La Chronique matières premières agricoles au 11 octobre 2018

 La Chronique matières premières agricoles au 11 octobre 2018
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Une semaine qui n’a pas été de tout repos sur les marchés ! Les tensions commerciales encore bien palpables au niveau mondial ; la soudaine remontée des taux américains à 10 ans qui sont passés de 2,8% fin août à 3,26% mercredi -un plus haut depuis 2011- et ce qui fait craindre pour la consommation ; l’extrême droite qui triomphe au Brésil avec 46 % pour Jair Bolsonaro au premier tour de la présidentielle, impactant la monnaie brésilienne et donc bon nombre de marchés de matières premières agricoles ; les turbulences européennes qui persistent avec le Brexit et l’Italie ; le ralentissement économique de la Chine qui intervient alors que le géant fait sa mutation d’une économie centrée sur l’industrie à une centrée sur les services. Des sources d’inquiétude qui se traduisent par une révision à la baisse par le FMI de ses prévisions de croissance, celle-ci étant maintenant attendue à 3,7% sur 2018 et 2019 contre les 3,9% attendue encore en juillet.

Côté monétaire, après avoir grimpé en début de semaine, le dollar est tombé hier soir à son plus faible niveau en deux semaines. La semaine a été mouvementée aussi sur les marchés des matières premières agricoles, l’indice Thomson Reuters Core Commodity, qui comprend 19 produits, a chuté mercredi après trois jours de gains. Les cours du brut, quant à eux, ont clôturé hier soir à leur plus bas en deux semaines et demi.

CACAO – CAFÉ CAOUTCHOUCCOTONHUILE DE PALME RIZSUCRE

CACAO

Belle semaine pour le cacao qui, alors que la campagne 2018/19 démarre, voit ses cours grimper sur la période sous revue. Partie de £ 1 527 à Londres vendredi dernier, la tonne a clôturé hier soir à £ 1 552, tandis qu’à New York elle cotait $ 2 097 contre $ 2 024 en fin de semaine dernière.

En Côte d’Ivoire, des niveaux de pluies en dessous de la moyenne saisonnière sont favorables aux opérations de récolte qui battent leur plein. Une nouvelle campagne qui démarre sur les chapeaux de roues avec des arrivages totalisant 29 000 tonnes (t) de fèves aux ports d’Abidjan et de San Pedro entre le 1er octobre, démarrage de la saison, et le 7 octobre, en hausse de 21% par rapport à cette première semaine de la campagne dernière.

Quant à la campagne achevée 2017/18, les exportateurs estiment que les arrivages aux ports ivoiriens ont totalisé 1,958 Mt, en baisse de 2% sur la saison précédente. Pour sa part, le Conseil du café cacao (CCC) estimait ces arrivages à 1,938 Mt entre le 1er octobre et le 16 septembre, contre 1,977 Mt sur la même période en 2016/17.

Au Ghana, le Cocobod a procédé à des remaniements dans son staff (lire nos informations).

Côté entreprises, le géant américain Mondelez International, qui détient depuis 2010 le britannique Cadbury, n’aurait payer aucun impôts sur les sociétés l’année dernière au Royaume uni, alors qu’il a déclaré des bénéfices de plus de £ 185 millions et un chiffre d’affaires qui a fait un bond de 740%, à £ 1,66 milliard. Non seulement il n’a pas payé d’impôts, mais il aurait même eu un crédit d’impôt de £ 320 000, rapporte Reuters. Un dividende de £ 247 millions a été versé à son propriétaire immédiat, le suisse Kraft Foods Schweiz Holdings. Ceci dit, les 48 filiales britanniques de Mondelez -qui ont réalisé un bénéfice cumulé de £ 1,3 milliard- ont payé, quant à elles, un total de £ 5,9 millions en taxes sur les sociétés.

CAFÉ

Les prix des cafés remontent bien ! Le Robusta a gagné à Londres environ £ 45 la tonne entre vendredi dernier et hier soir lorsqu’il a clôturé à £ 1 699, tandis que l’Arabica suivait la même tendance positive, terminant à $ 1,129 la livre (lb) contre $ 1,0895 en fin de semaine dernière. Mercredi, ce dernier a retrouvé son niveau de fin juin, à $ 1,1420, sur fond de prises de couverture courte. Le marché semble optimiste, estimant avoir atteint un plancher : les spéculateurs commencent à revenir à l’achat.

Au Brésil, au 9 octobre, les producteurs auraient vendu 51% de leur récolte pléthorique 2018 contre 53% à cette même époque l’année dernière, selon le consultant Safras & Mercado. A noter que sur le seul mois de septembre, les exportateurs brésiliens ont expédié 2,73 Ms, soit 27% de plus qu’en septembre 2017. Ils auraient même pu en expédier davantage si ce n’était pour le manque de disponibilités en conteneurs.

