La Chronique matières premières agricoles au 11 juin 2020

 La Chronique matières premières agricoles au 11 juin 2020
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La peur semble de retour. Hier, les places financières européennes et américaines ont vécu leur pire séance depuis deux mois et demi, les craintes d’une deuxième vague du coronavirus aux Etats-Unis s’ajoutant à celles d’un redémarrage de l’économie plus lent qu’anticipé jusqu’à présent. La Federal Reserve américaine a annoncé mercredi une contraction de 6,5% du PIB des Etats-Unis cette année et son président, Jerome Powell, a souligné le risque de voir un chômage élevé perdurer pendant plusieurs années. En outre, la légère augmentation du nombre de nouveaux cas d’infection par le coronavirus Outre-Atlantique après cinq semaines de baisse alimente les craintes d’une reprise de l’épidémie.

Dans ce cadre, l’euro a terminé hier stable face au dollar, à € 1,1375. Quant au pétrole, il a plongé, le Brent perdant hier 6,64% de sa valeur, à $ 38,96 le baril, et le brut léger américain, le WTI, 7,78% à $ 36,52.

CACAO CAFÉCAOUTCHOUCCOTON – HUILE DE PALMERIZ SUCRE

CACAO

Le prix du cacao a baissé cette semaine. La tonne (t) à Londres est passée de £ 1 867 vendredi dernier à £ 1 725 à la clôture hier soir et de $ 2 384 à $ 2 291 à New York. Un marché qui s’inquiète du ralentissement économique et d’une baisse de la demande.

Pourtant, côté offre, les arrivages aux ports d’Abidjan et de San Pedro en Côte d’Ivoire, ont baissé de 6,9% entre le 1er octobre et le 31 mai par rapport à la même période la campagne dernière, totalisant 1,85 Mt, a annoncé lundi le Conseil du Café cacao (CCC). Un chiffre corroboré par les estimations des exportateurs privés qui portent à 1,851 Mt les arrivages au 7 juin, soit une baisse également de 6,9%.

Rappelons que les autorités ivoiriennes étudie de près la situation des exportateurs nationaux et on réfléchit à des réformes pour le début de la prochaine campagne, début octobre, en leur faveur (lire : En Côte d’Ivoire, le CCC à l’écoute des exportateurs nationaux de cacao).

Les importations russes de fèves de cacao sur la période janvier à fin avril ont augmenté par rapport à la même période en 2019, à 21 700 t contre 18 800 t, pour une valeur de $ 64,6 millions contre $ 49,8 millions. Les produits chocolatés sont également en hausse en volume mais dans une moindre mesure, à 39 000 t contre 37 500 t, mais en baisse en valeur à $ 165,9 millions contre $ 169,3 millions.

Côté entreprises, l’allemand Ludwig Weinrich GmbH a pris 80% du capital du britannique Divine Chocolate spécialisé dans la fourniture de produits chocolatés équitable. Le précédent actionnaire majoritaire, la coopérative agricole ghanéenne Kuapa Kokoo, conservant le reste du capital, soit 20%. Le coût de la transaction n’a pas été révélé.

De son côté, Barry Callebaut a annoncé avoir augmenté sa capacité de production à son usine de Singapour en ayant ouvert une quatrième ligne de fabrication et ce, afin de pouvoir accroître les volumes de chocolats vendus par le géant suisse en Asie et dans le Pacifique.

CAFÉ

Le café Arabica est au plus bas depuis le mois d’octobre dernier, à 96 cents la livre (lb) à la clôture hier soir à New York contre 98,9 cents vendredi dernier. Le Robusta a subi la même évolution, passant de $ 1 245 en fin de semaine dernière, ce qui était son plus haut en deux ans et demi, à $ 1 227 hier soir à Londres.

