Des chocolatiers ont repoussé leurs expéditions de cacao de Côte d’Ivoire créant un surstockage

 Des chocolatiers ont repoussé leurs expéditions de cacao de Côte d’Ivoire créant un surstockage
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Les stocks de cacao grossissent en Côte d’Ivoire suite à la demande d’industriels et acheteurs de cacao en Europe et aux Etats-Unis de repousser à janvier-mars les livraisons programmées initialement en octobre-décembre, a rapporté hier Reuters. Les exportateurs interrogés refusent de donner les noms des groupes ayant reporté leurs expéditions.

Ceci s’ajoute au contexte plus global de ralentissement de la consommation mondiale de chocolat et au prix élevé des fèves ivoiriennes dont l’exportation est frappée du différentiel de revenu décent de $ 400 la tonne (lire nos précédentes informations).

Selon Reuters, il y aurait 100 000 tonnes (t) de fèves entreposées à l’intérieur du pays, dans les fermes et les coopératives, ce qui correspond en gros à un tiers des volumes habituels exportés chaque mois à cette période de la campagne chez le n°1 mondial du cacao.

Ce gonflement des stocks intérieurs serait la conséquence de la décision du Conseil du café-cacao (CCC) de suspendre le système d’enregistrement des fèves des coopératives afin de ralentir les flux physiques de cacao de l’intérieur aux ports d’Abidjan et de San Pedro, sans doute afin de ne pas congestionner ces derniers.

A Soubré, dans la ceinture cacaoyère, un chef de coopérative dans le village de Gnipi2 déclare avoir un stock de 250 t de fèves, un autre de 200 t, et des volumes supplémentaires seraient en cours de ramassage auprès des fermes. Mais les responsables de ces coopératives disent manquer d’espace pour stocker et surtout d’argent pour payer les cacaoculteurs puisqu’ils n’écoulent pas ou peu de produits. «Depuis décembre, ils ont cessé et ne paient plus », déclare à Reuters un chef du village, Philippe Ipou Kouadio, qui a 40 h de cacaoyers. En tous cas, pas souvent au prix minimum garanti de FCFA 1000 le kilo.

L’effet accordéon

Même situation au port d’Abidjan et sans doute de San Pedro. « C’est un cercle vicieux », confie à Reuters un directeur d’une entreprise export basée à Abidjan. « Nous n’avons plus de place pour continuer à acheter du cacao et l’entreposer. Si nous redémarrions les exportations vers l’Europe et les Etats-Unis tout de suite, on ferait de la place ici. »

Selon les statistiques diffusées lundi par la CCC, les arrivages aux ports ivoiriens ont totalisé 1,078 million de tonnes (Mt) entre le 1er octobre et le 31 décembre, un chiffre en baisse de 3,1%. Les exportateurs, quant à eux, estiment à ,165 Mt les arrivages entre le 1er octobre et le 10 janvier. Sur la seule période du 1er janvier au 10, 44 000 t seraient allées à Abidjan et 43 000 t sur San Pedro.

Or, selon les statistiques portuaires provisoires publiées jeudi dernier, les exportations de début octobre à fin novembre totalisaient 177 293 t, en chute libre de 24,1% par rapport à la même période l’année dernière.

Cours du cacao sur 12 mois à Londres

Cours du cacao sur 12 mois à New York*

* avec l’effet “stocks certifiés” en novembre (lire  entre autres de nos articles et chroniques sur le sujet, l’interview d’Andrew Rawlings, de Rabobank: La crise du cacao en Côte d’Ivoire et au Ghana profite au Nigeria et Cameroun, selon Rabobank).

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