Sur le segment asiatique des Robustas, la hausse des prix a conduit les producteurs à mettre plus de volumes en vente, alors que le Vietnam va démarrer sa récolte principale. Les caféiculteurs ont obtenu cette semaine, en moyenne, 36 500 dongs ($ 1,56) pour un kilo de café contre 34 000 dongs la semaine dernière. A l’export, les prix élevés à Londres ont provoqué un important changement des différentiels aux origines, avec le Grade 2 Vietnam, 5% brisures et grains noirs, qui s’est vendu avec une décote de $ 50 à $ 60 sur le contrat janvier à Londres contre -$ 30-40 la semaine dernière et en Indonésie, la prime est tombée à $ 30 la tonne de Grade 4, 80 défauts, contre +$ 70 la semaine dernière !

Le Vietnam a exporté 1,795 Mt (29,9 Ms) de café en 2017/18, en hausse de 12,3% sur la campagne précédente.

Cette semaine, l’Organisation internationale du café (OIC) a radicalement réduit ses estimations d’excédent sur 2017/18, de 2,6 Ms à 1,6 Ms ;  quant à 2016/17, le déficit a été abaissé de 3,4 à 3 Ms.

CAOUTCHOUC

Les cours du caoutchouc ont plongé hier sur le Tokyo Commodity Exchange (Tocom) dans le sillage des pertes sur les contrats à terme de Shanghai avec la chute des marchés boursiers mondiaux et des prix du pétrole. 

Globalement sur la semaine sous revue, les cours du caoutchouc sont stables après avoir enregistré des hauts et des bas. Le Tocom clôturant jeudi à 169,2 yens ($1,5) le kilo contre 169,4 yens à la clôture vendredi dernier. A Shanghai, les cours ont clôturés jeudi à 12 160 yuans ($1 755) la tonne, en baisse de 450 yuans. La bourse chinoise était fermée la semaine dernière.

Le Tocom a lancé mardi un nouveau contrat TSR (Technically Specified Rubber) sur le caoutchouc pour répondre à la demande croissante pour le TSR alors que la bourse cherche à retrouver de la rentabilité en élargissant sa gamme de produits pour concurrencer les autres bourses asiatiques. « Nous lançons un nouveau produit pour renforcer notre présence sur le marché du caoutchouc, où le Tocom fixe des prix de référence au niveau mondial », a déclaré mardi le directeur général, Takamichi Hamada, dans un communiqué. Ajoutant « Nous visons à améliorer notre position en attirant davantage de participants du marché domestique ainsi que de la Thaïlande, de la Chine et d’autres pays asiatiques grâce au nouveau produit ».

Le nouveau contrat à terme TSR du Tocom pour une livraison en avril, le JRVc6, a ouvert mardi à 163,5 yens ($1,44) le kilo et a clôturé en baisse de 2,1% à 160,0 yens. Les contrats à terme sur les feuilles fumées (RSS) n ° 3 pour une livraison en mars, JRUc6, ont progressé de 2,6 yens par rapport à la session précédente, à 172,0 yens le kilo. Un début donc plutôt morose, la plupart des investisseurs nationaux ayant adopté une attitude attentiste.

TSR et RSS sont tous deux utilisés notamment dans les pneumatiques, mais au cours des dernières décennies tant la production que la consommation de TSR ont pris de l’ampleur jusqu’à dépasser le RSS.

« Les contrats à terme TSR devraient offrir une nouvelle opportunité aux traders, producteurs et investisseurs en matière de couverture et d’arbitrage entre le Tocom et d’autres bourses, ainsi qu’au sein du Tocom“, a estimé Satoru Yoshida, analyste spécialisé dans les produits de base chez Rakuten Securities, ajoutant que tous les yeux étaient également tournés vers le volume de la première livraison du titre. Le contrat TSR de novembre sera dévoilé plus tard ce mois-ci.

En Côte d’Ivoire, la Société des caoutchoucs de Grand-Béréby (SoGB) a déclaré un « lock out » de la plantation, effectif depuis le 4 octobre (cf. nos informations).

COTON

Le marché du coton s’est repris jeudi avec une révision à la baisse de l’estimation des stocks mondiaux de coton par le département américain de l’Agriculture (USDA) ainsi que des probables dégâts sur la culture du coton dans le sud-est des Etats-Unis – le sud de l’Alabama, la Floride et la Géorgie- suite au passage de l’ouragan Michael, troisième ouragan le plus puissant de tous les temps. Jeudi, le coton a clôturé à 77,76 cents la livre, en légère hausse de 1,25%, en hausse par rapport à la clôture de vendredi dernier à 76,10 cents la livre actant une cinquième perte hebdomadaire suite aux ralentissements des ventes américaine à l’exportation et de la liquidation des investisseurs.

