« Le zonage, une des mesures phares de réforme de la filière coton en Côte d’Ivoire »

 « Le zonage, une des mesures phares de réforme de la filière coton en Côte d’Ivoire »
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Pour la campagne cotonnière 2017/18, la Côte d’Ivoire a mis en place le zonage. Epine dorsale de la réforme de la filière coton, il consiste en l’attribution de zones exclusives d’interventions pour chacune des sociétés cotonnières sur la base d’une convention de concession. Six sociétés cotonnières sont présentes – CIDT, Ivoire Coton, COIC, SECO, SICOSA 2.0 et Global Cotton – qui détiennent 14 usines d’égrenage d’une capacité totale de 605 000 tonnes.

Comment a été mis en place le zonage, quelles sont les implications pour les sociétés cotonnières, quels en sont les attendus ?

Interview exclusive à CommodAfrica de Jean-François Touré, président de l’Association professionnelle des sociétés cotonnières de Côte d’Ivoire (APROCOT-CI).

Le zonage démarre avec la campagne 2017/18. Le découpage est-il satisfaisant pour les sociétés cotonnières, sur quels critères a-t-il été fait ?

Le zonage est une des mesures phares de la réforme de la filière coton. Il est mis en œuvre dès la campagne 2017/18, suite au décret du 28 décembre 2016.

Il consiste en un découpage du bassin cotonnier en zones exclusives d’activité (ZEA), autour des usines existantes, et deux zones de développement. Ainsi 18 zones ont été identifiées sur la base des limites administratives. Les ZEA constituent des zones optimales de production et de collecte définies autour des unités d’égrenage.

Les critères sont de 2 ordres. D’une part, les critères de découpage qui reposent sur : l’existence d’une usine d’égrenage et sa capacité, la limite administrative et la prise en compte des zones de cultures et des zones potentielles de développement de la culture du coton. D’autre part, les critères d’attribution en fonction de la propriété de l’unité d’égrenage, des acquis de la libéralisation de 1998 et de l’importance et qualité des activités agricoles intégrant le conseil agricole.

L’ensemble des acteurs -producteurs et sociétés cotonnières- a été associé aux différents processus qui a abouti à la signature du décret par des rencontres directes, des ateliers et séminaires, arbitrages par les autorités ou le comité zonage, et différents autres échanges.

Quelles sont les implications pour les sociétés cotonnières ? Le zonage implique-t-il des réorganisations au sein des sociétés (collecte du coton, mise en place du conseil agricole, etc.) ?

Les implications sont bien entendu nombreuses avec ce changement de cadre. Il s’agit notamment d’une réorganisation et d’un repositionnement géographique du personnel de terrain, essentiellement les chefs de zones et conseillers agricoles, bien que fondamentalement la structure de base de nos sociétés ne soit pas modifiée.

Pour ce qui est de la collecte du coton graine, le zonage aura un effet positif puisqu’il permettra de réduire le rayon moyen de collecte qui devrait pour la plupart des opérateurs se concentrer autour des usines avec une réduction des coûts logistiques.

Mais plus que les implications, les résultats attendus de cette nouvelle organisation de la filière sont importants.

Pour une première campagne, je pense que l’ensemble des acteurs, s’organise pour que cette transition se passe sans trop de dégâts. Tout le monde est fortement impliqué et je crois pouvoir dire que grâce au concours de tous, les choses se présentent sous de bons auspices et nous avons bon espoir pour la suite.

Les sociétés cotonnières ont- elles rencontré ou rencontrent-elles des difficultés pour la mise en place du zonage ?

Bien entendu des difficultés se dressent ici et là dans la mise en œuvre, mais elles sont levées au fur et à mesure, avec l’implication de tous.

Certains producteurs attachés aux services d’une des sociétés cotonnières se sont opposés. Vous convenez que le changement de structure d’encadrement a pu se faire avec des appréhensions. C’était pour certains producteurs, un saut dans l’inconnu. Toutefois, ces appréhensions ont pu être levées grâce aux tournées d’information et de sensibilisation menées de concert avec l’interprofession Intercoton, la Fédération des producteurs (FPC-CI), le Conseil Coton & Anacarde, les autorités politiques administratives et coutumières et les représentants/responsables des sociétés cotonnières.

Mentionnons également des difficultés dans la détermination des limites géographiques aux frontières, dans certains cas. Là aussi, l’intervention des autorités administratives, coutumières et l’implication des sociétés cotonnières permettent de lever les obstacles.

Quels sont les attendus du zonage pour les sociétés ? Pour les producteurs de coton ? En termes de compétitivité de la filière coton en Côte d’Ivoire ?

Les principaux objectifs du zonage visent à corriger les dysfonctionnements observés par le passé. Quels sont-ils ? Une disparité dans l’assistance aux producteurs. Mais aussi une concurrence non maitrisée, aboutissant à la présence de plusieurs sociétés cotonnières dans une même zone, parfois éloignée des unités d’égrenage. Mentionnons également le manque de coordination des programmes d’intensification des cultures, les rendant inefficaces et la précarité de l’appui aux producteurs se limitant à des actions de court terme. Enfin, le détournement de la production de coton graine au détriment de la société qui a encadré la production.

Les corrections apportées par le zonage devraient permettre d’améliorer les rendements, les revenus des producteurs et la compétitivité de la filière en général puisqu’elles permettront de rationaliser la production et les couts associés.

Au-delà de cela, nous espérons une amélioration des rendements agricoles et donc des revenus des producteurs, de même qu’une amélioration de la qualité du coton graine et de la fibre ivoirienne.

 

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