Une situation qui s’explique par la perspective persistante d’une récolte record au Brésil tandis que la demande mondiale pour les meilleurs cafés, les plus chers, est fortement en baisse. D’ailleurs, le géant américain Starbucks -qui n’opère que sur le segment Arabica- s’attend à des revenus opérationnels trimestriels qui baisseraient de $ 2,2 milliards et des ventes de café qui baisseraient sur tout le reste de l’année et ce en dépit du fait que quasiment tous les cafés Starbucks ont rouvert à ce jour. Ces 18 prochains mois, la chaîne a décidé de fermer 400 de ses magasins dans les Amériques et de réduire de moitié le nombre de ses nouveaux magasin que Starbucks voulait ouvrir cette année, à 300 magasins. En réalité, Starbucks favorise le segment des magasins à emporter, en réaction aux nouvelles préférences d’achat des consommateurs face au Covid. Les ventes dans ses magasins aux Etats-Unis baisseraient de 45% et de 20 à 25% en Chine.

Sur les marchés asiatiques du Robusta, les prix n’ont guère changé par rapport à la semaine dernière. Au Vietnam, les producteurs dans les Central Highlands ont vendu leur café à 32 000 dongs ($ 1,38) le kilo. Il leur en reste peu et donc il y a peu de nouvelles transactions à conclure, souligne un trader. Rappelons que l’actuelle campagne 2019/20 s’achève fin septembre. A l’export, le Grade 2, 5% grains noirs et brisés, s’est vendu avec une prime de $ 200 la tonne sur l’échéance septembre à Londres, comme la semaine dernière. Quant à l’Indonésie, le café a été exporté cette semaine avec une prime de $ 350 sur le contrat juillet à Londres, inchangée pour certains mais en hausse de $ 30 pour d’autres opérateurs par rapport au niveau de prime la semaine dernière. Notons que les torréfacteurs locaux en Indonésie achètent actuellement à bon prix le café vert, faisant grimper les primes à l’export.

Le Département américain de l’Agriculture (USDA), la production vietnamienne baisserait de 3,5% sur la prochaine récolte 2020/21, à 30,2 Ms, en raison d’une météo peu favorable. Ses exportations de café Robusta ont chuté de 21,4% au mois de mai par rapport à avril, à 130 284 t (2,17 millions de sacs de 60 kg), selon les données douanières publiées hier. A noter que les exportations en avril ont été plus élevées que les 130 000 t auxquelles les autorités s’attendaient. Sur les cinq premiers mois de l’année, le Vietnam a exporté 815 165 t en hausse de 5% par rapport à début 2019, ce qui a généré$ 1,37 milliard, en progression de 3,3%.

Au Brésil, les exportations de café vert ont chuté en mai de 23% en volume par rapport à mai 2019, totalisant 2,68 Ms. Il s’agit du volume mensuel le plus faible depuis plus d’un an. Les exportations d’Arabica ont baissé de 27% à 2,19 Ms alors que celles de Robusta ont grimpé de 5% à 484 064 sacs de 60 kg. Selon Cecafé, la récolte de la variété Robusta démarrant plus tôt que celle d’Arabica, il y aurait du Robusta de la nouvelle récolte qui serait expédié, ce qui expliquerait cette hausse de volumes expédiés. Actuellement, environ 25% des superficies caféières ont déjà été récoltées, selon le consultant Safras & Mercado. A noter qu’un temps très sec depuis environ deux semaines au Brésil inquiète et incite les producteurs à augmenter leur rythme de récolte.

CAOUTCHOUC

Le marché du caoutchouc n’a pas capitalisé sur les performances de la semaine dernière, avec une hausse hebdomadaire de 4% induite par une confiance croissante sur la reprise de l’économie, mais fini toutefois en légère augmentation sur le Tokyo Commodities Exchange (Tocom) à 160 yens ($1,5) hier à la clôture contre 159,5 yens vendredi dernier. En revanche, le marché de Shanghai marque une légère baisse à 10 545 yuans ($1492) la tonne contre 10 650 yuans. L’optimisme retrouvé a été douché par la fermeté du yen, la chute du marché boursier de Tokyo, et des autres places boursières, les perspectives sombre de la Réserve fédérale américaine et la baisse des prix du pétrole.

En Chine, les importations chinoises de caoutchouc ont chuté de 13% en mai par rapport à l’année précédente, selon les statistiques douanières.

Côté entreprises, Glove Corp Bhd, le premier fabricant mondial de gants, a enregistré une augmentation de 366% de son bénéfice net au troisième trimestre dans un contexte de “croissance sans précédent” des ventes en raison de la pandémie de coronavirus. La société a enregistré un bénéfice net de 347,9 millions de ringgits ($81,90 millions) pour la période de trois mois terminée le 31 mai, contre 74,7 millions de ringgits un an plus tôt. Le chiffre d’affaires a bondi de 42% à 1,69 milliard de ringgits, suite à la forte augmentation de la “demande de gants de pratiquement tous les pays du monde“.