Le dernier rapport sur les estimations mondiales de l’offre et la demande agricoles (WASDE) de l’USDA a abaissé de 4% ses estimations des stocks mondiaux de clôture par rapport au mois de septembre suite à une baisse de la production et une nette diminution des stocks de départ, principalement en Inde, compensant une consommation légèrement inférieure. Par rapport à 2017/18, ses stocks mondiaux de clôture sont inférieurs de 6,4 millions de balles en 2018/19, une diminution largement imputable au recul de 8,2 millions de balles des stocks en Chine.

L’économiste en chef de l’USDA, Rob Johansson, a déclaré à Pence qu’il était encore trop tôt pour estimer les dommages faits par l’ouragan Michael, mais il est clair que les dégâts sont considérables, en particulier pour le coton. Les producteurs de coton des Carolines ont perdu environ 10 % de leur récolte après le passage de l’ouragan Florence et les dégâts devraient être encore plus importants avec Michael. Le coton cultivé dans le sud-est représente environ 30 % de la production américaine, selon l’USDA. La Géorgie à elle seule représente environ la moitié de la récolte totale de la région. 

En Afrique de l’Ouest, les exportations de coton devraient atteindre à un nouveau record à 969 000 tonnes en 2018/19 (cf. nos informations).

L’AFCOT- Association française cotonnière – a tenu son 128èmediner professionnel à Monaco vendredi dernier (Lire Dans la tourmente, le coton africain garde le cap).

Le Burkina Faso a signé un accord cadre avec la Société internationale islamique de financement du commerce (ITFC) de $1,5 milliard en faveur du financement du commerce des matières premières, dont le coton et les intrants (cf. nos informations).

HUILE DE PALME

Sur un marché passablement affaibli, la chute des marchés mondiaux boursiers et du pétrole ont propulsé les cours de l’huile de palme vers le bas. Ils ont clôturé jeudi à 2 170 ringgits ($521,89) contre 2 221 ringgits vendredi dernier.

Le marché peine à sortir vers le haut. Les exportations sur les dix premiers jours d’octobre sont faibles, elles ont diminué de 39% selon AmSpec Agri Malaysia et ITS et de 15,3% pour SGS. En outre, les stocks en Malaisie ont augmenté de 1,45% en septembre à 2,54 Mt, un plus haut de huit mois, avec une production progressant de 14% à 1,85 Mt. , selon les chiffres du Malaysian Palm Oil Board (MPOB). Le dynamisme des exportations au mois de septembre – plus 47% à 1,62 Mt – n’est pas parvenu à enrayé la hausse des stocks.

L’Union européenne a importé pour la saison de commercialisation 2018/19, démarrée au 1er juillet, 3,4 Mt d’huile de soja au 7 octobre, en hausse de 8% et 1,5 Mt d’huile de palme, en baisse de 16% par rapport à la même période en 2017/18.

En France, la commission des Finances de l’Assemblée nationale a adopté mercredi un amendement qui exclut l’huile de palme de la liste des biocarburants ouvrant droit à un taux réduit de la taxe générale sur les activités polluantes (cf. nos informations).

Côté entreprises, Nestlé a mis fin à son partenariat avec la société indonésienne Indofood pour son approvisionnement en huile de palme. Musim Mas a également rompu ses relations avec Indofood et PepsiCo arrêté son approvisionnement aurpès de cette entreprise. Ces décisions accroissent la pression internationale sur Indofood, tout comme sur principal organisme de certification de l’industrie, la Table ronde sur l’huile de palme durable (RSPO), qui ne l’a pas encore exclu. “C’est un geste fort de Nestlé,” a déclaré Robin Averbeck, directrice de la campagne agroalimentaire chez Rainforest Action Network (RAN). «Indofood a été surpris en flagrant délit d’exploitation de travailleurs et de violation de la loi indonésienne à plusieurs reprises au cours des dernières années. Aucune entreprise, banque ou système de certification qui souscrit des engagements de défense des droits de l’homme et de lutte contre la déforestation ne devrait continuer à être en affaires avec Indofood. Le fait que tant d’entreprises prennent de l’avance sur la RSPO devrait faire comprendre à l’organisme de certification qu’elle ne peut pas continuer à certifier que les abus du travail d’Indofood sont «durables».

De son côté, le singapourien Wilmar International, aussi critiqué notamment par Greenpeace, a annoncé le lancement d’un nouveau plan qu’il qualifie d’ambitieux pour atteindre d’ici 2020 un approvisionnement “zéro déforestation, zéro destruction des tourbières et zéro exploitation de la main d’œuvre” (No Deforestation, No Peat, No Exploitation-NDPE) en huile de palme (cf. nos informations).

