Face à l’expansion du polyester promouvoir le coton

 Face à l’expansion du polyester promouvoir le coton
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Le monde francophone du coton s’est retrouvé une nouvelle fois pour échanger, partager, faire des affaires autour du diner annuel de l’Association cotonnière française (Afcot), qui s’est déroulé le 8 octobre à Deauville.  Il a réuni quelque 350 participants, des producteurs de coton aux négociants en passant par les banques,  les transporteurs, les associations cotonnières. Il était précédé du séminaire conjoint de l’Afcot et de l’Association cotonnière africaine (ACA) qui avait pour thèmes la durabilité du coton et le coton équitable.

L’environnement est peu favorable au coton. Les prémisses étaient déjà présentes l’année dernière à la suite du  coup de semonce de la fin de la politique chinoise d’achats pour sa réserve à un prix bien supérieur au marché. Tandis que les stocks mondiaux atteignent presque une année de consommation (22 millions de tonnes), les importations chinoises diminuent fortement et les conditions de négoce sont difficiles,  surtout pour les plus importantes sociétés. Les  cours du coton ont perdu encore quelque cents pour se situer autour de 60 cents la livre, un niveau qui pour plusieurs pays se situe en dessous du prix de revient. Toutefois, la parité euro/dollar a été favorable donnant un coup de pouce à la fibre africaine des pays de la zone Franc. En outre, pour la première fois depuis 6 ans, le marché mondial du coton pourrait être déficitaire en 2015/16, la consommation mondiale devrait être supérieure à la production mondiale, ce qui devrait permettre de diminuer, légèrement, les stocks mondiaux. 

Si chacun s’accorde sur la nécessité d’accroître la productivité et les rendements du coton dans les pays africains pour tendre vers 1,5 tonne à l’hectare, de mener des améliorations tout au long de la chaîne de valeur, du champ jusqu’à la livraison de la fibre ou encore de mécaniser ou  valoriser les coproduits de la fibre, les conversations étaient nombreuses sur le déclin de la part du coton dans la consommation mondiale des fibres. Ce n’est pas nouveau. La croissance du polyester est impressionnante. Et il semblerait que l’appétit pour le polyester ne soit pas uniquement une question de différentiel de prix  mais aussi de mode, une tendance qui devrait s’affirmer dans les années à venir.

Georges Toby, président de l’Afcot, rappelait dans son discours, que la part du coton dans la consommation mondiale de fibre est passée de 65% en 1960 à 26% aujourd’hui. Par habitant, la consommation de coton est quasi-stable -passant de 3,14 kilos en 1960 à 3,4 kilos en 2015- alors que celle de fibre synthétique a été multipliée par 5 (de 1,1 kilo à 5,5 kilos). « Il faut savoir que 1,2 tonne de fibre synthétique chimique est fabriquée chaque seconde dans le monde par l’industrie chimique », martèle-t-il. On pourrait encore ajouter que ces dix dernières années, la Chine a multiplié par plus de trois sa production de polyester.

Promouvoir le coton semble donc un impératif, et plus encore pour les pays africains de la zone franc où la production, qui ne cesse d’augmenter depuis trois campagnes, est quasiment intégralement exportée. La  baisse des prix n’a pas, contrairement à d’autres pays, remis en cause cette expansion. Une croissance aidée par des prix aux producteurs généreux. Chez les deux premiers producteurs de la zone Franc, le Burkina Faso et le Mali, les prix aux producteurs ont été augmentés pour la campagne 2015/16 alors même que les cours internationaux ont baissé de 22% en 2014/15. La Côte d’Ivoire, qui a récupéré ses niveaux de production d’avant la guerre civile avec 450 000 tonnes  produites en 2014/15,  n’ambitionne-t-elle pas de devenir le premier producteur de la région dans les deux prochaines campagnes ? Le Tchad devrait multiplier  par 2,5 sa production entre 2013/14 et 2015/16. Culture importante pour fixer les populations rurales, contribuer à la sécurité alimentaire, générer des devises et des emplois induits de nombreux secteurs – des intrants aux transports -, le coton retient toute l’attention des gouvernements et dans certains pays, on observe un retour de l’État dans la filière.

 

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