La société a engagé 3 milliards de ringgit d’investissement pour accroître ses capacités de production avec 450 nouvelles lignes de production et 60 milliards de gants en caoutchouc supplémentaires de 2020 à 2026. La capacité actuelle est de 78,7 milliards de pièce par an. “Avec un an de commandes en cours, Top Glove est confiant de fournir des résultats solides non seulement pour 2020, mais aussi pour 2021“, indique l’entreprise.

COTON

Le marché du coton a un peu perdu cette semaine, les cours clôturant hier à 60,02 cents la livre contre 61,79 cents vendredi dernier. Est-ce les premiers signes avant coureur d’une chute plus prononcée ? Les analystes s’accordent pour considérer que les prix du coton trop élevés, soutenus par les ventes de coton américain, au regard des fondamentaux. Or, le coton américain est de moins en moins compétitif par rapport à d’autres origines, comme l’Inde ou le Brésil (voir graphique ci-dessous) tandis que les relations sino-américaines se sont à nouveau tendues. .

Le rapport sur l’offre et la demande mondiale de produits agricoles (WASDE) du département américain de l’Agriculture (USDA), publié hier, est aussi résolument baissier pour le marché du coton. En effet, l’USDA a augmenté de 5,2 millions de balles ses prévisions des stocks mondiaux de clôture en 2020/21 en raison d’une forte réduction de la consommation mondiale d’un peu plus de deux millions de balles en 2019/20 et en 2020/21. Pour la prochaine campagne, la consommation a notamment été réduite d’un million de balles pour la Chine et de 500 000 balles pour Inde. A près de 105 000 millions de balles, les stocks mondiaux en 2020/ 21 seront les plus importants depuis 2014/15.

Au Mali, le gouvernement a décidé de maintenir le prix au producteur à FCFA 200 le kilo pour la campagne 2020/21 mais chaque kilo de coton bénéficiera d’un bonus de FCFA 50 ramenant ainsi le prix payé au producteur à FCFA 250. Le coût de cette subvention sera de FCFA 35 milliards pour l’Etat. En revanche, les prix des intrants, jusqu’à présent subventionnés, seront cédés au prix du marché. Ne déshabillons pas Paul pour habiller Jacques ? (Lire : Le Mali libère FCFA 35 milliards pour subventionner le prix du coton). 

HUILE DE PALME

Après quatre semaines de hausse, les cours de l’huile de palme se sont stabilisés cette semaine clôturant hier à Bursa Malaysia Derivatives Exchange à 2368 ringgits ($558,10) la tonne contre 2348 ringgits vendredi dernier. Les cours sont soutenus par une nette reprise de la demande. Les exportations sur les dix premiers jours de juin ont bondi de 60 à 64% par rapport à la même période en mai. “Nous nous attendons à ce que les activités de réapprovisionnement se poursuivent en juin et juillet compte tenu de la taxe à l’exportation nulle en Malaisie et des faibles niveaux de stock d’huile de palme en Chine et en Inde“, estimait dans une note Ivy Ng, chef régional de la recherche sur les plantations à la CIMB Investment Bank. En outre, la Malaisie a décidé de ne pas appliquer des taxes sur les exportations jusqu’en décembre, ce qui pourrait, selon les négociants, rendre l’huile de palme malaisienne plus compétitive que celle en provenance d’Indonésie et favoriser des exportations supplémentaires de l’ordre de 1 million de tonnes.

Avec le début du déconfinement et la fin des tensions avec l’Inde, la demande a déjà montré des signes de reprise en mai. Selon les données du Malaysian Palm Oil Board (MPOB), les stocks d’huile de palme ont pour la première fois en trois mois diminué en mai à 2,03 Mt, soit une baisse de 0,5%. La production a baissé de 0,09% à 1,65 Mt tandis que les exportations ont bondi de 10,7% à 1,37 Mt, soit son plus haut niveau en cinq mois.