L’agroindustriel ivoirien Sifca a bénéficié d’un prêt de €90 millions octroyé par Proparco, FMO et la Société Générale dont une partie servira à investir dans l’huile de palme en Côte d’Ivoire, au Liberia et au Ghana (Lire : Que va faire Sifca de ses €90 millions ?).

RIZ

Les prix à l’exportation du riz en Inde ont diminué pour une troisième semaine consécutive en raison de la baisse de la demande et de l’arrivé des récoltes, tandis que les marchés en Thaïlande et au Vietnam ont été soutenus par les attentes de commandes de la Chine et des Philippines.

En Inde, les prix du riz étuvé 5% ont chuté à $365-$370 la tonne contre $367-$373 la tonne la semaine dernière. Les prix baissant chaque semaine, les acheteurs retardent leur achat tandis que les cultures d’été devraient être disponibles à partir du mois prochain. La baisse de la roupie permet aussi aux exportateurs de réduire leur offre.

En Thaïlande, les prix du Thaï 5% ont atteint $398-$400 la tonne contre $390-$403 la semaine dernière. L’activité est en sourdine en dépit des rumeurs sur de nouveaux accords avec des pays comme l’Indonésie, le Japon et les Philippines, selon les négociants. De nombreux exportateurs privés thaïlandais impliqués dans une vente récente de 100 000 tonnes de riz à la Chine spéculent également sur le fait que la Chine pourrait acheter davantage de riz thaïlandais avant la fin de l’année, a déclaré un négociant à Bangkok.

Au Vietnam, les prix du Viet 5% sont restés inchangés par rapport à la semaine dernière, se situant entre $400-$405 la tonne. Le commerce est lent car les approvisionnements intérieurs sont faibles estime un négociant basé à Ho Chi Minh-Ville.

La valeur des exportations de riz cette année augmenterait probablement de 26,9%, pour atteindre $3,2 à 3,3 milliards a déclaré jeudi le ministère vietnamien de l’Industrie et du commerce. Le Vietnam a exporté 4,89 millions de tonnes de riz au cours des six premiers mois de 2018, en hausse de 6,7% par rapport à la même période de l’année dernière, tandis que les recettes d’exportation de riz ont augmenté de 21,3% par an pour atteindre $2,46 milliards selon les données officielles.

Au Bangladesh, les importations ont ralenti pour atteindre 80 000 tonnes en juillet-septembre en raison de l’imposition d’une taxe de 28% sur les importations de riz en juin, selon les données du ministère de l’Alimentation du pays.

SUCRE

Et le sucre maintient son cap haussier malgré les turbulences… Le roux a clôturé, hier soir sur le marché de New York, à 12,92 cents la livre (lb), parti de 12,63 cents vendredi dernier mais en ayant touché 13,14 cents mercredi, tandis que le blanc, à Londres, était à $ 362,90 la tonne contre $ 345,80.

En réalité, la situation au Brésil -avec beaucoup plus de canne allant à la production d’éthanol que de sucre, étant donné le niveau élevé des cours du pétrole- compense la surabondance indienne en sucre : selon le groupe industriel brésilien Unica, la production de sucre dans le centre-sud dans la deuxième quinzaine de septembre a été de 1,286 Mt contre 2,147 Mt la quinzaine précédente. Les raffineries ont dédié 33% seulement de la canne à la production de sucre face à l’éthanol, son plus faible niveau de son histoire. A noter que les 32 raffineries au Brésil devraient avoir terminé leur activité de broyages dès la deuxième moitié d’octobre car, d’une part, la récolte cette année a été plus faible car il a fait sec et les champs dédiés à la canne commencent à vieillir (les rendements sont en baisse de 10,5% par rapport à l’année dernière, à 64 t de canne/ha), d’autre part le rythme de récolte cette année a été très rapide.

En Inde, pour la première fois en trois ans, voulant saisir l’occasion d’un cours mondial qui grimpe et des subventions gouvernementale les incitant à exporter, les raffineurs ont signé des contrats pour vendre du sucre roux sur les marchés mondiaux. Des contrats qui totaliseraient 150 000 t à $ 280 la tonne FOB pour être expédié en novembre-décembre. Rappelons qu’habituellement, les raffineries indiennes produisent du sucre blanc pour le marché national mais, dans les circonstances actuelles, elles fabriquent du roux destiné à l’export.

Ceci dit, pour le géant allemand Südzucker, le marché demeure incertain. Si sur son deuxième trimestre de son exercice, il affiche un bénéfice net de € 9 millions, il entrevoit une forte baisse de ses revenus sur 2018/19, appelant à une poursuite de la révision de sa stratégie.

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