Le Nigéria fait face à une baisse de la production céréalière en 2020/21

 Le Nigéria fait face à une baisse de la production céréalière en 2020/21
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Le Nigeria, la plus grande économie d’Afrique, dépendra des importations pour satisfaire ses besoins nationaux en céréales (blé, maïs et riz) au cours de la période 2020/21. On compte plusieurs facteurs à l’origine de cette situation : les restrictions de déplacement dues à la Covid-19, les dévaluations monétaires, l’insécurité alimentaire et le changement climatique. D’une manière générale, on observe une baisse de la production céréalière au cours de l’année 2020, une hausse de l’inflation alimentaire, du chômage, une baisse des revenus des ménages, tant d’autres facteurs qui devraient être à l’origine d’une baisse de la consommation de céréales, souligne le département américain de l’Agriculture (USDA). 

La production de blé devrait atteindre 55 000 tonnes, en baisse de 8 % par rapport à l’exerce précédent. La superficie des récoltes diminue de 10 000 hectares (ha) et passe à 60 000 ha. Au Nigeria les agriculteurs ne vivent pas sur leurs fermes, ainsi les mesures de verrouillages ont restreint l’accès des agriculteurs à leurs exploitations, ce qui a entrainé des pertes post-récolte plus élevées. Par ailleurs, l’insécurité croissante dans le Nord du pays a eu un impact négatif sur la production de blé, auquel on peut ajouter la mauvaise fertilité des sols, la désertification et l’assèchement du bassin du lac Tchad. La consommation en 2020/21 s’élève à 4,5 millions de tonnes (Mt), en baisse de 8 % par rapport à l’année précédente. Quant aux  importations de blé, elles ont baissé aussi  de 6 % par rapport à l’année dernière et s’élèvent à 4,9 MT. Malgré les efforts des meuniers nigérians, la préférence des consommateurs se tourne vers le blé importé. 

La production de maïs s’élève 9 Mt, en baisse de 13 % par rapport aux prévisions de USDA. Une baisse résultant du confinement imposé par la Covid-19 qui nuit à la productivité, auquel on peut ajouter la dévaluation monétaire et l’augmentation du prix de l’essence qui ont provoqué une augmentation des prix des intrants. Les superficies des cultures baissent de 24 % à 5 millions d’hectares (Mh) causées par les inondations et l’augmentation du coût des intrants. La consommation est estimée à 9,4 Mt, en baisse de 20 % par rapport à l’année précédente. La fermeture des frontières a conduit à une augmentation des prix qui s’est avérée difficile face au déclin du pouvoir d’achat. Plus de 60 % de la production de maïs du Nigeria est destinée à l’alimentation animale (des volailles notamment), 10 à 15 % pour les ménages et le reste pour la fabrication d’aliments. En conséquence, les importations ont augmenté de 25 % à 500 000 t. Les exportations s’élèveront à 150 000 t pour l’année fiscale 2020/21 contre 100 000 t l’année précédente. Surtout, les prix du maïs ont considérablement évolué passant de 95 000 Naira à 170 000 en juin dernier suite aux dévaluations.

La production de riz devrait atteindre 7,8 Mt, en baisse de 200 000 t (3 %). Une baisse imputée aux limitations de déplacements, aux limitations d’accès des exploitations et aux perturbations dansx la distribution des intrants. Les superficies ont  augmenté de 3 % à 3,6 Mh mais le rendement par hectare est passé à 2,16 t/ha contre 2,29 t/ha les années précédentes. La baisse de la production est également imputée à l’insécurité (Boko Haram), aux déplacements de population à grande échelle qui affectent les activités agricoles, ainsi que les inondations qui ont entrainé la perte de milliers d’hectares de terres cultivées. La priorité du gouvernement concerne l’approvisionnement en semences améliorées comme élément clé de l’augmentation de la production de riz. La consommation devrait atteindre 6,8 MT, soit 6 % de plus que les prévisions de l’USDA (6,4 MT). Une surprise alors que les prix sur le marché ont considérablement augmenté et que le pouvoir d’achat des ménages a fortement baissé. Plus précisément, le sac de 50 kg de riz importé en aout 2019 s’élèvait à 12 000 nairas contre 23 000 nairas actuellement ; et le prix du sac de 50 kg de riz local est passé de 18 000 nairas à 24 000 nairas. Des facteurs qui ont poussé les ménages à se tourner vers des aliments plus abordables comme le millet, le sorgho, l’igname, le plantain, le manioc, etc. Concernant les importations, elles devraient atteindre 1,75 Mt pour l’année 2020/21, contre 1,2 Mt selon les prévisions. Notons que le Nigeria continue de mener une politique d’autosuffisance en riz, le pays devra produire 12 Mt pour répondre à la demande et devra nécessairement en importer. Mais les importations sont soumises à un droit de douanes de 70 %. Les importations ne sont pas interdites, mais il est interdit aux importateurs d’expédier du riz aux ports nigérians, quelle que soit la source des devises.

Rappelons que la politique agricole du Nigeria donne la priorité à la production alimentaire et agricole nationale dans le but de stimuler la production. Ainsi, en août 2019, le président Buhari a ordonné la fermeture des frontières du pays. Un an plus tard, le président demande l’interdiction d’utiliser des dollars pour l’importation de denrées alimentaires et d’engrais. En septembre, on observe une hausse des prix des céréales et une baisse de la consommation de pain et autres produits de base. Face a cette situation, le gouvernement assouplit les restrictions en septembre 2020, mais 68 % des ménages reste dans une situation d’insécurité alimentaire modérée ou sévère.

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