Toutefois le marché garde un œil attentif sur la production et encore l’Inde. La production pourrait augmenter au mois de juin alors que les plantations entrent dans un cycle de production plus élevée. En outre, l’Inde envisagerait d’accroître la taxe sur les importations d’huile végétale, de l’ordre de 5%, pour soutenir sa production nationale d’oléagineux.

L‘Indonésie a exporté 2,65 millions de tonnes (Mt) d’huile de palme et de ses produits raffinés en avril, a annoncé lundi l’Indonésie Palm Oil Association (GAPKI). Des exportations en baisse, 2,72 Mt avaient été expédiées en mars. La production d’huile de palme brute a augmenté de 12,6% en avril tandis que les stocks s’élevaient à 3,4 Mt.

RIZ

Les prix à l’exportation en Asie sont stables cette semaine à l’exception de la Thaïlande où l’appréciation du bath a contribué à la hausse des prix.

En Thaïlande, les prix du Thaï 5% ont grimpe à $505-$533 la tonne, son plus haut niveau depuis mai, contre $490-$512 la semaine dernière. Une hausse consécutive à l’appréciation du bath et dans une moindre mesure à des inquiétudes persistantes sur l’approvisionnement sur le marché intérieur. A un tel prix, les acheteurs sont rares.

Au Vietnam, les prix du Viet 5% sont restés à leur plus haut niveau depuis début 2012, à $475 la tonne, la demande restant stable malgré une offre en hausse. “L’achat de riz récemment achevé aux Philippines et l’accroissement des approvisionnements intérieurs ont empêché les prix à l’exportation de continuer à augmenter“, a déclaré un négociant basé à Ho Chi Minh-Ville.

Le Vietnam a exporté 3,09 millions de tonnes de riz au cours des cinq premiers mois de l’année, en hausse de 12,2% par rapport à la même période de l’année précédente.

En Inde, les prix du riz étuvé 5% sont également stables à $368- $ 373 la tonne, le plus bas en plus de deux mois, dans un contexte de faible demande. Les approvisionnements de la nouvelle saison ont commencé dans quelques États indiens, mais la demande d’exportation est négligeable, a déclaré un exportateur basé à Kakinada, dans le sud de l’État d’Andhra Pradesh.

Dans le cadre de la reprise des relations entre la Malaisie et l’Inde, la Malaisie aurait passé une commande auprès de New Dehli pour 100 000 tonnes de riz pour mai-juin, alors que son importation totale de riz en provenance de l’Inde l’année dernière était d’environ 85 000 tonnes.

SUCRE

On est repassé en dessous des 12 cents la livre (lb) de sucre roux, clôturant hier à 11,94 contre 12,02 cents en fin de semaine dernière à New York. Quant au sucre blanc, la tonne est passée de $ 392,90 à $ 387,80 hier soir à Londres. Le cours du rapproché demeure plus élevé que l’éloigné ce qui se concrétise par la queue toujours plus longue aux ports brésiliens pour charger du sucre, la crainte de voir des ruptures dans la chaîne d’approvisionnement étant toujours bien présente.

Une baisse des cours qui s’explique par le glissement du prix du baril de pétrole, ce qui rend peu intéressant de produire de l’éthanol au Brésil ; ainsi, la canne est surtout utilisée à produire du sucre, gonflant ainsi les disponibilités de l’édulcorant ce qui pèse sur son prix. Ceci dit, on s’inquiète au Brésil de la propagation du coronavirus qui semble s’approcher de la ceinture sucrière.

En Inde, environ un tiers du pays est sous la mousson, les pluies commençant à s’étendre sur le reste du pays. On s’attend à ce que les niveaux de pluviométrie soient supérieurs à la moyenne pour la deuxième année consécutive, ce qui est très favorable aux cultures agricoles.

Les exportations russes de sucre se sont emballées de janvier à mai, atteignant 619 000 t pour une valeur de $ 245 millions. Ainsi, les volumes ont été multipliés par 13 par rapport à la même période en 2019 et par 10 en valeur. L’Ouzbékistan est son premier marché avec 165 000 t, suivi par l’Azerbaïdjan avec 99 000 t, le Kazakhstan avec 96 000 t, le Tadjikistan 63 000 t et le Turkménistan avec 39 000 t.

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