des Pays-Bas au Salon de l'agriculture et des ressources animales (SARA) qui s'est tenu à Abidjan fin novembre, était impressionnant. A la mesure des ambitions que ce petit pays, champion mondial dans de nombreuses filières agricoles et d'élevage, a sur l'Afrique de l'Ouest où son ambassade en Côte d'Ivoire n'a un conseiller agricole que depuis deux ans, en la personne de Bram Wits qui a expliqué à CommodAfrica l'offre néerlandaise et son positionnement.

 

 

Les Pays-Bas étaient présents au SARA 2019 avec un très grand pavillon.  Est-ce un signe ?

En 2017, nous avions un pavillon similaire car le ministère de l'Agriculture des Pays-Bas a décidé il y a un peu plus de deux ans d'avoir une présence plus forte en Afrique de l'Ouest. C'est lorsque mon poste de conseiller agricole en Afrique de l'Ouest a été créé, à Abidjan.

Cette année, pour la SARA 2019, avec 18 entreprises, notre pavillon était un peu plus grand que le précédent car nous nous assurons toujours d'avoir suffisamment d'espace pour l'interaction et les présentations des entreprises représentées. Il ne s'agit donc pas seulement de vendre des produits, mais aussi de transférer des connaissances, de raconter comment les entreprises aux Pays-Bas ont grandi.

Quels sont les principaux secteurs où les Pays-Bas peuvent apporter quelque chose à la Côte d'Ivoire et à l'Afrique de l'Ouest ?

J'ose dire que nous sommes champions du monde dans plusieurs secteurs. Évidemment, nous sommes tres grands dans la production laitière, mais nous sommes également dans l'horticulture. Dans le secteur des semences, nous représentons 40% de toutes les semences potagères au plan mondial. Pour les pommes de terre, nous représentons même 80%. Dans la volaille, nous sommes important aussi.

Nous avons réalisé une étude sur les secteurs dans lesquels nous pourrions nous impliquer le mieux en Côte d'Ivoire. Le secteur laitier est difficile pour nous dans cette partie du monde car nous sommes spécialisés dans une forme de production laitière adaptée à notre climat. Il est donc très difficile de produire des produits laitiers avec nos vaches dans une zone tropicale basse comme l'Afrique de l'Ouest. Parce que chaque degré au-dessus de 24° signifie une baisse de production. Notre système ne fonctionne donc pas.

Est-ce une question de race ou de système ?

C'est la race et le système. Nous avons un système basé sur nos races et sur l'alimentation en herbe qui pousse parfaitement aux Pays-Bas mais pas nécessairement ici. Notre système est donc difficile à transposer en Afrique de l'Ouest.

Ce qui fonctionne vraiment ici, ce sont nos semences. Nos semences potagères sont donc vraiment un secteur dans lequel nous nous dirigeons. Nous avons un programme "HortiFresh" qui se concentre sur le développement du secteur horticole en Afrique de l'Ouest : en Côte d'Ivoire, nous nous concentrons principalement sur les fruits et au Ghana, nous sommes aussi dans les légumes.

Nous voyons également d'énormes opportunités pour la volaille néerlandaise. Aux Pays-Bas, nous avons un secteur de la volaille extrêmement important : nous produisons trois fois ce que nous pouvons consommer, nous sommes donc un gros exportateur. La Côte d'Ivoire veut être un exportateur aussi et nous avons une grande connaissance dans la production de poulets et d'œufs, mais aussi comment organiser la filière et quel rôle le gouvernement peut jouer pour aider ce secteur à progresser, pour que tout le monde travaille ensemble. Parce que vous n'avez pas nécessairement besoin d'avoir une seule entreprise totalement intégrée. Les entreprises peuvent se spécialiser dans une partie de la chaîne de valeur et voir comment elles peuvent travailler ensemble.

Des projets sont-ils en cours ?

L'un de nos objectifs au SARA est de former ce que nous appelons des "clusters d'impact" où les entreprises néerlandaises se regroupent, elles sont parrainées par le gouvernement néerlandais pour mettre en place des fermes de démonstration, de nouvelles façons de produire et montrer ce qui est possible dans le pays.

Nous avons donc beaucoup d'entreprises qui sont déjà actives comme Koudijs/De Heus dans les semences, mais elles savent que pour pouvoir vendre leurs semences, l'intégralité de la filière doit être développée. Ils investissent donc dans cela.

Quels sont vos principaux concurrents en Afrique de l'Ouest ?

La France occupe une place majeure dans presque tous les secteurs de la Côte d'Ivoire. En ce qui concerne l'importation de viande de volaille, c'est généralement du Brésil et de l'Amérique. Ce sont des concurrents, mais nous n'aimons pas vraiment penser en termes de concurrents, car le marché aura besoin de nombreux acteurs. Et celui qui a le produit qui correspond le mieux à la réalité du marché ivoirien ou ghanéen, c'est celui qui vendra le plus. Nous sommes des entrepreneurs et nous pensons que nous avons de très bons produits à vendre. Mais nous pensons également que nous devons développer le secteur et le marché ici. C'est aussi un sens des responsabilités que nous ressentons en tant que gouvernement néerlandais. Nous sommes devenus champions du monde en agriculture mais, dans l'ensemble, nous sommes confrontés à un énorme défi sur cette planète: comment allons-nous nourrir 10 milliards de personnes de manière à ce que la planète soit encore capable de survivre ?

Combien d'entreprises néerlandaises sont aujourd'hui dans le secteur agricole en Afrique de l'Ouest ?

C'est une question difficile car elles sont de toute taille. Nous avons des entreprises comme Heineken ou Royal Friesland Campina qui sont énormes. Cela dépend aussi de l'agriculture ou de l'alimentation. Une entreprise comme Unilever, que nous considérons comme néerlandaise, est fortement présente ici. Dans le secteur des semences, vous avez déjà 5 à 6 des plus grandes sociétés semencières néerlandaises actives dans toute l'Afrique de l'Ouest, comme Bejo, Enza, Rijkzwaan, East West et d'autres.

L'Afrique est-elle une priorité pour le gouvernement néerlandais ?

Oui. En Afrique subsaharienne, le ministère de l'Agriculture a des conseillers en Afrique du Sud, au Kenya, en Tanzanie, au Rwanda et en Ouganda, en Éthiopie, et mon poste ici en Côte d'Ivoire a été créé il y a deux ans ; c'est le premier en Afrique de l'Ouest. Mais nous commençons déjà à réaliser que ma région est trop grande et nous voyons beaucoup de potentiel. Donc, en 2020, nous allons probablement le diviser en Afrique de l'Ouest francophone, avec une personne basée ici ou à Dakar, et nous gardons le Nigeria et le Ghana comme un seul bloc anglophone.

 

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